Project Mémoire

Alex Sim (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Pendant la guerre de Corée, Alex Sim a été sergent de peloton de reconnaissance, 2e Bataillon, régiment Princess Patricia’s Canadian Light Infantry.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Canada. Department of National Defence / Library and Archives Canada / ecopy
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Transcription

L’une des anecdotes les plus comiques sur le bateau, c’est la fois où je parlais à un sergent états-unien. Lui : « Combien de temps allez-vous rester dans l’armée? » Moi : « Nous sommes là pour 18 mois ou tant que Sa Majesté aura besoin de nos services. » Lui : « Que voulez-vous dire par “tant que Sa Majesté aura besoin de nos services”? » Moi : « Eh bien, tant que le gouvernement veut de nous, nous resterons. » Lui : « Donc, pour combien de temps avez-vous été mobilisés? » Moi : « En fait, nous n’avons pas été mobilisés. » Lui : « Vous n’avez pas été mobilisés? » Moi : « Nous nous sommes portés volontaires. Tout le monde est volontaire, nous nous sommes enrôlés de notre propre chef. » Lui : « Vous êtes en train de me dire que tous les Canadiens sur le bateau sont allés se porter volontaires dans un poste de recrutement de l’armée? » Moi : « C’est exact, nous sommes des volontaires. » Lui : « Vous vous êtes portés volontaires pour faire la guerre? » Moi : « Oui. » Lui : « J’avais entendu dire que les Canadiens étaient fous, mais j’ignorais jusqu’à maintenant qu’ils étaient fous à ce point! »

C’était un peu inquiétant pour moi […]. Quand nous avons quitté Calgary pour aller à Wainwright [Alberta] et que nous avons quitté Wainwright, j’ai envoyé des lettres à la femme de mon cousin et à celle de mon frère ainsi qu’à ma mère. Je leur ai dit de ne pas s’inquiéter, j’allais m’occuper de ces deux-là. C’est bien joli quand on est à Wainwright. Mais c’est différent quand on est de l’autre côté de l’océan et que les tirs commencent. Je me suis demandé comment j’allais pouvoir m’occuper d’eux. J’avais du boulot à faire, ils avaient le leur. Nous partions en patrouille, seuls. S’il arrivait quelque chose, allais-je pouvoir les ramener? Allaient-ils m’accompagner? On s’inquiète pour tout le monde, oui, mais encore plus pour son frère et son cousin. Sur le champ de bataille, quand la situation commençait à se gâter, je me demandais si je pouvais les ramener tous, et surtout ces deux-là. J’avais déjà fait la promesse, alors je devais les ramener.

La bataille de Kapyong [22 au 25 avril 1951] est très connue en Australie. Les Australiens ont des monuments en son honneur un peu partout. Des services commémoratifs ont lieu partout. Lorsque nous étions à Kapyong en avril dernier [2011], les Australiens avaient envoyé toutes sortes de hauts responsables, des militaires, des représentants publics et tout le reste. Nous étions, heureusement, très bien représentés par le sénateur canadien d’origine coréenne, Yonah Martin. Aucun de nos dirigeants politiques n’a jugé bon d’y aller. Le ministre de la Défense nationale n’y est pas allé, le premier ministre non plus; il a déposé une couronne au Monument commémoratif de guerre à Ottawa.

Mais je pense que les Canadiens ne s’intéressaient pas vraiment à la Corée avant la bataille de [Kapyong], avant la guerre de Corée. Ce n’était pas vraiment une guerre importante, sauf pour les Coréens, pour nous qui étions là-bas et certainement pour les survivants ou les épouses, les mères et les pères de ceux qui ne sont pas rentrés chez eux. Pour eux, elle était importante. Nos politiciens canadiens ne le voyaient simplement pas ainsi. Je pense qu’ils voulaient la reléguer aux oubliettes.