Quand je suis arrivé à Liverpool, je suis allé sur mon premier navire, le SS Corinthic. Et on a navigué depuis Liverpool jusqu’à New York et retour. Mais sur le dernier bateau qui rentrait, on n’a pas eu cette chance. La deuxième nuit en mer au large de New York, on s’est retrouvés dans un combat ennemi. On perdait beaucoup de navires et il y avait des marins à l’eau partout, qui criaient à l’aide. La nuit suivante a été encore pire et puis c’en est arrivé à un tel point qu’on nous a donné l’ordre de quitter le convoi et d’essayer d’arriver à Liverpool, en Angleterre, par nos propres moyens. Et ça on l’a fait.
Or, après avoir quitté le convoi, une tempête s’est levée et toute notre cargaison sur le pont a bougé. Et c’était une cargaison très importante qu’on transportait. Alors on a reçu l’ordre des chefs d’essayer de sauver la cargaison en l’attachant. Et c’est là où je me suis retrouvé à bout de forces. Parce quand le bateau a été de retour à Liverpool, en Angleterre, j’ai dû aller voir un docteur immédiatement. Il ne m’a même pas laissé retourner sur le bateau. Il m’a envoyé à l’hôpital où j’ai passé presque un mois, à l’hôpital. Et ensuite il a dit, qu’est-ce que vous allez faire après ? J’ai répondu, je vais reprendre la mer. Vous ne pouvez pas repartir en mer. Alors il a pris des dispositions pour que je parte en maison de convalescence et, j’y suis resté pendant deux semaines. Et après les deux semaines, je suis reparti et j’ai rejoint mon deuxième bateau, le Llandaff Castle.
J’ai passé à peu près deux ans à faire le trajet à partir de Durban, de passage dans différents ports, jusqu’à la mer Rouge, le canal de Suez, jusqu’au canal de Suez et remonter jusqu’à la mer Rouge. Et lors d’un des derniers voyages de retour, on nous a donné l’ordre d’aller chercher des troupes à Mombasa (Kenya). On a navigué de nuit et on est arrivés là-bas tôt le matin pour prendre un tout petit endroit. On ne savait pas ce qui nous attendait, on ne savait pas à quoi s’attendre. Mais je dois dire, ça s’est bien terminé. Les soldats sont descendus à terre et en un rien de temps, c’était à nous.
Et puis sur le voyage du retour (30 novembre 1942), On a sans doute ramené les soldats qu’on était allés chercher et on a débarqué, on a débarqué à Mombasa et on a repris la mer. J’étais allongé sur ma couchette du haut, en attendant mon quart et on a été frappé par une première torpille suivie d’une seconde. J’ai été éjecté de la couchette, et j’ai atterri sur le sol. Je me suis relevé et j’ai enfilé mon gilet de sauvetage, me suis dirigé vers les canots et on a sortis tous les canots qu’on a pu. En un rien de temps, la gîte est devenue tellement forte, alors on ne pouvait plus sortir de canots. On avait presque tous les passagers et les soldats qu’on transportait – hommes et femmes – dans les embarcations. J’étais toujours à bord avec quelques membres de l’équipage et je suis allé à l’arrière du bateau. Je devais faire un choix : couler avec le bateau ou sauter à l’eau. Je ne pouvais pas nager alors j’avais mon gilet de sauvetage sur le dos, j’ai pédalé jusqu’à un petit radeau, il y avait deux hommes de plus sur le radeau, je n’ai pas pu monter dessus parce que c’était un tout petit radeau. Je me suis accroché à ce radeau pendant deux heures et j’ai perdu une de mes chaussures à force de repousser les requins. Et finalement, un bateau nous a rejoints et repêchés, un de nos propres canots. Et j’ai passé trois nuits, et trois jours dans un canot de sauvetage. On avait deux femmes avec nous dans le canot. Et le troisième jour, le convoi est arrivé et nous a repêchés et nous a ramenés à Durban en Afrique du Sud.