Project Mémoire

Charles Solomon

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Charles Solomon à Fredericton, New Brunswick, le 27 juillet 2010.
L'Institut Historica-Dominion
Je tremblais comme une feuille ; l’eau était tellement froide. Et ils m’ont faire boire du rhum. Ça vous réchauffe plutôt bien.
Et bien, c’était comme… Bon, vous alliez de Southampton, sommes allés en Normandie, et, bon, je n’ai pas vraiment posé le pied sur la terre ferme avant douze heures. Alors je suis descendu du bateau, du bâtiment transport de chalands de débarquement qui nous emmenait à terre et puis en avançant à partir de là. Une grande quantité de parachutistes nous ont beaucoup aidés. Ils ont vraiment assuré le jour J. Les avions, il y en avait à perte de vue, des quantités d’avions. Ils bombardaient les bunkers ; ils les bombardaient juste là. Et puis on avait des chars qui nous ont bien aidés. Maintenant ils faisaient une incursion avec les engins blindés à fléaux à l’avant, vous savez, les chaines tournaient, vous savez, faisaient exploser les mines antichars, les mines anti personnelles. Quand vous voyez des fils, vous dites au gars qui suit, fais attention où tu mets les pieds, c’est là qu’il fallait s’aider les uns les autres à mon avis. Et en ce qui concerne la manière dont les allemands nous ont aidés, ce que l’Allemagne avait fait quand ils avaient pris le contrôle des petites villes, ils capturaient tous les hommes, et au lieu de les mettre en prison, ils les mettaient dans leur armée de terre et ils ne voulaient pas combattre. Non, vraiment ils nous ont beaucoup aidé de cette façon. Sur le flanc d’une montagne, ils (les conscrits) nous ont même dit comment faire notre approche pour que personne soit descendu. Ça aidait beaucoup. Bon, le long de la côte, Falaise Gap et beaucoup d’aide est venue de nous, des chars qu’on avait. Une fois… Boulogne ! On avait seulement trois chars et les allemands étaient très au dessus dans la colline. Et puis de là, les chars se déplaçaient, on avait seulement trois chars, on a continué à faire des allers-retours comme ça. Et ils ont cru qu’on avait plein de chars. C’est pourquoi les allemands, ils se sont rendus. Notre officier savait parler allemand et puis il y avait un tunnel – c’est là qu’ils se terraient. Notre officier a parlé là dedans, s’ils ne voulaient pas se rendre, on les ferait mourir de faim. Mais c’est là qu’ils se sont rendus. Et puis là haut dans la colline, c’est là que les allemands avaient l’artillerie. Des roquettes de 88 ; celles avec le canon très, très puissant. Ils peuvent s’en servir comme canon antiaérien, ils peuvent s’en servir pour le personnel. Et là encore, notre officier leur a dit, que s’ils ne voulaient pas se rendre, on irait et on enverrait les Typhons, des lanceurs de missiles, pour faire sauter leurs canons. C’est comme ça que les allemands se sont rendus. On n’a pas eu besoin de passer à travers tout ça. Quand ils se sont rendus, c’était vraiment, vraiment bien. Quand on est arrivés dans la région de Hollande, de l’autre côté du canal Léopold, on ne pouvait pas le traverser. C’était trop hautement fortifié, alors on a dû en prendre un autre et faire une autre tête de pont. On a utilisé des chars amphibies et on a contourné et puis quand on a débarqué, à six heures, ils ont commencé à nous bombarder à partir de six heures. Il y avait de nombreuses digues tout autour. Ils ne pouvaient pas nous atteindre. Ils tiraient au dessus de nos têtes. Quand ils se sont arrêtés à douze heures à peu près, c’est là qu’on a fait une avancée. Et on est passé par dessus une digue, c’était de l’autre côté. On avait seulement deux lance-flammes. Le premier lance-flammes a été hors circuit à peu près à la moitié et l’autre était tout ce qui nous restait. Ils tiraient, des gerbes des lanceurs antichars d’infanterie et les allemands sont sortis, ils se sont rendus. Et cette nuit-là, c’est là que j’ai été blessé. Après qu’on ait inspecté le champ de mines, il n’y avait rien là parce que c’était à l’arrière des lignes allemandes à ce moment-là. Et un caporal qui était avec nous, il a dit, il faudrait vous allonger, on allait essayer de capturer la patrouille allemande qui sortait. Et l’homme qui était devant nous, le caporal et moi, allongés côte à côte comme ça, et les autres hommes derrière nous. Et cet homme, l’homme des explosifs, était juste devant. Et je lui ai dit, va derrière. Quand il est enfin allé derrière, il a traversé ce petit pont. Le bruit de ses pas, l’ont entendu, les allemands ont ouvert le feu, avec une petite mitraillette. J’ai été touché au bras ; il y avait des balles qui fusaient au dessus de nos têtes. Et puis j’ai dit au caporal, et j’ai dit, vous tirez trop haut. Il a mis un autre magasin dans la mitraillette Sten qu’il avait, alors il n’y avait plus un seul bruit à ce moment-là. Et puis après avoir été blessé, il y avait ce petit pont, il y avait de l’eau et j’ai sauté dans l’eau, ça me montait jusqu’à la poitrine. L’eau était froide. Et ça c’était après que j’aie été blessé. Je suis allé de l’autre côté, sous ce petit pont, de l’autre côté. Quand je suis arrivé de l’autre côté, j’ai entendu des pas. Et quand j’ai regardé, c’était un de nos gars et j’ai dit, hé, ohé – et il a sauté par dessus la haie. Il a filé tout de suite, et il fallait que j’aille du même côté aussi. Il fallait que je retourne là où se trouvait l’officier, et découvrir comment on s’en était sortis. Et il dit, on s’en est bien sortis. On n’a pas trouvé de mines, rien. Alors c’était, on allait être à l’avance ce jour-là. Il était deux heures du matin et c’est là que j’ai été blessé. Après mon retour, ils m’ont demandé si je voulais sortir cette nuit-là, ils voulaient me faire sortir. Et j’ai dit, je veux juste attendre jusqu’au matin. Je tremblais comme une feuille ; l’eau était tellement froide. Et ils m’ont faire boire du rhum. Ça vous réchauffe plutôt bien. Et de là, on a pu reprendre tout le truc et prendre les allemands par surprise aussi, en faisant cette autre tête de pont dans les parages.