On a fini par se retrouver en Inde à Bombay. Et, quelques temps plus tard, on s’est retrouvés coincés à bord d’un train à traverser toute l’Inde jusqu’à Calcutta où on nous avait envoyés. À chaque endroit où on s’arrêtait, on demandait où on allait, sur quel avion on allait voler, personne ne nous disait quoi que ce soit. Finalement on est arrivés à Calcutta et on a rencontré un officier du transport qui a dit, montez à bord de ce train. Alors on a demandé, où est-ce qu’on va ? Il a répondu, vous le saurez quand vous arriverez à destination.
Bon très bien, on est descendu à Rangoon (Birmanie) et il y avait un camion qui nous a conduits à un baraquement sur l’aérodrome. Et là on a rencontré notre commandant, le Commandant d’aviation Turner, DFC (Croix du service distingué dans l’aviation). Et il nous a dit qu’on allait être sur des Lysander (petit avion de reconnaissance) ; et on l’a regardé et on a secoué la tête, et on a dit, non, ça n’était pas possible. Ils avaient été conçus et construits avant la guerre et c’était un avion de coopération d’armée. Et il nous a expliqué ce qu’on allait faire ; et c’était, oh, d’accord. Mais on était loin d’être aux anges à cette idée.
Mais, en tout cas, pour commencer, en tant que largueur on devait voler dans le siège arrière. Ils chargeaient l’avion avec du ravitaillement pour ces gars de l’armée qui avaient été parachutés dans la jungle. Dans certains endroits, ils traçaient une piste à la machette dans la jungle là où on devait atterrir et on ramenait les blessés, et on amenait les remplaçants. Et aussi, on survolait l’endroit et s’il n’y avait pas de piste alors on survolait l’endroit et c’était moi qui larguais le ravitaillement du siège arrière. (rires)
Et c’était assez l’horreur parce que, bien que l’avion ait eu un cockpit arrière de bonne taille, il y avait tellement de ravitaillement là-dedans, qu’il y avait à peine de la place pour moi. En conséquence de quoi, il n’y avait pas de place pour un parachute. Donc j’étais dans le siège arrière sans parachute, à balancer tout ce ravitaillement hors de l’avion. (rires)
Il y a un voyage dont je me souviens. Je volais avec un gars nommé Castledine. Il était adjudant à ce moment-là. Et pour ce voyage on était près d’une ville appelée Mawchi (Birmanie) M-A-W-C-H-I, tout là-haut dans les montagnes. Et on a volé jusque là-haut et les nuages étaient assez bas, et on devait en quelque sorte passer d’une vallée à l’autre, et contourner et puis monter. Et quand on est arrivés là où la zone de parachutage était censée se trouver, pas le moindre signe de son existence, vous ne pouviez pas la voir. Alors on a survolé les alentours pendant un moment et on a fini par la voir sur le flanc de la montagne. Pas au sommet, mais à mi-chemin en descendant. Alors ils mettaient des voilures de parachute pour nous faire savoir si on pouvait larguer ou pas, si les japonais étaient dans les parages ou bien de ne pas faire le parachutage.
Alors quoiqu’il en soit, on l’a finalement trouvé et j’ai pensé, oh mon Dieu, ce n’était pas une zone très large du tout. Donc, on a commencé à survoler l’endroit et j’ai réussi à larguer trois sacs, je crois, la première fois. Et on avait à peu près, je pense, neuf ou dix sacs en tout. Et on a fait des circuits autour de cette montagne, le temps se détériorait de plus en plus. Et Castledine sur le siège avant commençait à être inquiet à cause de ça. Et il a dit, jette tout ce foutu chargement rapidement. Mais pendant la dernière tournée, j’en ai largué quatre et le dernier sac je pouvais le voir tomber sur le côté de la montagne et j’ai pensé, bon, quelqu’un va devoir marcher un bon bout pour récupérer ces provisions-là.
Mais, quoiqu’il en soit, on est repartis dans l’autre sens et il y avait une montagne de 2800 et quelques mètres de hauteur à la sortie et on est tout juste passés au dessus des arbres. Et je jure, aujourd’hui encore, que le train est passé à travers les arbres.