Project Mémoire

Chester Whelen

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Chester Whelen
Chester Whelen
Chester Whelen, 2010.
Chester Whelen
Chester Whelen
Chester Whelen
Chester Whelen (au centre) avec deux camarades sur un navire hôpital pendant la guerre.
Chester Whelen
Chester Whelen
Chester Whelen
Chester Whelen en 1942.
Chester Whelen
Lac la Biche Post
Lac la Biche Post
Photo issues d'un article de journal de l'Alberta, qui monre les camarades de Chester Whelen.
Lac la Biche Post
Chester Whelen
Chester Whelen
Portrait de Chester Whelen en uniforme.
Chester Whelen
On était là dans un cham de blé, un tas de gars se sont retrouvés projetés en l’air, des bras et des jambes qui retombaient.
On était juste des renforts, plus ou moins. Quand on a atterri en Angleterre, on n’est pas restés très longtemps, trois ou quatre mois, je pense, et puis le jour J. Tous les avions étaient là-haut dans le ciel le jour précédant le jour J. Je n’oublierai jamais ça parce que le ciel était noir. Des planeurs, et tout le reste. Puis, je ne sais pas, environ une semaine après ça, on est allés là-bas sur les barges et on a débarqué sur des barges en France, en Normandie. Bény-sur-Mer ils l’appellent. Il y avait encore quelques combats sur la plage mais, pas trop ; il y avait seulement quelques tireurs isolés de temps à autres. De là, on est montés tout droit, on était à environ une douzaine de kilomètres en France à ce moment-là. On a pris le relai du North Shore (Regiment of New Brunswick), ce régiment était là-bas et on a pris le relai à partir de là… Je me souviens de ce gars dont j’ai pris la place. Il pleurait dans sa tranchée là-bas, un jeune gars. Et puis nous avons pris le relai là-bas, et on a pris une sacrée dérouillée cette fois. De toute la compagnie seulement 19 ont réussi à s’en sortir là-bas. Ils tiraient avec leur gros 88mm (mortier anti char allemand) et ils sont tombés sur un tas de gars à ma gauche. Je n’oublierai jamais. On était là dans un cham de blé, un tas de gars se sont retrouvés projetés en l’air, des bras et des jambes qui retombaient. Quand on s’est rassemblés, en marchant dans le noir, il faisait sombre à ce moment-là. On a entendu un bruit à côté de la route là-bas. Il faisait noir. On est allés là-bas et il y avait deux allemands, blessés. Il y en avait un qui avait la tête sur l’épaule de l’autre. Bon, un des gars avait une balle qui lui avait traversé la poitrine et l’autre gars, il braillait, il braillait, et une balle lui avait traversé le gros doigt de pied, c’était tout ce qu’il avait. On en a un peu rigolé après coup, ce gars qui criait et beuglait. Je suppose qu’il avait très mal. Mais il avait une balle qui lui avait traversé le gros orteil. L’autre gars était mourant, mais ils étaient allongés par terre, ils avaient chacun la tête sur l’épaule de l’autre, tête contre tête. Il commençait à faire sombre à ce moment-là ; et les allemands, il y avait un énorme tas de foin dans le champ et il commençait à faire sombre ; et ils y ont mis le feu, les allemands, et puis ça a tout éclairé. On a pris une bonne dérouillée cette fois. Ils essayaient d’expliquer du mieux qu’ils pouvaient ce qui se trouvait devant nous. Mais de nombreuses fois ils se sont trompés. Le dernier jour, je n’arrive pas à me souvenir du dernier jour, pas longtemps avant que je sois blessé. Les allemands là-bas, ils sont arrivés d’une colline une fois, on faisait une attaque à la baïonnette. Bon il y avait des gars dans cette armée allemande, je vous parie qu’ils n’avaient pas plus de 15 ou même 13, 14, 15 ans ; et certains d’entre eux pleuraient. Vous savez, on ne leur a jamais tiré dessus. Ils ne nous ont jamais tiré dessus non plus, ils laissaient tomber simplement. Je me souviens d’un gars qui avait un bandage autour de la tête ; et les autres gars marchaient sur ce bandage. Des choses comme ça vous reste en mémoire, vous savez, parce qu’en fait vous aviez pitié de ces gamins. Vraiment jeunes ces soldats, ce groupe. C’était vers la fin.