J’étais à Gourock (Écosse) de début septembre au 14 novembre. Mon frère, il est allé dans le nord à Aberdeen (Écosse), je suis parti dans le sud à Portsmouth (Angleterre). Il a pris le, je crois que c’était le (NCSM) Giffard, une corvette, et je suis parti dans le sud et j’ai pris le NCSM Chaudière. Et le bateau de mon frère a été torpillé et il a été tué au combat. On a eu de la chance en ce sens qu’on avait l’habitude de se mettre à quai à ce moment-là. La dernière fois que je l’ai vu c’était à Londonderry (Irlande du Nord) et son bateau était en mer. Et un ou deux jours plus tard, on est partis. On est revenus, on était à Londonderry le 9 novembre et à la minute même où je suis arrivé sur la terre ferme, il dit : « Hé, il dit, ton frère il était sur quel bateau ? » Et, oh, et puis entre temps, il était passé du Giffard au Chebogue. Il dit : « Il a été harponné. » Alors ça voulait dire qu’il avait été torpillé. Il a dit : « Je vais me renseigner ».
Donc j’ai reçu un appel du quartier maitre, il a dit : « Lieutenant Boyle veut te voir. » Alors je suis allé dans sa cabine et il m’a dit : « Asseyez-vous, Gaal. » Et là j’ai su que mon frère était mort. Ils ont remorqué le bateau jusqu’à Swansea, à Port Talbot en fait, mais il a été enterré à Swansea au pays de Galles. Son corps était dans l’épave et ils n’ont pas pu l’enlever jusqu’à ce qu’ils arrivent à un endroit où ils pouvaient vraiment travailler dessus. Et ils l’ont enterré dans le cimetière Morriston juste au nord de Swansea.
On a participé au torpillage de trois U-boot : le U-744 (6 mars 1944), sur lequel on a eu des prisonniers ; le U-621 (18 août 1944), il n’y a pas eu de prisonniers, mais il y avait des trucs qui sont remontés du bateau ; et le troisième n’a été confirmé qu’après la guerre quand ils ont examiné les dossiers. Le système ASDIC comme ils l’appelaient à l’époque, maintenant on utilise le mot sonar, pouvait vous dire à quelle profondeur il était et à quelle distance par rapport à vous il se trouvait. Mais il était toujours à un certain angle, vous voyez parce que le bateau était au dessus de lui. C’était monotone, vous ne pouviez pas voir jusqu’à ce que quelque chose apparaisse. Vous pouviez entendre le ding, ça faisait ding, ding, si vous touchiez quelque chose. Bon, ça pouvait être un ban de poissons, ça pouvait être n’importe quoi.
Pour le premier torpillage, celui du U-744, on était toute une bande là-bas. J’étais sur les grenades sous-marines et chaque fois qu’ils disaient, « Tire les grosses. » Je tirais les grosses, les larguais et ils faisaient ce qu’ils appelaient une attaque en tandem. Ils avançaient très lentement, à peu près 5 noeuds, et larguait une grenade sous-marine ou en tiraient deux, du chargeur, des lanceurs de grenades sous-marines, ils les lançaient par dessus le côté. Et un bateau vous dirigeait avec son sonar ou ASDIC, comme on les appelait à l’époque. Et on les suivait à la trace de cette manière. Mais le 744 était à environ 300 mètres de profondeur et ça nous a pris 32 heures pour le faire remonter. On a eu sept prisonniers dans le mess des torpilleurs, et c’était tous des gamins comme nous. C’était comme de se regarder dans un miroir.
Bon, on est devenus copains. Je finis mon quart une fois, bon, j’ai eu un homme avec une mitraillette, ils l’ont couvert, et ils n’allaient nulle part, et je ne sais pas si l’arme était chargée ou non. Je finis mon quart et ils sont tous entassés au dessus de cette table, qu’est-ce qu’ils sont en train de regarder bon sang. Ils avaient démonté la mitraillette, leur montrant comment elle marchait parce que c’était une des plus rapides, la Schmeiser je crois que c’était, ils avaient une mitraillette de 9mm qui était plus rapide au tir que n’importe quelle autre à cette époque. Je crois que c’était 900 coups la minute – c’était rapide.
Franchement je ne les haïssais pas. En fait, depuis la guerre, j’ai de l’admiration pour ce par quoi ils sont passés.