Arthur L. Pottle (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Arthur L. Pottle (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Arthur L. Pottle a servi dans l'Armée canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Art Pottle
Art Pottle
Cliché pris par un photographe italien en 1944. Monsieur Pottle revenait à Anzio après s'être rétablissi d'une jaunisse.
Art Pottle
Art Pottle
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Un éclat d'obus d'un missile allemand. monsieur Pttle l'a trouvé sur le rive ouest du Canal de Mussolini à Anzio en 1944. Il l'a gardé en souvenir et pour se rappeler ô combien il était chanceux de n'avoir jamais été touché par un obus.
Art Pottle
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Une mini plaque de cuisson allemande trouvée en décembre 1944 sur le Mont Majo en Italie.
Art Pottle
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Monsieur Pottle a ramassé cette balle à Anzio en 1944.
Art Pottle
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Monsieur Pottle et le mulet dont ils se servaient pour transporter des munitions et de la nourriture dans le sud de la France en 1944.
Art Pottle
On est retournés à notre campement de base juste pour un court séjour et puis nous, le 3ème régiment, avons été à la tête de la capture de Monte Majo qui était du côté droit de l’entrée de la vallée du Liri.

Transcription

Je suis Arthur L. Pottle et je suis né le 6 octobre 1920. J’ai grandi dans ce qui est appelé, surtout la partie est de Saint John (Nouveau Brunswick). Mon père a dit : « Vas dans l’artillerie parce qu’il n’ont pas trop à marcher, pas comme dans l’infanterie. » Alors je suis entré dans l’artillerie ; je pensais aller dans une unité antichar qui était basée à Saint Stephen dans le Nouveau Brunswick, et ils s’apprêtaient à partir outre-mer. Mon voisin d’à côté servait dedans. Mais on a suivi la procédure administrative à notre arsenal, leur contingent était complet alors ils ont envoyé une vingtaine d’entre nous à l’Île Partridge pour servir dans la 3ème brigade côtière du Nouveau Brunswick, 15ème batterie lourde de l’artillerie royale canadienne. J’ai servi là-bas sur les canons et ensuite je suis devenu un viseur à distance et j’ai aussi fait un petit séjour à Fort Dufferin sur le continent pendant quelques temps. Et c’est là-bas que j’ai rencontré ma future femme.

Et l’Afrique du Nord avait été capturée au moment où on (le 1er détachement du service spécial) est arrivés là-bas en octobre 1943. On a été dans un campement à l’extérieur de Casablanca (Maroc) pendant quelques temps et ensuite on nous a expédiés en train comme dans le temps dans ceux qui avaient servis à transporter mon père (pendant la Première Guerre mondiale), des wagons de marchandises qu’on appelle normalement des 40/8. Quarante et huit. Quarante hommes ou huit chevaux. C’était des vieux wagons de marchandise de fabrication française tout branlants. Évidemment à cette époque le Maroc était sous protectorat français.

Alors je n’avais pas réalisé que les choses tournent en boucle. Et ici mon père et mon grand-père avaient connus les mêmes 40/8 et là on s’en ai servi pendant la Deuxième Guerre mondiale. En tout cas, on est allés de Casablanca jusqu’en Iran et ensuite on nous a expédiés à Naples (Italie) dans des Liberty ship et ensuite on était dans notre camp de base à Saint Marie de Capoue, près de la fameuse ville universitaire antique, Capoue, à une soixantaine de kilomètres au nord de Naples à peu près.

Et là-bas on a fait encore un peu d’entrainement et la première semaine de Décembre, on a vu notre premier combat (relaté) dans le film La Brigade du Diable (1968) qui nous montrait en train de capturer le Monte la Difensa. Notre unité était composée de trois régiments, 600 hommes dans chaque régiment avec deux bataillons. Chaque bataillon se composait de trois compagnies de 120 hommes à peu près. Et notre régiment, le 3ème régiment, était dans la réserve pendant cette première bataille. Et on nous a mis au travail, à transporter des paquetages, d’eau, de munitions, de la nourriture etc. Et on montait tout ça en haut de la montagne et on redescendait avec nos blessés.

