Project Mémoire

Balado États de service épisode 5 : États de service et le jour J (épisode bonus)

La série de balados États de service est présentée par le Projet Mémoire, un programme d’Historica Canada. Dans cette série, nous vous présenterons des entrevues avec des vétérans canadiens –leurs vies, leurs pertes et leur service militaire – afin de construire un portrait des expériences de prisonniers de guerre canadiens. (Cliquez ici pour la série au complet.)

Dans cet épisode bonus de la nouvelle série de balados de Historica Canada, nous commémorons le 75e anniversaire du débarquement des troupes alliées en Normandie le 6 juin 1944 en écoutant des témoignages des vétérans hébergés dans l’archive du Projet Mémoire.

Crédits: Marcel Pequel – Four


Transcription

Stéphanie Zidel : Bienvenue à la série de balados États de service présenté par le Projet Mémoire, un programme de Historica Canada. Ici votre animatrice Stéphanie Zidel. Dans cette série, nous vous présenterons des entrevues avec des vétérans canadiens. Ils vous raconteront le récit de leurs vies, de leur perte et leur service militaire. Cette série nous permettra d’explorer différents extraits issus de témoignages du Projet Mémoire de manière non chronologique. Aujourd’hui, nous commémorons le 75e anniversaire du débarquement des troupes alliées en Normandie, le 6 juin 1944, aussi connu sous le nom du jour J.

Pierre Gauthier : « Paul Rivard c’était capitaine, mais c’était un soldat comme nous. On était tous des soldats. Avant d’aller en combat, il marchait parmi nous et il s’attendait qu’on était tous des gars religieux, puis on était aussi pas mal religieux parce que la religion était très populaire dans ce temps-là. Et puis, c’est drôle de voir un prêtre marcher parmi nous, nous regarder dans les yeux, puis nous dire : « As-tu fait ta communion, toi? As-tu fait ta confession parce que demain matin toi-là, tu vas mourir, mon vieux. »

SZ : Nous venons d’entendre un effrayant extrait de Pierre Gauthier, un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale qui était fantassin et qui a débarqué en France avec le Régiment de la Chaudière. M.Gauthier avait 19 ans lors de l’opération et il était entouré de soldats tout aussi jeunes que lui qui se sont volontairement enrôlés. Après avoir perdu une grande partie du territoire européen occidental au début de la Deuxième Guerre mondiale, les Alliés ont réellement commencé à repousser les forces de l’Axe à partir de 1943. Cet été-là, les Alliés ont secrètement commencé à prévoir l’invasion de l’Europe continentale. Ils ont baptisé l’opération « Overlord ». Juste une note sur le terme « jour J » : en général, le terme est utilisé pour désigner la date de commencement d’une attaque et a été utilisé dans la planification des autres opérations. Cependant, à cause de l’ampleur de l’opération, le terme est devenu inextricablement associé au débarquement de Normandie. Écoutons Marc-Édouard Barrette, un membre québécois du Corps médical militaire royal du Canada, décrivant les préparations pour le débarquement.

Marc-Édouard Barrette : « Ça fait que durant ces trois ans-là en Angleterre c’était toute de la manœuvre, puis de la pratique pour notre profession, nous autres comme médicaux. On débarquait puis il fallait aller les attaquer là. Alors chaque gros bateau avait tout l’équipement pour chaque soldat, la machinerie puis tout était compris. Le manger, les machines, les « trucks », le linge, tout. »

SZ : Avant la traversée de la Manche, les soldats alliés ont été formés en Angleterre pendant plusieurs mois, voire des années. Ils ont participé à des simulations de guerre, mais avec des armes chargées. Le jourJ devait initialement prendre place le 5juin, mais à cause de mauvaises conditions météorologiques, l’opération a été repoussée au 6juin. La stratégie des Alliés consistait en des vagues de débarquement. On y comptait des centaines de milliers de soldats, dont six divisions d’infanterie et plusieurs unités blindées sur cinq plages le long de la côte française et derrière les lignes ennemies. Un grand nombre d’unités aéroportées ont aussi bombardé les défenses allemandes afin de sécuriser les plages pour toutes les brigades à bord de l’Armada. Les forces américaines ont débarqué sur Utah Beach et Omaha Beach. Les Britanniques ont débarqué sur Gold Beach et Sword Beach. Une division canadienne a mené la bataille à Juno Beach.

Lorenzo Tremblay, un soldat gaspésien dans le Régiment de la Chaudière, a participé au jour J.

Lorenzo Tremblay : « On est embarqué à Southampton le 5 le soir à 5 heures. Après ça, on a passé la nuit sur l’eau et on est arrivé à la base Bernières-sur-Mer à 7 heures du matin… à peu près vers 7 heures du matin. Après ça, ça a commencé, la vraie guerre. On était réellement à l’action. On ne pouvait pas débarquer à terre complètement tout de suite. Ils nous ont emmenés sur des chalands. On a embarqué sur des chalands, puis ils nous ont emmenés au bord. »

Brigitte d’Auzac : Bonjour, mon nom est Brigitte d’Auzac, vice-présidente de Historica Canada. La façon dont nous voyons le monde aujourd’hui est influencée en grande partie par notre passé. Le bon comme le mauvais. C’est là qu’entrent en jeu nos balados. Des balados comme Pensionnats indiens, une série en trois parties créée afin d’honorer les histoires des survivants, de leurs familles et communautés et afin de commémorer l’histoire et l’héritage des pensionnats indiens au Canada.

