Pour le témoignage complet de M. Baker, veuillez consulter en bas.
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Transcription
Je crois que j’avais à peu près 17 ans et je n’étais pas scolarisé alors ça ennuyait un peu ma mère et elle disait, vous savez, on était huit à la maison, elle a dit à mon père, tu devrais faire quelque chose avec ces gamins, ils ne sont pas scolarisés et il faut faire quelque chose. Alors mon autre frère, elle l’a fait partir dans l’ouest et il est devenu foreur et moi je pensais que j’allais en ville pour acheter un nouveau costume et il m’a emmené dans un dépôt de l’armée et il m’a fait enrôler. Et c’était au mois d’octobre 1952. Et c’est comme ça que je suis entré dans l’armée.
Et finalement ça s’est avéré être une bonne chose. Quand j’y pense, il n’aurait pas pu trouver mieux pour moi. Quand je suis arrivé à Vancouver (Colombie-Britannique), on était 28, on était dans un train militaire qui venait de Toronto et il y avait 87 personnes au total dans le contingent dont 28 appartenaient au RCR (Royal Canadian Regiment) et le reste c’était tous des gens qui servaient dans, par exemple, le Service du matériel, (Corps royal canadien des ingénieurs électriciens et mécaniciens) comme les ingénieurs mécaniciens et il y avait le Corps des transmissions, il y avait le Corps dentaire, ils étaient tous différents vous savez, tous ces groupes qui partaient comme soutien. Mais des 87 personnes, il y en avait 28 dans l’infanterie, dans le RCR. Et c’était notre groupe.
Donc on est monté sur le navire et je suis arrivé à Vancouver, avant que je monte sur le navire, on est allés à Vancouver et on y a passé une semaine, une semaine et demie là-bas. Et pendant mon séjour à Vancouver, on était dans une base navale, on était dans une grande salle à manger, un grand espace où ils avaient tous ces lits en grosse toile pour qu’on puisse tous dormir là. En tout cas, un jour, je sortais de là et mon frère se tenait là debout au coin. Or il était dans l’armée depuis la Deuxième Guerre mondiale, il n’en était jamais parti, il était militaire. Et il appartenant au Service du matériel et il avait quitté Shilo au Manitoba, pour partir en Corée, en tant que renforts du Service du matériel. Il partait dans l’Atelier 42. Je n’avais pas idée. Tout ce que je savais, c’était qu’il était à Shilo, il s’occupait de l’entrainement des parachutistes à l’époque. En tout cas, il a dit, qu’est-ce que tu fais ici. J’ai répondu, je pars en Corée avec ce contingent, il a dit, non, pas possible, tu es trop jeune. J’ai dit, Papa est malade, tu sais, si tu lui dis que je ne fais pas partie de ce contingent, ça va l’achever.
Bon en tout cas, j’ai parlé avec mon frère et il n’a pas cafté, il m’a laissé prendre le bateau. On a pris le bateau tous les deux et on est allés en Corée ensemble. Il est parti dans l’Atelier 42 et je suis monté à, bon, nous sommes allés à Kure au Japon en premier, on y est restés deux semaines et on s’est un peu entrainés et ensuite on est allés de Kure à Hiro et ensuite à Pusan (Corée) et on a rejoint le régiment. Et à ce moment-là, la guerre était terminée, c’était le 27 juillet, je crois, ils avaient signé un armistice. Alors on avait une période de 90 jours de cesser le feu. Je suis arrivé là-bas pour les 90 jours. Donc on a passé les premiers 90 jours dans un poste d’observation dans la zone démilitarisée je suppose, la DMZ. Et tout ce qu’on faisait c’était de surveiller les chinois, c’est ce qu’on était, c’est comme ça qu’on les appelait, et il n’y avait pas de (nord) coréens en guerre à cette époque, je suppose qu’ils étaient tous morts. Alors c’était l’armée chinoise qui était en face de nous et on était, à trois ou quatre cents mètres d’eux et on avait nos lunettes d’approche et on les a surveillés pendant 90 jours.
