Project Mémoire

Brian Frederick Douglas Holliday (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Brian Holliday
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Portrait de Brian Holliday quand il a reçu sa commission, 1941.
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Carte de la Birmanie et Assan imprimée sur de la soie, 1941. Cette carte est cousue sur la couture d'une combinaison en cas d'accident ou de capture.
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Télégramme destiné à la petite amie de Brian Holliday l'informant qu'il souffrait d'un ulcère, 1943.
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Album photo avec un portrait de Brian Holliday dans sa veste de « brousse » (à droite); et un portrait de Margaret, sa petite amie de l'époque (à gauche). Brian Holliday gardait cette photo avec lui pendant la guerre.
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Monnaie d'invasion que le Japon a imprimé et essayé d'utiliser en Inde et en Birmanie.
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Alors on s’est éloigné un petit peu de l’avion, un petit coin d’herbe sympa et alors, évidemment, j’avais l’attaché case du général et je m’imagine en train de marchander chèrement nos vies pendant qu’on avalait ces importants documents

Transcription

Je suis parti là-bas à peu près au moment où la bataille d’Angleterre commençait à être en perte de vitesse. Beaucoup de pilotes. Tout à coup on a eu beaucoup trop de pilotes parce que le plan d’entrainement aérien du Commonwealth canadien commençait à fonctionner à plein régime et formait des pilotes à la pelle. Et alors j’ai été affecté en Inde au lieu de l’Angleterre, mais ça allait. L’escadron N°20 (RAF) était l’un des rares escadrons qui était toujours en service actif. Ils étaient en service actif entre les guerres.

Et alors j’ai été affecté à cet escadron j’y ai passé un mois ou deux et puis ils ont demandé si j’aimerais partir en Birmanie. Et j’ai répondu, bon, j’irai où vous voulez. Alors ils m’ont envoyé là-bas en Birmanie et c’était une escadrille. Normalement, elle étaient commandées par un capitaine d’aviation, mais j’étais le seul officier dans l’escadrille. On avait trois de ces (Westland) Lysander (avion d’observation et de soutien de l’armée), des vieux, on les appelait Faith, Hope et Charity, et l’un d’entre eux n’a même jamais volé. Le deuxième était bon pour les pièces de rechange et le dernier on a continué à voler avec. Et c’est avec ça qu’on a fait notre travail.

Ce sont des appareils un peu surprenants pour ce qui est de voler. Ils font tout à l’envers par rapport à ce que la plupart des appareils font. Ils peuvent voler à très faible allure. Vous pouvez en fait maintenir un Lysander dans les airs à 45 milles à l’heure. Ils avaient des grands becs hypersustentateurs le long des ailes à l’avant, des grands volets de courbure, et quand les volets descendaient, les becs sortaient et faisait remonter le nez de l’appareil. Il avait un moteur très puissant et il pouvait se suffire de l’hélice et ça nous permettait d’atterrir sur une piste très étroite.

Le sauvetage air-mer ce sont des escadrons autour de l’Angleterre qui sont spécialisés en, comme, s’ils partent en sortie et qu’ils localisent des pilotes qui ont atterri dans l’eau. D’accord. Alors là-bas, ils ont pensé qu’il leur faudrait avoir une unité de sauvetage air-mer, c’est ce qu’on était. C’était combiné en quelque sorte. En général c’était Sauvetage air-mer et soutien de l’armée. On avait des contacts radio avec un général anglais qui avait un commando qui opérait en Birmanie ; et s’il avait besoin de quelque chose comme par exemple si quelqu’un était malade, on localisait l’endroit où ils se trouvaient, on y allait et on essayer de les récupérer. Vous pouviez faire atterrir le Lysander sur une centaine de mètres, alors vous pouviez aller au secours de quelqu’un à des endroits où on n’aurait pas pu atterrir autrement. On a porté secours à quelques personnes, mais pas des quantités.

Le premier jour où on, on avait reçu un appel d’un de nos pilotes à Chittagong, il avait sauté en parachute au dessus de l’eau. Il avait sans doute eu une bagarre avec des japonais et s’était peut-être fait descendre, alors il avait fallu qu’il saute, bien sûr il avait les affaires de sauvetage qu’ils transportaient mais, alors on y allait et on le localisait et puis on envoyait un message radio à la vedette qui était là-bas à Chittagong. Cette vedette c’était un truc remarquable. Elle avait quatre moteurs, chacun commandait une hélice séparément. Et elle avait des armes lourdes à bord. Vous savez, vous appeliez la vedette et ils partaient pour essayer de retrouver le gars. L’autre chose qui pouvait se passer c’est que, si le gars était assez près du rivage quelque part, il se pouvait qu’il y ait une petite bande de plage, on pouvait y aller et atterrir sur la plage, et récupérer le gars juste là sur la plage. L’idée c’était d’être là et de sauver des gars qui avaient sauté quand on pouvait et faire quoi que ce soit pour…

Bon, une fois j’ai eu un appel pour aller chercher un général anglais, le Général (William) Slim et le descendre jusqu’à la zone avancée. C’était plutôt amusant parce qu’on a atterri à Mondaw. Il s’est avéré que les japonais avaient dépassé cet endroit pendant la nuit, et de fait, on se trouvait derrière les lignes ennemies. Au moins derrière cette patrouille. Et le général transportait un de ces attachés cases disons, c’est britannique comme mot, c’est comme une petite valise, en cuir, du beau cuir avec des fermetures en laiton et tout. Et je me suis dit, d’accord, ce sont les documents importants du général, vous savez, il fallait que je les protège. Donc on avait un petit endroit à l’arrière du Lysander, vous pouviez attacher des choses là-dedans, alors j’ai mis son attaché case à cet endroit-là.

Et bien, ensuite nous avons atterri à Mondaw et il n’y avait personne alentour. Alors il a dit, bon, on devrait peut-être redécoller tout de suite ; et j’ai dit, bon, on ne peut pas, on a besoin d’aide pour démarrer. Alors j’ai dit, je suggère qu’on s’écarte un petit peu de l’avion et qu’on s’asseye, et qu’on attende. On avait deux Hurricanes qui tournaient en rond au dessus de nous et c’était notre escorte et ils allaient faire savoir où on était. Alors on s’est éloigné un petit peu de l’avion, un petit coin d’herbe sympa et alors, évidemment, j’avais l’attaché case du général et je m’imagine en train de marchander chèrement nos vies pendant qu’on avalait ces importants documents. Il avait un pistolet de calibre 38 avec les balles dans une cartouchière, bien astiquées, du laiton, rutilantes. J’avais un 45 mm automatique, une arme un petit peu plus lourde. Et je me suis dit, vous savez, qu’on allait faire du mieux qu’on pourrait.

Alors on retourne et il ouvre son attaché case. C’est du café et des sandwiches, alors on a bu une tasse de café avec le général dans la jungle. (rire)