Mon père était un ancien combattant de la Première Guerre mondiale et il parlait parfaitement bien l’allemand et on avait l’habitude d’écouter sur les ondes courtes les diatribes d’Hitler à propos des juifs et ça me rendait tellement furieux que je voulais essayer de faire quelque chose à ce sujet. Alors j’ai décidé d’aller m’enrôler dans l’armée et j’ai choisi l’armée de l’air, parce que j’ai toujours aimé les avions.
J’ai été affecté l’escadron 404 du commandement de l’aviation côtière à un endroit appelé Wick en Écosse, qui se trouve à la pointe la plus au nord des îles britanniques. Le pilote était assis à l’avant du Beaufighter et le navigateur était assis vers le milieu arrière dans une bulle qui était sur le dessus et il communiquait avec le pilote par l’intermédiaire d’un interphone situé entre les deux. Malheureusement, c’était une position très inconfortable parce que le Bristol Beaufighter avait quatre canons de 20 mm dans le fuselage avant et les culasses des canons étaient juste derrière le navigateur. Donc là où ils tiraient, le bruit en fait m’a fait perdre de l’audition et le bruit de l’avion ; j’ai une pension à cause de ma perte d’audition qui vient du bruit des canons et des moteurs. Mais ça faisait un boucan terrible quand ils tiraient avec les canons de 20 mm, ouah, bigre.
Pendant l’invasion de la Sicile (juillet 43), une flotte qui était en train d’envahir, la flotte alliée a descendu accidentellement trente de nos avions, ils survolaient le secteur, ils n’ont même pas, si vous voliez au dessus d’un bateau, ils ne regardaient même pas pour voir qui c’était, ils simplement, vous n’êtes pas censé voler. Ils ont descendu trente de nos avions et tué plus de trois cents parachutistes à nous. Alors après ça, pour bien éviter ça, ils nous ont fait, ils ont mis ces rayures sur l’avion, sur les ailes et sur le, on les appelait les rayures d’invasion. C’était en fait juste la nuit avant la fameuse invasion du 6 juin (de la Normandie, en 1944), vous en avez entendu parler, ils nous avaient, et tout le monde qui était dehors à peindre ces rayures sur les avions, sur les ailes. Si vous avez la grande photo, vous pouvez les voir et sur le fuselage, une marque de reconnaissance pour que la flotte de l’invasion ne tire pas sur les avions. Et ils l’ont fait quand même. Parce que vous volez au dessus de l’avion, les bateaux – ils ne regardaient pas, ils tiraient direct.
J’étais en garnison à ce moment-là près de Bournemouth (Angleterre), ça s’appelait Thorney Island. C’était l’invasion de… Et on était stationnés là-bas pour empêcher les allemands de s’interposer avec la flotte d’invasion qui faisait le voyage d’Angleterre en Normandie. Et en fait, il y a un incident dont je dois vous parler, c’est pas seulement notre escadron, mais trois escadrons, un australien, un britannique et notre escadron, en train d’attaquer trois destroyers allemands qui remontaient de la Baie de Biscaye, en essayant d’envahir pour contrecarrer la flotte de l’invasion et ils les ont faits complètement sauter hors de l’eau. Ils étaient complètement détruits, alors ils n’ont pas eu la possibilité de contrecarrer l’invasion.
La flotte d’invasion était tellement énorme que vous pouviez pratiquement travers la Manche à pied. Il y avait 5000 bateaux – 5000 bateaux dans la flotte d’invasion. Toutes sortes de destroyers et de cuirassés et, les bateaux de ravitaillement, c’était une sacrée vision. Que je vive jusqu’à 100 ans, jamais je n’oublierai ça, oh, incroyable. Incroyable !
Le congrès juif ou peu importe qui c’était voulait que les anglais fassent sauter les lignes de chemin de fer qui conduisaient à Auschwitz, ce qui aurait été une chose formidable s’ils l’avaient fait. Mais ils ont dit qu’ils, que l’armée de l’air était engagée dans une certaine, à attaquer les industries allemandes. C’est qu’elles étaient importantes, les usines d’armement et tout et ils ne pensaient pas qu’il aurait été sage de la détourner pour faire des choses comme ça. Ils disaient que ce qu’ils pouvaient faire de mieux pour arrêter l’Holocauste c’était de gagner la guerre. C’est que Churchill disait (Premier ministre anglais).
En dépit de ce qui se dit, les bombardements étaient tellement imprécis à cette époque, si la bombe, si un avion bombardait une cible, si ça tombait dans un rayon de huit kilomètres de la cible, c’était un miracle. Ça vous montre à quel point c’était imprécis. Donc, même s’ils avaient essayé de bombarder les, Auschwitz, ils auraient probablement tué tous les prisonniers de toute façon, qui, ils allaient mourir quoi de toute façon. Parce que c’était vraiment imprécis. Ils n’avaient pas le, les américains se vantaient de pouvoir faire tomber une bombe dans un tonneau de cornichons à 25 000 pieds d’altitude mais c’était des conneries; ils ne pouvaient pas faire ça.
C’était une expérience que je suis heureux d’avoir faite. Maintenant que c’est terminé, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais et je pensais que c’était vraiment une chance énorme d’être passé à travers tout ça et d’en être sorti en vie et sans blessures et je n’aurais manqué ça pour un empire, croyez-moi. Personne ne veut partir en guerre mais quand vous y êtes, vous essayez d’en tirer le meilleur parti.