Project Mémoire

André Martin (source primaire)

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M. André Martin, juillet 2011.
Mais je sais que quand il mouillait, ils appelaient la mousson là, là ce n’était pas un cadeau. Parce que c’était des routes de terre. Ça glissait. J’ai déjà pris le fossé avec la marchandise.

Transcription

On est arrivé à Pusan (Corée, avec le 1er Bataillon du Royal 22e Régiment). Cela fait qu’on a été là en bateau puis on est arrivé à Pusan. Ils nous ont monté jusqu’à Séoul, puis à Séoul on a pris un camion et (allez) en Corée. Dans ce temps-là, je pense que c’était la montagne 210 quelque chose de même. Ils m’ont attaché à la compagnie C avec le major (Harry) Pope (un vétéran de la guerre de 1939-1945). Je charroyais de l’eau, du manger (nourriture) et des munitions, ces affaires-là. On peut dire que j’ai passé quinze jours, trois semaines au front. Je voulais voir ça. Je voulais essayer ça, qu’est-ce ça avait l’air. J’ai trouvé ça assez dur. Dans ce temps-là, j’ai eu le temps de faire une patrouille qu’ils appellent. Partir le soir et aller sur les lignes ennemies. Eux autres (les soldats en patrouille), ils mettent des rubans blancs pour nous guider. Mais après ça, quand je suis revenu, on a creusé des tranchées, puis des fois on était là de nuit puis ces affaires-là. Moi je suis chanteur, et je ne pensais pas être un compositeur. J’ai composé une chanson en écrivant avec une balle de (calibre) .303 sur du carton. Je l’ai chanté longtemps, mais là aujourd’hui je ne me rappelle plus pantoute (du tout). Ah oui, j’avais chanté une chanson de guerre comme on dit. Je suis parti le soir, juste avec les petites lumières, pour pas que l’ennemi nous voie avec les grosses lumières. Puis, de temps en temps, on recevait de bombes qu’ils (les soldats chinois) nous envoyaient de temps en temps. Il fallait se surveiller. Mais je sais que quand il mouillait, ils appelaient la mousson là, là ce n’était pas un cadeau. Parce que c’était des routes de terre. Ça glissait. J’ai déjà pris le fossé avec la marchandise (M. Martin servit avec la section de transport du bataillon). Quand j’ai été au front là, on faisait n’importe quoi là. On creusait des « dug out » (abris souterrains). C’était montagneux la Corée. On rentrait dans le flanc de montagne, puis on faisait des « dug out ». Puis après ça on mettait les vidanges. On creusait un trou, on mettait ça dans le trou puis on mettait les vidanges dedans et on mettait le feu là-dedans. C’est moi qui avais fait ça. J’avais tout préparé, mettre le gaz puis juste quand je suis venu pour l’allumer, il y a une bombe qui est tombée là-dedans. J’étais à peu près à dix pieds du trou. Je suis allé revoler (été projeté). Brulé, j’ai été chanceux pour les brûlures. Les bras puis les jambes puis un peu sur le corps. Mais ç’a affecté le cœur. J’ai été un deux mois en arrière, en arrière au « B Echelon » qu’ils appellent (un échelon en arrière de la principale ligne de front), c’était l’hôpital qui était là. Puis après ça ils m’ont renvoyé en avant. Mais je te dis, j’ai été chanceux de ne pas me faire défoncer les tympans comme on dit. J’ai été revolé une quarantaine de pieds. Les gars s’en sont aperçus un peu plus loin. Ce n’est pas un cadeau ça par exemple.