Project Mémoire

Camillia Annett

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Camillia Annett
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Camillia Annett (3ème à droite au dernier rang) pose avec ses amies Jackie, Dot, Winnie, Margaret, Louise, Dorothy et Connie à la Ville de Québec, Québec, 1943.
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CWAC compagnie no. 3, Kitchener, Ontario, en 1942. Camillia Annett est la 2ème à droite au second rang.
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Camillia Annett pose avec sa soeur Louise en 1942.
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Camillia Annett photographiée ici debout avec son uniforme d'hiver, 1943.
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Carte d'identité de l'armée royale canadienne remise à Camillia Annett à Kitchener, Ontario, le 7 mai 1943.
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Les femmes devaient surveiller l’entrée la nuit et elles étaient dehors toutes seules, mais à cette époque c’était tellement calme. Vous savez, vous n’aviez pas peur. Mais, aujourd’hui, je ne le ferais pas.

Transcription

Nous avions décidé que nous allions créer notre propre armée, avoir notre propre armée et tout ça. Mais, après, ils n’étaient pas d’accord avec ça. On travaillait la journée, et on s’entraînait le soir dans un grand bâtiment quelque part. Mais tout était en français, il n’y avait pas d’anglais du tout. Alors ça n’a pas marché du tout. Nous sommes allées dans des fermes. On nous fournissait l’uniforme, non, on payait l’achat de notre uniforme. C’est nous qui avons introduit la libération des femmes. C’était l’époque où les femmes n’avaient aucun droit, nous n’avions rien. Tout était pour les hommes.

Cela ne s’est pas très bien passé, alors de toute façon, ils ont décidé de faire autre chose, mais je ne peux pas le dire avec certitude, mais je sais que Mary Churchill [la fille du premier ministre Winston Churchill] est venue quelques fois. Je suppose que tout a changé à ce moment-là. Je suis ensuite rentrée chez moi, puis je suis retournée à Montréal, au Québec cette fois. J’ai travaillé pendant un certain temps dans une usine de munitions, comme on l’appelait, où l’on fabriquait des obus, des amorces pour les fusils et d’autres choses du genre. Puis j’ai décidé de quitter mon emploi et de m’engager dans l’armée [le Service féminin de l’Armée canadienne].

Il n’y a qu’une chose que je n’aimais pas, c’est que nous devions nous lever au milieu de la nuit pour aller chercher un seau de charbon et le mettre dans le poêle. On était seules dans le noir. Il y avait un grand, grand champ comme ça, et de belles plates-formes sur lesquelles nous avions l’habitude de nous entraîner. Puis nous avions notre propre cantine, de belles chansons; et nous y allions le soir après avoir terminé notre travail et tout ça. Les femmes devaient monter la garde devant le portail la nuit et elles étaient seules, mais tout était calme en cette période. Vous n’aviez pas peur, donc. Mais maintenant, je ne le ferais pas.

Eh bien, je le connaissais avant qu’il ne parte outre-mer, car nous étions en quelque sorte voisins. J’ai eu des regrets parce que l’armée voulait que j’aille à l’école, terminer ma scolarité et tout ça, et c’est ce que j’aurais dû faire parce que je suis allée de Charylide en Seylla ou quelque chose comme ça, comme on dit. Ouais, ce n’était pas si facile, c’est sûr. Ouais.

Mais j’ai dit que j’en saurais plus aussi parce que nous étions les premières. Tout n’a pas été sans accroc parce qu’il n’y avait pas de femmes dans l’armée, donc vous ne pouviez pas dire oh oui, elle a dit ceci et elle m’a dit cela, et nous pouvions faire ceci et cela. Il fallait que nous découvrions tout par nous-mêmes. Nous y avons mis du cœur. Ils nous appelaient les « matelas » [femmes de mauvaise réputation], beaucoup de femmes. Même pendant la guerre d’Afghanistan ici, elles ont eu beaucoup de problèmes. Vous en avez peut-être entendu parler. Mais c’est ce qu’ils pensaient vraiment, oh, les femmes arrivent, on va prendre du bon temps, mais on leur a donné du fil à retordre. Mais ils ne disent pas ça, on ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier. Certaines se sont enfuies et tout ça. Mais pas tout le monde, c’est sûr, et ils se sont évidemment calmés.

Nous avions des soirées dansantes à [Camp] Valcartier [Québec], des endroits comme ça, et nous, ils nous emmenaient là-bas en autobus et avec la Force aérienne. Jamais avec la marine, nous n’avons jamais eu affaire avec la marine. Mais, la Force aérienne et nous allions danser là-bas. Mais, il y avait toujours un sergent ou un caporal, ou quelqu’un avec nous. Vous voyez, si on me disait qu’aujourd’hui, vous seriez caporal, eh bien, les filles vous féliciteraient. Ouais, il n’y avait rien à dire, pourquoi elle, pas moi. C’était toujours bien. Les officiers savaient ce qu’ils faisaient et c’est eux qui faisaient les lois, pas nous.