Je suis Charles Brian MacConnell. On m’appelle Brian. Je suis né le 16 décembre 1922. Nous en avions entendu beaucoup, vous savez, sur la Bataille d’Angleterre, les pilotes de Spitfire et tout ça. Je voulais devenir pilote, pilote de chasse. Alors, je me suis enrôlé en 1942 et j’ai reçu l’ordre de me présenter au centre de mobilisation de Toronto en mai 1942.
...je suis allé à l’école élémentaire de pilotage dans la vallée de l’Outaouais. On utilisait les avions Tiger Moths, de petits biplans qui nous rappelaient les avions de la Première Guerre mondiale que pilotait Billy Bishop. On s’est bien amusé à bord.
J’ai pu piloter en solo après environ huit heures d’entraînement. Ensuite, on est passé à l’identification des avions et à la mécanique. Je suis resté en formation quelques mois. C’était pendant l’hiver. Ces avions légères étaient parfois difficiles à contrôler pendant les atterrissages, surtout par temps venteux. La vitesse d’atterrissage était d’environ 60 milles à l’heure. De temps en temps, l’équipe au sol devait agripper les ailes pour maintenir l’avion sur le sol.
Ensuite, j’ai été posté à Uplands à Ottawa où nous avons piloté des Harvards. C’est un avion beaucoup plus avancé, avec un moteur plus puissant et un excellent avion à piloter. Et c’est l’avion qu’on a utilisé jusqu’à ce qu’on reçoive nos ‘’ailes’’.
Je suis devenu bon pilote et je n’avais aucun problème à piloter en solo. Mes atterrissages étaient bons, peut-être quelques bonds. Je suis passé ensuite à une formation de personnel volant.
Vous ne pouviez pas être bon pilote si vous vous arrêtiez sur la possibilité d’être blessé ou tué. On peut devenir trop prudent. Et, si un pilote commençait à trop s’en inquiéter, il était rappelé au sol. On l’interdisait de voler parce qu’il ne pourrait pas bien appuyer les autres pilotes, il pourrait même se mettre lui-même en danger.
J’ai été posté à Diest en Belgique, avec l’escadron des chasseurs canadiens. On pilotait des Spit 14. C’était un avion conçu pour le vol en haute altitude, pour escorter les bombardiers. Cinq hélices et des ouvertures d’admission d’air pour oxygéner l’air, assez mince en haute altitude. Un excellent avion.
Ce qui est surprenant par contre c’est que nous avons seulement une fois escorté, ou tenter d’escorter des bombardiers. En général, on tirait sur n’importe quoi au sol ou sur les avions ennemis. On bombardait en piqué les chemins de fer ou les ponts, tout ce qui pouvait interrompre les mouvements de l’ennemi.
Il y avait peut-être 25 pilotes dans l’escadron. Un escadron complet avait, vous savez, au décollage, au plus, 12 pilotes. Parfois nous sortions seulement deux ou quatre, ensemble. En patrouille, deux avions survolaient en va et vient le côté ouest du Rhin. C’est ce que nous faisions avant que les Wranglers (jeep) ne réussissent à passer les lignes.
Avant une sortie, on se rendait dans une cabane d’attente. On s’assoyait et on attendait l’heure du décollage. Il y avait un tableau noir indiquant le nom des douze pilotes en mission. Si votre nom y était, vous saviez que vous participiez. Si votre nom n’y était pas, alors il fallait attendre un autre moment dans la journée.
Juste avant la fin de la guerre, le 18 avril, je me suis confronté au seul avion que j’ai abattu. C’était un jet allemand, un Arado, un bombardier bimoteur. Nous étions en formation de combat lorsque j’ai aperçu un ombre au sol. J’ai regardé vers le soleil et j’ai pu identifier un avion solitaire. J’ai délaissé la formation et signalé à l’escadron de m’appuyer. Je suis descendu rapidement et j’ai aperçu la croix sur le côté et je savais que c’était un avion ennemi. Je l’ai pourchassé, j’ai tiré et j’ai atteint un des moteurs. Il a commencé sa descente mais je l’ai suivi au cas où que c’était une feinte. Mais, il a réussi à atterrir dans un champ.
J’avais beaucoup d’admiration pour les pilotes allemands qui continuaient à se battre même en sachant que la guerre était, à toute fin pratique, finie.
Ouai, on faisait feu sur les avions, pas sur les pilotes. Je veux dire, l’objectif était d’atteindre l’avion. Évidemment, il y avait un pilote à l’intérieur qui pouvait être touché. Mais, plus que n’importe quoi, c’était avion contre avion. Bien, j’étais tellement excité et fier d’avoir enfin abattu un avion ennemi. Lorsque je suis rentré à l’aérodrome, l’équipe au sol a bien vu que les canons avaient déchargé. Au décollage, les canons sont recouverts d’une toile. Alors, ils étaient excités d’apprendre sur quoi j’avais ouvert le feu. Et, lorsque je leur ai dit ce qui s’était passé, ils étaient tellement excités d’apprendre que j’avais abattu un avion.
Ils n’avaient pas des tâches très excitantes. Ils faisaient du bon boulot à entretenir les avions mais ils ne participaient pas aux combats alors, ils étaient toujours heureux d’entendre parler des exploits de leurs pilotes.
Et, après chaque vol, et surtout après chaque combat, on se plaisait à raconteur nos exploits ; bombardement en piqué d’un pont ou de camions ou de trains. Le bombardement de trains en particulier, était tout une affaire. Les trains transportaient des troupes et des approvisionnements. Alors, on descendait, on tirait sur la locomotive, à l’époque c’était des locomotives à vapeur, puis on ouvrait le feu sur les wagons. De temps en temps, un wagon explosait. En fait, nous avons perdu un chef d’escadron comme ça. Le wagon sur lequel il avait ouvert le feu a explosé. Son avion a frappé les débris et s’est écrasé.
Andy Anderson était un ami proche. Il a été tué deux semaines avant la fin de la guerre. C’était juste après mon exploit quand j’ai abattu l’avion. Il a été lui-même abattu. Juste après mon exploit quand j’ai abattu l’avion. Je sais qu’il aurait voulu en faire de même. Je ne sais pas ce qui s’est passé ; peut-être un moment d’inattention. Je ne l’ai jamais su.
Alors, lorsque l’escadron 401 a atterri, je suis parti à sa rencontre mais quelqu’un a dit, ‘’Oh ! Andy n’est pas rentré.’’ Et ce fut tout. J’étais vraiment bouleversé. Je crois que c’est la raison pour laquelle on m’a envoyé en congé à Londres au jour V. J’étais complètement bouleversé. C’était un bon ami, un bon gars. C’est la guerre.