Alex Mulgrove a servi dans la marine pendant la Deuxième Guerre mondiale. Voici son témoignage.
Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
Nous étions à bord d’un câblier qui s’occupait des câbles de téléphone entre Douvres (Grande-Bretagne) et les États-Unis. On passait un coup de fil de Douvres à Tombouctou [Mali] et ainsi de suite et ça allait bien la plupart du temps, mais quand il y avait des sous-marins, on nous observait aller aux différents endroits où nous acheminions les câbles. Les sous-marins s’approchaient de nous et larguaient des mines. Tout explosait d’un gros boum et le même manège recommençait. Nous avions l’habitude de chanter I Belong to Glasgow, souvent avec de l’alcool dans le nez! Nous sommes tombés en panne et avons été à l’arrêt pendant deux jours le temps des réparations, avant de repartir. Mais les autres étaient loin devant, nous cherchions des grappins [tige centrale avec au moins quatre crochets] dans l’eau. C’est à peu près comme ça, il en existe avec toutes les sortes de crochets. Nous faisions descendre notre câble, attrapions celui en place, puis le remontions à bord et ceux qui servaient d’officiers venaient faire des tests auditifs pour déterminer s’il y avait des obstructions ou des bris jusqu’à une certaine distance. Nous tirions donc le câble vers le haut. Un homme le coupait et l’ouvrait et on pouvait déterminer si le câble pour Douvres fonctionnait correctement, même chose pour celui pour Glasgow. Ensuite, on reliait les deux segments puis ont les rejetait à l’eau. L’un de nos navires jumeaux faisait son travail et, sans crier gare, il s’est mis à rouler sur lui-même : ils étaient vraiment proches et nous commencions à dérouler les câbles. Ils déroulaient le câble qui va dans l’autre sens et ils ont heurté quelque chose de gros, peut-être une torpille, je ne sais pas. C’était gros et ça a fait exploser le bateau en mille morceaux, alors nous nous sommes précipités pour tous les rescaper du mieux que nous avons pu. Puis on a fait venir un autre bateau et nous nous sommes retrouvés à Douvres au lieu d’ici. La marine a été un bel endroit où travailler. C’étaient les officiers qui faisaient le plus gros du travail, ils vous disaient ce qu’il fallait et ne fallait pas faire. Et puis, quand nous étions à un endroit comme Douvres, ils s’arrêtaient et jetaient l’ancre. Ils n’avaient pas le droit d’aller sur la terre ferme, à moins que […]. Leur petit bateau nous emmenait à terre et on pouvait y rester deux, trois, peut-être cinq ans. Il y avait une belle solidarité.