Project Mémoire

Claude Loiseau

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Médailles portées par M. Claude Loiseau. Membre de l'Ordre du Mérite Militaire; Médaille canadienne de Corée; Médaille canadienne de service volontaire en Corée; Médaille du Service Spécial; Médaille canadienne du maintien de la paix; Médaille des Nations-Unies pour la Corée; Force des Nations-Unies à Chypre; Médaille du centenaire du Canada; Médaille du jubilé de la Reine Elizabeth II; Décoration des Forces canadiennes (2 barres).
M. Claude Loiseau, juillet 2011.
On a pu récupérer les corps de ces quatre là. C’est sur cette patrouille-là qu’il (le lieutenant J. B. Riffou) s’est mérité la Croix Militaire. Pour l’exécution parfaite de la mission.

Je suis Claude Loiseau, je suis né à Longueuil le 12 décembre 1933. J’ai été promu sergent au mois d’août. En 15 mois à partir de ma date d’enrôlement, j’étais sergent à 18 ans et quelques mois. On avait plusieurs vétérans de (19)39-(19)45 au bataillon (3e Bataillon du Royal 22e Régiment), qui occupaient des fonctions telles que quartier-maître, sergent-major de compagnie. C’est gens-là nous ont aidé énormément. Dans la formation, on comptait sur eux pour nous montrer la direction. Ils nous ont reçus à bras ouvert. Parce qu’ils ont réalisé que c’était nous la relève qu’on ne venait pas là pour les remplacer. C’était des gens, c’était des cadres en fait. C’était des gens qui avaient les connaissances pour nous perfectionner et nous permettre d’avancer dans la vie militaire. Alors il fallait, quand vous voyez des gens avec six ou sept rubans de campagne et de guerre vous les respecter énormément. C’était un respect mutuel. Il y avait surement des accrochages à certaines occasions. Mais ce n’était pas fréquent et ça se réglait assez vite.

Au mois de mai de (19)53 on a pris position sur la colline qui était isolée de la compagnie avec laquelle, enfin isolé possiblement aussi du bataillon. Mais qui couvrait une ouverture dans deux positions. Une occupée par le « RCR » (3e Bataillon, Royal Canadian Regiment, près de la colline 187) et la compagnie D du 3e Bataillon (Royal 22e Régiment). Il y avait un genre de passe qu’il fallait absolument garder sous contrôle. C’était la position qu’on avait désignée au peloton 5 qui était commandé, mon peloton, qui était commandé par le lieutenant (J. B.) Riffou qui est devenu général comme vous savez. Et sur cette même colline-là que lui a baptisée la Bute à moineaux. C’est à cet endroit qu’il s’est mérité la Croix Militaire (la troisième plus haute décoration britannique décernée aux officiers subalternes pour bravoure et service distingué) pour son rôle dans la récupération des corps qui avaient été laissés en avant de nos postions. En avant de la compagnie D (du 3e Bataillon, Royal 22e Régiment) après une patrouille de combat commandée par le sergent Guy Desjardins de Saint-Boniface dans l’Ouest (Manitoba) qui avait été a toute fin pratique tué (au combat le 20 mai 1953). Qui avait eu quatre morts qui ont été récupérés. On a pu récupérer les corps de ces quatre-là. C’est sur cette patrouille-là qu’il (le lieutenant J. B. Riffou) s’est mérité la Croix Militaire. Pour l’exécution parfaite de la mission. Il y a deux autres corps de cette même patrouille qui ont été retrouvés quelques années plus tard. J’ai encore en mémoire les six jeunes soldats en question dont aussi le sergent qui était incidemment mon meilleur ami, avec qui je m’adonnais très très bien. Il commandait le peloton 6. C’est lui qui avait été désigné pour mener la patrouille de combat. J’avais sorti sur une patrouille de reconnaissance quatre jours auparavant, deux à quatre jours auparavant. C’est lui qui avait suivi avec une patrouille de 11 hommes quelques jours plus tard, mais malheureusement ça n’a pas…

Le nom du commandant la patrouille est inscrit sur la feuille de tâche. Le choix est celui qui est responsable de la patrouille. C’est lui qui choisit ses hommes. Que ce soit une patrouille de reconnaissance ou une patrouille de combat. La patrouille que le commandant de peloton a fait pour récupérer les corps ça, ça avait été décidé naturellement à un haut niveau étant donné l’importance de la mission. Il y avait eu des augmentations en ce sens de pionniers (ingénieurs de combat) qui accompagnaient la patrouille. Il y avait des assistants médicaux. Alors la patrouille était assez considérable, une cinquantaine d’individus qui formaient la patrouille. Il y avait un barrage d’artillerie qui avait été homologué sur la position ou reposaient les corps. Parce qu’on avait identifié l’endroit et tout. Il y avait un cordon pour protéger et récupérer les corps et revenir sain et sauf à destination. Il fallait absolument aller les chercher, ça faisait 19 jours que les corps étaient là. Alors vous pouvez vous imaginer… au soleil, la pluie, l’état de nos hommes. C’est ce que les autorités craignaient qu’il y ait une embuscade lorsqu’on déciderait d’aller les chercher. Heureusement ça s’est déroulé parfaitement.

Les soldats occupent leur position défensive après le repas du soir avant la brunante et ils y demeurent durant toute la nuit et vont se reposer lorsque le soleil se lève. Après le petit déjeuner en fait, il y a une inspection qui se fait, une inspection d’hygiène personnelle et ça c’est le sergent de peloton qui fait ça et inspection des armes. Vérification des munitions. Pour le retour sur les positions dans les tranchées le soir qui suit. Alors c’est leur routine. Ils doivent demeurer dans les tranchées. Ils peuvent étant donné que c’était assez froid durant les nuits. Ils pouvaient se réchauffer en marchant dans les tranchées de communication, mais il ne fallait pas s’éloigner trop trop n’ont plus. Fallait rester aux aguets, mais ça c’était la responsabilité des commandants de section avec naturellement leur commandant de peloton qui décidait de ce que représentait leurs activités durant l’occupation, de leur position durant toute la nuit.

C’est le commandant de peloton qui lui recevait ses ordres du commandant de compagnie naturellement. Ça se résume à ça. Pas grand-chose. Mais c’était d’être là et d’avoir les yeux ouverts et les oreilles à l’écoute pour récupérer tout mouvement en avant de nos positions. Heureusement, ont été là deux mois. Puis on n’a pas eu d’incident à part qu’un soir. C’est arrivé drôlement, mon comandant de peloton est allé en repos pour 24 heures. Puis c’est moi qui commandais le peloton. On avait une patrouille. Ce qu’on appelle un poste d’observation avancé. Peut-être un 300, 400 mètres en avant de nos positions. Puis il y avait les communications, mais malheureusement il y avait un obus qui était tombé dans la journée sur le fil qui assurait les communications. Alors quand les gens ont pris position, ils devaient se rapporter à moi comme quoi ils étaient rendus positions. Alors un jeune homme de 19 ans qui se voit avec… Qu’est-ce que je fais? Qu’est-ce que je fais? J’ai envoyé une patrouille de reconnaissance pour m’assurer que les gens étaient bien rendus en place. Avec des portables de communication. Puis on m’a assuré que les trois individus étaient bien en poste. Alors j’étais soulagé.