Project Mémoire

Augustin Juneau (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.

Augustin Juneau
Augustin Juneau
M. Augustin Juneau du Régiment de Maisonneuve en Belgique, juin 1945.
Augustin Juneau
Augustin Juneau
Augustin Juneau
M. Juneau (identifié par la flèche) pendant son entraînement à Farnham (Québec) en mars 1944.
Augustin Juneau
(...) le 8 février, il y a eu une grosse attaque. Il y a plus de 1200 canons qui tiraient en même temps. C’était le diable! On aurait dit que la terre tremblait.
Mon nom c’est Augustin Juneau, ma date de naissance est le 9 juin (19)24 et je suis à Macamic, Abitibi. On ne savait pas dans quel bataillon, dans quel régiment on était pour être transféré. Moi, ç’a été le Régiment de Maisonneuve le 13 janvier, le 18 janvier 1945. On était situé à Cuyk en Hollande près de Nijmegen, on a été quelques jours à Gand (Belgique) en attendant de rejoindre le régiment. Et puis on restait dans un château, il n’y avait pas de vitres dans les fenêtres. C’était ouvert, c’était humide. Et puis le 8 février, comme il faut, le 8 février, il y a eu une grosse attaque. Il y a plus de 1200 canons qui tiraient en même temps. C’était le diable! On aurait dit que la terre tremblait. Puis on a commencé à avancer. De bouts, des journées qu’on pouvait faire une dizaine de kilomètres pour rejoindre l’ennemi, toujours dans le mortier (peloton de mortiers). Je sais qu’on a tiré beaucoup, beaucoup avant de partir, de mortiers. Il y a eu un gros, gros tir de mortier. Les bombes étaient cordées comme des cordes de bois. Et puis, sur la fin de la journée, on a commencé à avancer. On avançait pour le vrai et il manquait beaucoup d’hommes. Le remplacement ne se faisait pas très vite. On a dit qu’il n’y avait pas assez d’hommes pour remplacer ceux qui manquaient. Soit blessés, malades ou évacués pour quelques raisons. De temps en temps, à tous les dix jours ou quinze jours, il y un autre bataillon qui prend notre place. On s’en va pour les douches et puis changer le linge. On restait chez des Hollandais qui voulaient bien nous héberger, nous laisser rester chez eux. On leur donnait du pain ou qu’est-ce qu’on pouvait avoir. Les rations qu’on ne mangeait pas on leur donnait et ils étaient bien contents de les prendre. Il y avait des jeunes Hollandais qui avaient des grosses bedaines (ventres), je ne savais pas. Je pensais que c’était parce qu’ils mangeaient beaucoup de patates. Mais un enfant avec une grosse bedaine c’est parce qu’il souffre de mal nutrition, mais dans ce temps-là je ne savais pas. Je sais qu’ils mangeaient beaucoup de patates, mais je ne savais pas que c’était la malnutrition qui les magannait (les rendait malades). Il y a une place, à force de ne pas se laver et de porter des tuniques qui étaient en laine, c’était rugueux dans le cou, on essayait d’avoir un morceau de parachute des parachutistes qui était tombé entre nous autres et les Allemands là. Il y avait des parachutistes qui étaient tombés, et aussi des planeurs qui étaient tombés. Pis il y avait, il restait encore des fois des morceaux de toile de parachute dedans. On se servait de ça comme un triangle pour mettre à l’entour du cou. C’était plus doux que la tunique qui était en laine dans le cou irrité. Tout le monde avait un morceau de parachute dans le cou. Ben nous autres on était, on a été à Xanten, (…) en Allemagne. Pis en Hollande, Hollande, Allemagne, Hollande. Jusqu’au nord. On ne sait pas juste battu en Allemagne, mais on s’est pas battu sur les frontières de la Hollande en montant jusqu’en haut, Groningen. En Hollande très chaud, très chaleureux accueil. Le monde était vraiment content de nous voir en Hollande. Le 5 mai (19)45, on a eu un cessez-le-feu. Ils ont dit : « Vous tirer seulement si vous êtes attaqués. » On n’a pas été attaqué, ça fait qu’on n’a pas tiré, mais il y a des Allemands qui s’en venaient avec leurs armes. On leur faisait mettre leurs armes sur une pile. Pis on les envoyait par en arrière à pieds, pas escortés, seuls. Pendant l’occupation il y avait un système de pointage, de points qu’ils donnaient (pour rentrer au Canada et selon l’ancienneté dans le service militaire). Pour un homme marié y’avait tant de points, s’il avait des enfants ça donnait plus de points. Le temps qu’il avait fait en Angleterre. Le temps qu’il avait fait en action, ça donnait encore beaucoup de points. Moi, j’avais dans la trentaine de points, il y en a qui avait 45-50 points. Ça, ça servait pour le rapatriement au Canada. Mais ils sont sortis au mois de juin. Le Japon était encore en guerre. Ceux qui voulaient aller se battre contre les Japonais. Une brigade spéciale, Canadian Army Pacific Forces (basée sur la structure organisationnelle d’une division d’infanterie en vue de l’invasion alliée du Japon). Un mois de congé au Canada, ensuite s’en aller aux États-Unis pour l’entrainement jungle warfare (guerre dans la jungle). Après ça aller se battre contre les Japonais. On est revenu sur le (paquebot) Queen Mary pour commencer. On l’a pris à Liverpool et puis on est arrivé à New York, le 13 juillet (19)45. Là, ils nous ont donné un mois de congé, du 15 juillet au 15 août. Le 15 août, quand je suis retourné… faut croire que les Japonais ont su ça que j’y retournais parce qu’ils sont signés la paix.