Project Mémoire

Charles Goodman

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Charles Chic" Goodman"
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Chic Goodman à l'âge de 18 ans en Hollande, hiver 1944-45.
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Charles Goodman
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Chic Goodman dans les cadets à l'école Beaconsfield à l'ouest de St John, Nouveau Brunswick, 1939.
Charles Goodman
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Charles Goodman à l'époque où il travaillait en tant qu'officier de liaison des Nations Unies pour le gouvernement chypriote, Cypress, 1969.
Charles Goodman
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Photo de Chic Goodman en uniforme des Fusiliers de St John, prise à Saint John, Nouveau Brunswick, pour être donnée à sa mère, 1942. Il avait 16 ans mais ses documents déclaraient qu'il en avait 19.
Charles Goodman
Le Projet Mémoire, Historica Canada
Le Projet Mémoire, Historica Canada
Le Projet Mémoire, Historica Canada
« Nous avons dit que Jerry serait sûrement plongé au cœur de l’enfer, puis la radio a annoncé la nouvelle : l’invasion avait commencé. »
Ensuite on nous a déplacés à New Westminster et c’était très agréable. On était les seuls soldats en ville. Les gens étaient très gentils envers nous et mon meilleur ami est tombé amoureux là-bas et s’est marié. Il s’appelait Joe Legere et il était de Port Elgin dans le Nouveau Brunswick. Et j’étais garçon d’honneur à son mariage. Il avait 24 ans, sa femme 19 et elle était dans le CWAC, le service féminin de l’armée canadienne. C’était au début de 1944. Bon, les gens organisaient l’invasion sur le continent. Ils savaient qu’il allait y avoir des pertes lourdes, alors ils ont pris les hommes en service actif et on portait un petit badge rond sur nos manches qui disait SG, service général. Et les soldats concernés par la loi sur la mobilisation des ressources armées ont été appelés et ils n’avaient pas à aller outre-mer. On les appelait les zombies. Et alors mon bataillon était composé aux deux tiers de gens du service actif et un tiers de zombies. Mais dans beaucoup d’autres bataillons qui étaient par là il y avait un beaucoup plus grand nombre de zombies. Alors on nous a sortis de notre bataillon, les Saint John Fusiliers, et envoyés à Vernon. Et ils étaient en train d’organiser ce qu’ils ont appelé la 14ème brigade. Alors on nous a finalement dit qu’on partait outre-mer. La femme de mon ami, la femme de Joe Legere, est venue nous dire au revoir. Et quand on est montés dans le train, en partance pour l’Est, elle m’a serré dans ses bras et embrassé et elle a dit, prend bien soin de lui, Chic. Et hop on est partis. Ensuite on est arrivés à Greenock en Ecosse, on a reçu un accueil chaleureux des gens qui était sur les quais, des drapeaux, Bienvenu le Canada et ainsi de suite. Et on nous a envoyé dans un camp avec des tentes dans le Yorkshire, pas très confortable. Et on a fait de l’entraînement en endurance. Je dirais que deux ou trois fois par semaine, on partait pour une marche de 35 kilomètres ou plus, pour nous endurcir. Et puis un jour, on a vu – il y avait un aérodrome près de là où on était – le ciel était rempli d’avions. On disait, les boches vont en voir de toutes les couleurs maintenant et on a eu les nouvelles à la radio, l’invasion de la Normandie avait commencé. Alors des numéros sont sortis et on a été envoyés à Aldershot en Angleterre et là-bas on nous a mis en rangs et il y avait des régiments tout prêts à recevoir leurs renforts. Et un de mes potes a dit, et dis-donc, mettons-nous avec ce régiment, ils ont un joli insigne sur l’épaule. Les noms ne me disaient rien du tout. Alors on y est allés il se trouvait que c’était le South Saskatchewan Regiment. Quoiqu’il en soit, ils se sont arrêtés à la lettre L et mon ami, Joe Legere, est allé dans le Essex Scottish Regiment. Et nous voilà en route comme renforts pour ces régiments et quand mon régiment, le South Saskatchewan Regiment a fait sa première bataille, on est allés de l’autre côté jour J plus 30, le 6 juillet 1944. Et notre première bataille c’était le 20 juillet, deux semaines plus tard, à l’extérieur de Caen et c’était une sale bataille, en ce qui concerne les morts et les blessés. Beaucoup d’anciens combattants de Dieppe étaient avec le bataillon à ce moment-là et ils disaient que c’était encore pire qu’à Dieppe en ce qui concernait les morts et les blessés. Et alors le jour suivant, je suis allé dans la compagnie B, du South Saskatchewan Regiment, comme simple soldat. Ils avaient assez de signaleurs. Bon, j’avais passé deux jours là-bas quand ils ont dit, tu es un signaleur qualifié, on va t’envoyer en formation pendant une journée pour apprendre à te servir du set n°18. Et je suis allé quelque part, c’était un vieux château français et là-bas il y avait tout un tas d’autres gens venus apprendre comment utiliser le set n°18, de transmissions sans fil. Il faisait environ 45 cm de large et 60cm de haut, il pesait environ 18 kilos mais malheureusement, il avait une antenne de 2 mètres de haut dessus, alors ça montait bien haut et ça faisait de vous une cible facile. On a appris à nous servir de ça en une journée et devinez qui a partagé la tranchée avec moi ? C’était Joe Legere, il était là envoyé par le Essex Scottish. Alors je suis retourné dans mon bataillon et il est retourné dans son bataillon et une semaine après, j’ai eu vent qu’il avait reçu un éclat de balle de mitrailleuse allemande dans la poitrine et qu’il était mort sur le coup. Donc je n’avais pas pris soin de lui. Et ça me rend très ému quand je pense à ça, je vis avec ça depuis 65 ans maintenant, que je ne me suis pas bien occupé de lui. Quand je suis venu ici en 1972, j’ai appelé et j’ai découvert que sa femme – sa veuve – s’était remariée et elle ne voulait pas me parler. Alors je lui ai parlé au téléphone mais je ne l’ai pas vue.