Project Mémoire

Charles Chamard

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
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Charles Chamard, le 29 avril 2010, à St-Jean Port Joli, Québec.
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Charles Chamard
Charles Chamard
Charles Chamard est à droite, en compagnie d'un ami à Vernon en Colombie-Britanique, en mai 1945.
Charles Chamard
On m’a envoyé en ce qu’on appelle en français passe d’adieu, en anglais ils appellent ça embarkation leave départ pour partir pour l’Angleterre.
Donc Papa a participé à la première grande guerre et puis quand moi j’ai été avisé de me présenter pour un examen pour joindre l’armée canadienne en 1944, les gens du village ici à la campagne cherchait à éviter la guerre puis ils s’en allaient dans une sucrerie, ou ils se cachaient à quelque part. Mon père il m’a dit, « Charles, non. Quand son pays te demande, tu y vas. Il n’y a pas question de se cacher. » Donc je ne me suis pas caché. Je me suis présenté et je ne regrette rien de cette période là. J’ai aimé cette période, ça a été formateur. Ça m’a servi toute ma vie. On m’a envoyé en ce qu’on appelle en français passe d’adieu, en anglais ils appellent ça embarkation leave [dernière permission avant le] départ pour partir pour l’Angleterre, pour l’Europe. Et puis je suis allé chez moi ici, à Saint-Jean-Port-Joli pour 15 jours, deux semaines de embarkation leave. Quand je suis retourné, on était en fin d’avril à Barriefield, Ontario. Là ils m’ont dit « Non, on ne vous transférera pas en Europe, la guerre va finir en deux ou trois jours. » La guerre a fini le 7 ou 8 mai ou quelque chose de même,1945. Donc je ne suis pas allé non plus avec l’armée americaine, je suis resté à Vernon, B.C [Colombie-Britannique]. J’ai décidé à un moment donné, je ne sais pas ça devait être au mois d’août ou septembre ou octobre, j’ai décidé de retourner aux études. J’ai obtenu une admission à l’Académie de Québec à Québec pour terminer mes études secondaires. Mais à ce moment là, le gouvernement canadien payait la scolarité, les livres, tout ce que ça coûtait et puis ils te donnaient 50 piastres par mois pour vivre. Dans ce temps là tu sais, 50 piastres par mois c’était assez, j’étais pensionnaire à l’Académie de Québec et ça ne me coûtait pas plus que 50 piastres. Donc j’ai fait des études à partir de 1945 jusqu’en 1951, mais pas à l’Académie de Québec. À l’Académie de Québec, j’ai passé une année et puis après ça, ça a été à l’Université Laval. J’ai été un premier de classe moi, à la faculté d’administration de l’Université Laval. La première année, ça a été summa cum laude [avec plus grande distinction], j’ai eu mon bac summa cum laude. Après ça, j’ai eu ma maîtrise magna cum laude [avec grande distinction]. Donc c’est comme ça que ça a évolué jusqu’à ma graduation en avril ou mai 1951. Après ça, j’ai passé les examens de CA. J’ai passé ça du premier coup, je nai pas eu besoin de me reprendre. Après ça, j’ai commencé à travailler comme comptable agréé. Mais cette période là, je regarde cette période là de 1940, c’est en 1940 que je suis allé au Collège [Sainte-Anne]-de-la-Pocatière pour faire le cours commercial parce que chez nous on était cinq garçons et une fille. Papa dans ce temps là, cette année là, il gagnait 600 dollars par année, 50 dollars par mois. Ce n’était pas trop riche. Mais ça ne fait rien, il voulait que je fasse des études et je les ai faites. Je ne regrette, je trouve ça admirable du côté de ma famille, du côté de Papa, d’avoir dit on va faire des sacrifices. Il y avait un peu d’argent que Papa a économisé dans ce temps là, puis ça a bien passé. J’ai été protégé d’une certaine façon à cause du temps. La guerre a fini avec l’Allemagne, la guerre a fini avec le Japon. C’est pour ça que je dis souvent, « La vie mérite d’être vécue, elle est assez belle ! » Moi je ne dis pas la vie, bon – non, non, la vie est belle, il s’agit de la voir du bon côté et de l’apprécier. Avec ça, tu vis heureux, c’est mon cas.