Betty Pedersen (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Betty Pedersen (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Betty Pedersen a servi dans l'Aviation royale en tant que cuisinière pendant la Deuxième Guerre mondiale. Vous pouvez lire et écouter son témoignage ci-dessous.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Betty Pederson
Betty Pederson
Avis de démobilisation honorable de Betty Pedersen (née Perkins). Elle a été démobilisée de la WAAFlors de sa grossesse.
Betty Pederson
Betty Pederson
Betty Pederson
Certificat de démobilisation de Betty Pedersen (née Perkins). Elle a été relevée de ses fonctions de la WAAF pour raisons personnelles parce qu'elle était enceinte.
Betty Pederson

Transcription

Je n’avais que 18 ans lorsque je me suis enrôlée. Ma copine et moi, vous savez, nous ne faisions rien, nous ne travaillions même pas. J’étais à la maison, j’aidais ma mère. Nous avons décidé de nous enrôler. Nous y sommes donc allées et tout ce qu’on avait à offrir, c’était des postes de cuisiniers. Nous sommes donc toutes les deux devenues cuisinières.

J’ai été cuisinière à Dalcross (RAF), à quelques kilomètres d’Inverness, pendant trois ans. Nous étions 26 dans le cantonnement, et sept d’entre nous s’appelaient Betty. J’ai donc reçu le nom de Johnny, que j’ai gardé pendant toute la durée de mon service dans la Women’s Auxiliary Air Force.

J’étais cuisinière au mess des aviateurs. Nous fournissions le déjeuner, le dîner et le souper à environ 1 000 personnes. Les personnes responsables du déjeuner devaient, au début de leur quart, descendre dans l’obscurité à 4 h du matin pour préparer la nourriture. Nous avions du gruau dans des chaudières géantes; nous devions nous tenir debout sur un tabouret et servir le contenu à l’aide d’une grande palette. Nous faisions frire des œufs par douzaine dans les grands poêles et faisions rôtir le pain sur d’énormes grille-pain, puis nous servions le tout aux aviateurs. Ensuite, nous devions faire de la soupe, également dans des chaudières géantes, et tout ce qui était au menu du jour. Nous étions en congé pour le reste de la journée.

Notre cuisine avait un grand rideau et, de l’autre côté du rideau, on organisait les danses et tout le reste. À 4 h du matin, il n’y avait personne. Tout le monde dormait dans son lit. Nous avions l’habitude d’aller chercher les microphones et nous faisions notre propre petite fête. Nous chantions sans relâche au milieu de la nuit. C’était le bon temps.

Lorsque nous rencontrions les trois garçons (aucun n’était marié) du Corps forestier canadien (ils n’habitaient qu’à un pâté de maisons de leur ferme à leur camp), on leur préparait des œufs brouillés et du thé. C’était comme une petite réunion de famille. Mais l’endroit était vraiment très petit. Nous avions l’habitude d’y aller pendant nos jours de congé. La dame, qui était la plus âgée, s’est vraiment prise d’affection pour moi; pendant mes jours de congé, elle venait me chercher à l’extérieur de l’aérodrome dans la voiture et m’emmenait en ville parce qu’ils allaient en ville un jour de marché, par exemple. En fait, je me suis mariée dans leur petite maison. Cette même femme était comme une mère pour moi. Nous nous préparions à aller à ce bal au mess des sergents, alors toutes les filles sont allées là-bas pour s’habiller. Ils étaient allés à Nairn et m’avaient acheté une magnifique robe à pois bleus et blancs. Ils savaient que je l’aimais et l’ont achetée à Nairn. Je suis donc allée au bal avec. Les filles ne savaient pas qui j’étais parce que je ne portais pas d’uniforme.

Et puis, j’étais mariée et je n’étais plus dans le coup. Je n’y suis restée que trois ans. Je veux dire, nous étions tous les deux si jeunes. J’avais presque 20 ans, et il avait un an de moins que moi. Lorsqu’ils ont su que nous allions nous marier, ils nous ont fait monter tous les deux devant trois officiers, et ils ont parlé, parlé, parlé. Ils se disaient que nous étions trop jeunes, qu’il allait partir à l’étranger d’un moment à l’autre, que je resterais là. Je ne me souviens pas vraiment de tout, mais quand j’y pense, ils parlaient et parlaient, et nous ne nous en rendions pas compte. Nous allions nous marier et c’était tout.

Entre-temps, pour mon départ de la maison, mon mari avait envoyé une lettre. Bien sûr, je n’étais pas là et ma mère l’a ouverte. Elle a failli piquer une crise parce que la lettre demandait pourquoi ne pas rester en Angleterre et ne pas venir au Canada. Ma mère, ma sœur et son mari ont essayé de me faire descendre du bateau en Irlande, mais il était trop tard, alors je suis arrivée ici et mon mari, sa mère et sa sœur m’ont accueillie et tout s’est bien passé. Ils n’ont jamais rien dit parce que je n’ai appris l’existence de cette lettre que quelque temps plus tard. Une fille de la Légion royale canadienne m’a dit que j’aurais débarqué parce que ma mère aurait pris contact avec eux, mais que j’aurais été de retour à bord le lendemain matin.

C’était donc une drôle de situation pour moi et j’ai dû m’y faire parce que j’avais une petite fille dont je devais m’occuper. C’était un peu étrange. Ce fut un échec, j’ai fini par divorcer, puis je me suis remariée et j’ai eu six enfants à ce moment-là. J’ai donc pas mal de chance!