Project Mémoire

Charlie Hunter

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

M. Charlie Hunter
M. Charlie Hunter
Après la Sicile, M. Hunter et d'autres soldats ont rempli un réservoir d'irrigation avec de l'eau et ont crée une piscine. M. Hunter est assis sur les épaules de son ami Eddie.
M. Charlie Hunter
Mr. Charlie Hunter
Mr. Charlie Hunter
Charlie Hunter le jour où il est revenu chez lui, à l'extérieur de la maison de ses parents.
Mr. Charlie Hunter
Charlie Hunter
Charlie Hunter
Charlie Hunter avec sa famille juste après son enrôlement.
Charlie Hunter
Mr. Hunter
Mr. Hunter
Photo de M. Hunter juste après son enrôlement en 1939.
Mr. Hunter
M. Charlie Hunter
M. Charlie Hunter
Photo prise à Rome.M. Hunter est photographié avec le sergent Burt Higbin et Eddie Geary. Ils ont tous les deux été tués plus tard pendant la guerre.
M. Charlie Hunter
Et ils nous bombardaient avec des 88mm un jour, et j’étais dans la tranchée, et un obus est tombé juste là devant ma tranchée. Je ne sais pas à quelle distance ; je n’arrive même pas à deviner.

La deuxième nuit qu’on a passé là-bas, la deuxième nuit de l’invasion de la Sicile, on se débrouillait très bien et on était remontés, on s’était déplacés vers l’intérieur des terres et c’était complètement silencieux et alors l’ordre est arrivé, postez des sentinelles et allez dormir. Alors tout le monde a sorti sa couverture et posté une sentinelle et on s’est allongés pour dormir. Et je me suis réveillé au son de la mitraillette qui crépitait avec la sentinelle qui criait, des parachutistes ! Et j’ai regardé en l’air et mon Dieu, le ciel était rempli de parachutes. J’ai dit, oh mazette, vous savez. J’ai attrapé mon fusil et je me suis rangé derrière l’avant-train. Et j’ai rampé derrière la roue là-bas et mince, j’avais des visions d’allemand géant arrivant derrière moi sans bruit et me tranchant la gorge. Et en tout cas quand ils ont atterri, au moment où ils avaient atterri – beaucoup de gars, beaucoup de tirs. Je n’ai pas tiré un seul coup, contrairement à beaucoup de gars – et puis tout est redevenu silencieux. Et alors un ordre est arrivé, on avait un système de sonorisation branché au poste de commandement, à destination de chaque canon, et l’ordre est arrivé tout tranquillement, ne tirez pas, il est possible qu’ils soient de notre côté. Et c’était bien le cas finalement. C’était des américains, ils avaient atterri au mauvais endroit. Mais c’était un truc assez effrayant, je peux vous le dire.

On est allés jusqu’au Sangro (fleuve) et on se dirigeait vers Ortona là-bas. Et il y a eu un autre petit incident sur le Sangro, il tombait des cordes, et ça tombait dru. Et les allemands avaient fait sauter le pont au dessus du fleuve, et bien sûr on ne pouvait pas traverser sans pont et on était là en file à attendre pour traverser. Et un homme est arrivé dehors avec un imperméable au dessus de la tête et tout, et il a frappé à la porte et il dit, ça va prendre un petit moment, il dit, les gens du Génie, dit-il, il n’arrêtent pas de leur tirer dessus avec des mortiers et ils ont beaucoup de mal avec leur pont. J’ai dit, bon sang vous avez l’air trempé. Il dit, oui, en effet, Je lui dis, bon venez vous changer les idées. Oh oui, d’accord, il dit. Alors il est monté dans le camion, on était assis là à papoter et il dit, quelqu’un qui vient de Montréal ? Et je réponds – et il fait nuit noire – alors je dis oui, moi. Oh, dit-il, d’où tu viens ? Et je dis, de Rosemont. Oh, dit-il, moi aussi. Est-ce que tu connaissais du monde là-bas ? Je dis oui nu peu. Bon, dit-il, je m’appelle Ben Smith. Et je suis plié en quatre de rire, j’ai dit, moi c’est Charlie Hunter. Il dit, Charlie ? Je dis, ouais. Il dit, comment va Jimmy ? Et je réponds, Jimmy est mort. En tout cas, c’était un de mes amis, c’était son frère qui était plutôt ami avec moi, lui c’était un ami de mon frère parce qu’ils étaient plus vieux. Mais Bill était un ami à moi et tellement drôle ces petites choses, qui arrivent comme ça.

On est allés à Cassino. On y est allé pour aider l’armée américaine à prendre Rome évidemment. Et c’était vraiment moche là-bas. On est arrivés, la première nuit on est remontés et c’était un drôle de truc, les avions allemands sont arrivés et ont commencé à mitrailler notre colonne et à la bombarder. Alors on est tous sortis des camions et on a couru d’un côté et de l’autre. Et la manière dont ça s’est fait, on a trouvé plein de tranchées étroites et elles étaient bien et profondes, c’était les allemands qui les avaient construites. Et quand on a sauté dedans, il y avait déjà quelqu’un là dedans. Il s’est avéré qu’elles étaient remplies d’allemands morts. La 4ème division d’infanterie britannique était passée par là et je suppose que les allemands qu’ils avaient tués, ils les avaient juste rejetés dans leurs propres tranchées.

Mais on s’est quand même blottis dedans jusqu’à ce que les avions disparaissent et on est ressortis. Et le 88mm c’était le meilleur canon pendant la guerre et il appartenait aux allemands. Et ils nous bombardaient avec des 88mm un jour, et j’étais dans la tranchée, et un obus est tombé juste là devant ma tranchée. Je ne sais pas à quelle distance ; je n’arrive même pas à deviner. Mais je l’ai entendu arrive à travers la terre et je me suis dit, ça m’arrive droit dessus et j’ai retenu ma respiration, et il ne s’est rien passé. C’était un raté. Mais je me suis dit, Charlie, ça pourrait bien se déclencher à retardement, alors fiche le camp d’ici. Et je l’ai fait et j’ai couru à 300 mètres de là avant d’arrêter. Et il n’a jamais explosé, en fait, c’était un raté. J’ai remercié les ouvriers tourmentés qui travaillaient pour les allemands parce qu’ils se servaient d’un tas de gens qu’ils forçaient à travailler et je me suis dit, un des ces gars a fabriqué cet obus et a fait en sorte qu’il ne puisse pas exploser.