C’était pendant la période de Noël en 1953. Ceci s’est passé après les 90 jours mais on surveillait encore la DMZ. Mais à ce moment-là, on faisait des allers-retours, on faisait des tours de, on était de service pendant 48 heures et on avait 48 heures de repos et on nous remplaçait. C’était juste une petite maison posée sur quatre pilotis. C’était comme, je suppose, comment c’était, elle faisait huit par huit, comme un poste d’observation, fait en bois. Et elle reposait sur quatre pilotis, à quelque chose comme 1,56 mètres de hauteur. Et elle était perchée au sommet de la colline et ça vous permettait de voir leur colline de l’autre côté de la DMZ. Alors c’était, je ne sais pas pourquoi ils nous mettaient dans ces boites parce qu’on était comme une, je en sais pas, comme une cible, les chinois auraient pu s’entrainer à nous prendre pour cible, ils pouvaient détruire ces choses avec un simple canon d’artillerie. Bon, on était dans ces trucs parce que ça nous permettait de tout voir.
Quoiqu’il en soit, aux alentours de Noël, j’ai entendu un moteur, vous savez, pendant deux bonnes heures et je n’arrivais pas à trouver ce que ça pouvait bien être. Était-ce un char ou quoi ? Évidemment, j’avais une mitrailleuse Bren là-haut et on l’a armée et on a attendu et attendu et attendu encore et on était deux dans le poste d’observation. Et j’ai réveillé l’autre gars et je lui ai dit, bon sang je ne sais pas ce qui se passe mais j’ai dit, je pouvais l’entendre distinctement ce maudit moteur. Et ça faisait de plus en plus de bruit et j’ai armé la mitrailleuse et j’ai dit, ce truc a tourné au coin de la colline, je vais ouvrir le feu dessus. Bon, ce que c’était en réalité, c’était une jeep canadienne, de l’armée, on les appelle des andouilles, un gars du Corps des prévôts (police militaire) avec deux gars de l’armée du salut qui étaient montés à Noël pour nous donner des cigarettes et du café chaud. Mais personne ne nous avait prévenus qu’ils allaient venir.
Ensuite on en avait terminé avec la DMZ, et il fallait qu’ils nous trouvent quelque chose à faire. Et aussi il fallait que j’étudie parce que je n’avais pas fini ma scolarité. Alors l’armée nous a faire suivre à tous des cours en Corée, ils avaient quelques lieutenants qui étaient instituteurs et je crois qu’on était une quarantaine à faire ça, à essayer d’obtenir notre diplôme de fin d’études secondaires, ils nous faisaient suivre des cours du niveau école secondaire et c’est ce qu’on faisait en Corée, pour nous occuper.
Bon, je suis arrivé à Montréal (Québec) en train, je suis descendu du train à, je ne sais pas, six heures moins le quart ou quelque chose comme ça. Et je suis rentré chez moi avec mon sac de l’armée et je portais encore mon uniforme et j’ai balancé mon sac dans l’entrée de ma maison, parce que j’habitais à Point-Saint-Charles à Montréal, et je en pouvais pas aller dans la maison parce qu’autrement j’aurais réveillé mes frères et ils m’auraient probablement rué dans les brancards parce que j’étais un des plus jeunes. Alors je suis allé au café du coin pour boire un café en attendant, vous savez, jusqu’à 9 heures, 8 heures peut-être pour retourner chez moi à l’heure où ils devaient se lever. Et pendant que j’étais là-bas, un ami à moi est entré, un copain d’avant la Corée, avant que je m’engage dans l’armée, il s’appelait Roland Bondu, c’était un canadien français, on avait grandis ensemble, il m’a dit, Art, qu’est-ce que tu fais ? J’ai répondu, j’attends en prenant un café, je vais rentrer à la maison et réveiller mes frères. Il a dit, il faut que j’aille à chez Northern Electric (compagnie de télécommunications, la future Nortel) j’ai un entretien d’embauche à 8 heures. Pourquoi ne ferais-tu pas le chemin avec moi. Et c’était à trois ou quatre pâtés de maison de là, cette usine de la rue Shearer.
Alors j’ai dit d’accord, je vais t’accompagner. Bon, être en uniforme, je n’ai pas réalisé ça mais à l’époque le directeur du personnel de Northern Electric était le Colonel Harkness. Et il avait mis en garde tous les gens du service du personnel, si jamais ils laissaient repartir un militaire de leur bureau, ils perdraient leur emploi. Alors vous pouvez être sûr, quand j’ai passé la porte d’entrée ce matin-là, juste pour rester assis là en attendant que ce gars ait son entretien, j’ai commencé à travailler à 3 heures de l’après-midi le jour même. Et lui n’a même pas eu de travail.