Riley Burns : « Je ne voulais pas être un Indien. Je ne savais pas qui je voulais être. Je n’étais pas acceptée par l’homme blanc et je n’étais pas accepté par mon propre peuple dans ma réserve. »

Brigitte d’Auzac : Inscrivez-vous aux baladodiffusions de Historica Canada pour une exploration en profondeur de notre passé. Vous pouvez écouter Pensionnats indiens sur Apple Podcast, Spotify, ou en visitant l’Encyclopédie canadienne.ca. Ne cessez jamais d’apprendre.

SZ : Et maintenant Pierre Gauthier, qui a débarqué avec le même régiment.

Pierre Gauthier : « On avait nos « packs », nos carabines. Puis il y avait beaucoup des gars qui ont sauté des petits bateaux qui se sont cassés des jambes, il y en a qui sont tombés à l’eau. C’est une expérience pas mal dangereuse. On voyait pas la plage parce qu’il faisait noir pour commencer, on voyait pas la plage. Mais quand on a approché la plage, quand la rampe est tombée il faut aller à l’eau. »

SZ : Joseph Adélard Thibault, un autre soldat du même régiment, nous raconte le moment du débarquement de son petit navire.

Joseph Adélard Thibault : « J’étais le troisième, il y en avait 35 en arrière de moi. Je n’ai pas dit « maman, viens chercher ton fils ». Je ne sais pas nager. Il ne fallait pas mouiller notre arme, c’était le chapeau […] de fer faisait à peu près trois pieds [de circonférence]. Tu essayes de ne pas avaler de l’eau. Tu étouffes. Tu en avales une bonne gorgée. Et là tu mets tes pieds à terre et c’est vrai. Dans ce temps-là, je me retournais et je voyais les bateaux du régiment se faire tirer dessus, les gars revolaient dans les airs. »

SZ : Encore Pierre Gauthier.

Pierre Gauthier : « Ça a pris beaucoup de courage pour débarquer des bateaux, puis marcher dans l’eau salée jusqu’ici. Débarquer avec 50 ou 60 autres soldats que tu connais, avec qui tu t’es entraîné, les voir blessés, les voir mourir proches de toi, c’est très stressant. Puis je n’étais pas capable de les aider, pas capable de rien faire. Notre rôle primaire c’était d’avancer. Oublier ces gars-là. Il faut vivre ça pour savoir comment ce que c’est. Si tu n’as jamais vécu ça, tu ne peux pas t’imaginer comment ce que c’est. De te faire des bons chums, puis de les voir blessés et mourir proche de toi. »

SZ : Francis Godon, un vétéran métis du Manitoba, nous raconte que lors de son arrivée à Juno Beach, la plage ressemblait à du ketchup, totalement recouverte de sang. Il a débarqué avec la compagnie B de son régiment d’infanterie le Royal Winnipeg Riffles. Il a été capturé par des troupes allemandes et ensuite transporté dans un stalag, un camp pour les prisonniers de guerre. Joseph Thibault a passé la nuit du 6 juin près de la plage.

Joseph Adélard Thibault : « Le lendemain je ramassais des chapeaux avec des têtes dedans, puis de bras et des jambes. Et à qui appartient ça? On ne le savait pas. On met ça dans un coin et ça va être enterré. »

SZ : Une série de vagues de soldats alliés allaient débarquer en France au long du mois de juin. Les premiers efforts des Alliés pour libérer la Normandie et le chemin vers l’Allemagne ne furent pas aussi favorables. Par exemple, l’attaque sur l’aéroport de Carpiquet au début de juillet fut un cauchemar. Pierre Gauthier fait allusion à la brutalité.

Pierre Gauthier : « Carpiquet, c’était un combat épouvantable. On a fait face à des Allemands qui étaient complètement fous. Fallait les tuer. C’était des jeunes, des enfants de 14, 15, 16 ans, des soldats allemands, des Waffen-SS. Fallait les tuer ces jeunes-là. Ils ne voulaient pas se donner. »

SZ : Par la suite, les Canadiens et les Alliés devaient marcher et se battre dans le reste de la France, en Belgique, en Hollande et jusqu’à la traversée du Rhin. Les Allemands ont enfin capitulé le 8 mai 1945. Le jour J demeure un jour mythique dans l’imaginaire des pays alliés, quand des centaines de milliers de soldats, d’aviateurs et de marins y ont participé. Si vous regardez des photos, vous verrez un essaim d’aéronefs et de navires. Ce fut un exploit militaire des plus impressionnants de l’histoire du monde.

Le Projet Mémoire est un programme de Historica Canada, composé d’un bureau d’orateurs et d’une archive en ligne. Nous mettons les vétérans canadiens et les membres actifs des Forces armées canadiennes en communication avec les écoles et les groupes communautaires d’un océan à l’autre. Ce projet est rendu possible grâce au financement du gouvernement du Canada. Historica Canada est un organisme qui offre des programmes que vous pouvez utiliser afin d’explorer, d’apprendre et de réfléchir à notre histoire et à ce que signifie le fait d’être Canadiens. Les textes supplémentaires utilisés dans cet aperçu proviennent de notre programme affilié l’Encyclopédie canadienne. Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et abonnez-vous à Historica Canada.

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