On est retournés à notre campement de base juste pour un court séjour et puis nous, le 3ème régiment, avons été à la tête de la capture de Monte Majo qui était du côté droit de l’entrée de la vallée du Liri. Et on a passé un peu plus d’un mois là-haut et on a perdu beaucoup d’hommes pas seulement au combat mais aussi à cause du pied des tranchées. On ne pouvait pas creuser de trou dans le sol pour s’abriter, vous deviez fabriquer un abri en montant des murs de pierre autour de vous pour vous protéger des mortiers et des obus.

On nous disait que le meilleur moyen de conserver nos pieds en bonne santé c’était d’utiliser trois paires de chaussettes en permanence. Une, tout près, à même ma peau, sous votre, sous votre chemise et sous-vêtement, sur votre poitrine et de porter deux paires aux pieds. Et vous les faisiez tourner. La paire en contact avec les pieds passait au dessus de la deuxième paire, la deuxième paire passait sur la poitrine pour sécher et se réchauffer, et la paire que vous aviez sur la poitrine, elle devenait la première paire à même la peau. Et chaque fois que vous pouviez, tous les jours ou bien tous les deux jours, il fallait essayer de faire ça quand il y avait une accalmie au combat et vous massiez vos pieds si vous pouviez aussi. Heureusement, j’ai réussi à bien protéger mes pieds et je n’ai pas eu de problème.

Après Majo, on nous a expédiés dans le sud de Salerne, un petit endroit du nom de Santa Maria de Castellabate, qui avait une plage agréable et c’est là qu’on s’est entrainés avec nos bateaux gonflables en caoutchouc, et prendre la tête de l’invasion du sud de la France en capturant deux îles (Île du Levant et Port-Cros) au large de la côte qui étaient censées avoir des canons côtiers qui pouvaient représenter une menace pour les navires qui devaient aller sur le continent. Cette invasion a eu lieu le 15 août 1944. Et puis on a continué sur le continent et à partir de là, on a repoussé les allemands hors de cette partie du sud de la France jusqu’à la frontière italienne. On a dépassé Antibes et Nice. Ils n’arrivaient pas à avoir assez de renforts canadiens parce qu’ils manquaient de fantassins. On les envoyait dans les unités canadiennes au nord-ouest de l’Europe, à cette période la Belgique et la Hollande. Et ils ne nous envoyaient plus de nouvelles réserves canadiennes. Alors ils nous ont séparés.

Les canadiens ont dû partir et les américains sont allés dans différentes unités et un groupe a formé l’unité qui est partie en Norvège après la capitulation de l’Allemagne à protéger ce qui était connu sous le nom d’usine d’eau lourde dans la province du Télémark, je crois que c’était, en Norvège, où les allemands produisaient de l’eau lourde qu’ils utilisaient pour leur expériences nucléaires. C’était la mission de départ de l’unité, notre service spécial, de sauter en parachute là-bas et de détruire les usines d’eau lourde.

Les plus anciens qui sont venus outre-mer des Etats-Unis, de Fort Ethan Allen (Vermont), ont été envoyés en Angleterre pour entrainer tous les hommes qu’on retirait de leur emplois de chauffeurs, cuisiniers, ordonnances, commis de bureau, etc. pour devenir fantassins. Parce qu’ils avaient besoin de fantassins en, comme je l’ai dit, Belgique et en Hollande. Et on a essayé de les entrainer à avoir assez d’habileté dans l’infanterie pour qu’ils ne se fassent pas tuer dès le premier ou le deuxième jour de leur participation au combat sur le continent. Et on était en Angleterre quand, tout au moins le groupe avec lequel j’étais, on était en Angleterre quand la guerre a cessé.