Project Mémoire

Clifford Gilbert Vernon Hobbis

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Parade de la Libération à Witteveen, aux Pays-Bas.
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Parade de la Libération à Witteveen, aux Pays-Bas.
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Clifford Hobbis
Clifford Hobbis
Parade de la Libération à Witteveen, aux Pays-Bas.
Clifford Hobbis
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
M. Hobbis et son fils Arthur en 1943.
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Parade de la Libération à Witteveen, aux Pays-Bas.
Clifford Gilbert Vernon Hobbis
Quand on est revenus avec la jeep, s’il y avait une trentaine de personnes dans la pièce, il y en avait 29 avec les larmes aux yeux. Ca les a secoués, c’était un de nos miracles.

A Kingston en Ontario, on était tous les deux là, Ron. Il était plus jeune que moi d’un an. Et il avait été transféré dans l’infanterie et envoyé ailleurs et je suis allé voir le sergent-major et ensuite j’ai dû aller voir le commandant pour savoir comment c’était arrivé parce qu’on voulait être ensemble. Et il a dit qu’il avait juste été transféré. Et alors ils m’ont dit que je pouvais demander à ce qu’il reste avec moi, parce que j’étais son frère aîné. Alors j’ai fait la demande, j’ai fait tout ce que j’étais censé faire, et mon frère est revenu à Kinston en Ontario, en colère parce qu’il avait une permission de deux semaines et il était en route pour aller voir sa femme avant de partir outre-mer. Alors quand ils l’ont ramené à Kingston, pendant un certain temps là-bas, on ne s’est pas trop parlés. Mais Ron a compris et il était content parce qu’on nous a tous les deux envoyés à Vancouver en permission pendant deux semaines avant de partir outre-mer. Et en Angleterre, ou était-ce la Belgique - j’oublie - la même chose est reproduite. Et j’ai pu demander à ce qu’il soit avec moi à nouveau. A cette époque vous pouviez demander à ce que votre jeune frère reste avec vous pendant tout le temps du service.

Nous nous sommes rendus à notre camp, nous sommes allés à Chilliwack et Vernon et ensuite à Barryfield. Et de Barryfield nous sommes partis à Halifax et ensuite l’Angleterre. Partis à bord d’un bateau dont je me souviens distinctement parce qu’il y avait tellement de garçons malades et il y avait un auditorium et pourquoi ça, ils étaient là allongés partout. Et il y avait un Monsieur en uniforme, qui s’est mis au piano qui était là et qui a commencé à jouer Oh Holy Night. Et pendant qu’il jouait, quelques gars se sont approchés. L’un d’eux avait une guitare et pendant un moment il a changé de style et commencé à jouer une musique un peu plus moderne ce qui a complètement changé l’ambiance qui régnait sur le bateau tout entier, plus ou moins. Et puis il s’est levé et a annoncé qu’il était révérend. Il était pasteur. Et c’était sa manière à lui de se présenter aux gens et ensuite on a chanté des hymnes et ça a tout changé. Et j’ai pensé que c’était quelque chose d’important dans ma vie, aller là-bas et voir – c’était seulement un moment terrible, malade tout le temps.

Mais je me sentais bien tout le temps. Tous les deux mon frère et moi, on n’était pas, je ne devrais pas dire que la maison ne nous manquait pas mais on avait confiance. On avait notre foi inébranlable qui nous disait que tout allait bien se passer. Et on n’était pas inquiets, vraiment. On n’avait pas peur. Et on faisait ce qu’on nous disait.

Le temps passant, on s’est retrouvés avec, je crois que son nom était le Major Storms. Mais on s’est retrouvés dans un grand bâtiment et on était peut-être bien une trentaine dans ce bâtiment. Et la jeep du commandant était de l’autre côté de ce champ. Et il voulait qu’on lui rapporte cette jeep près du bâtiment. Et, je crois qu’il s’appelait Jack De Groot. Il venait de Regina. On l’a envoyé en face pour rapporter la jeep. Il a fait 3 ou 4 mètres et il y avait une mine et son pied a été arraché et il avait fallu le ramener à l’intérieur et le commandant voulait toujours sa jeep. Et aussi vrai que je suis assis là, il m’a regardé pour que j’aille la chercher et bien-sûr, mon frère et moi on était ensemble tout le temps, il avait un an et demi de moins que moi. Et vous savez, on a décidé qu’on allait s’agenouiller pour prier. Et je parie que quelques uns de ces gars sont encore en vie, et ils savent très bien. Et on s’est agenouillés près de la porte et on a prié et ils se moquaient de nous. Mais vous savez, on a traversé ce champ, et on l’a rapportée cette jeep. Quand on est revenus avec la jeep, s’il y avait une trentaine de personnes dans la pièce, il y en avait 29 avec les larmes aux yeux. Ca les a secoués, c’était un de nos miracles.

On était à Amsterdam et on a croisé un, un monsieur, qui s’appelait Karpal et il était docteur en Hollande. Et il avait une maison de trois étages. Et en bas dans le sous-sol, en dessous du sous-sol il avait des machines qui imprimaient des tickets de rationnement, du travail de résistant. J’ai deux de ces tickets qu’il fabriquait et qu’il distribuait. Mais en haut dans son grenier, en haut dans ce que j’appelle le grenier, il nous a fait voir, il a déplacé les tapis en haut . Sous le tapis, il y avait un trou de 7,5 par 12 cm dans le bois. C’est par là qu’ils donnaient à manger à un juif. Et quand il bougeait cette latte sur un côté, vous aviez peine à y croire. C’était juste comme dans une ruche tout autour de cet homme, de tous les côtés. Je ne sais pas combien de temps il était là-bas mais il faisaient tout pour le garder en vie. Et on n’a jamais vraiment su s’il était mort ou bien s’il s’en était sorti parce que à ce moment-là on avait dû partir. Mais c’était une maison très particulière. Et on n’a jamais oublié les jours passés avec ce monsieur.

Et vous savez, il parlait, ce Dr Karpal, il comprenait l’allemand, on ne savait pas ce qu’il disait. Mais ce monsieur parlait. Et on est parti, on ne sait pas s’ils l’ont caché ou ce qui s’est passé après ça. Mais c’était vraiment très dur pour nous de savoir qu’il allait peut-être mourir là. On n’a pas vraiment su.

Et on était en Allemagne juste quelques kilomètres à l’intérieur, trois kilomètres, quinze kilomètres, j’ai oublié, et on devait rapporter des véhicules. Et quand on rapportait les véhicules, on avait une estafette, un jeune gars en motocyclette qui roulait devant nous. Et tout à coup, le convoi tout entier, le groupe tout entier s’est arrêté sans crier gare. Et ils ont commencé à sortir des véhicules et à marcher vers l’avant. Et est-ce que c’était les allemands, qui que ce soit, ils avaient tendu un fil et pour moi ça ressemblait aux cordes de piano, ou une corde de guitare, peu importe, mais très fine et un peu brillante. Et ça lui a détaché la tête du corps pratiquement, à l’estafette.

Bon, vous n’avez jamais vu des gars abasourdis. C’était au milieu de la guerre. Parce que, et puis, on a découvert, qu’il avait été là, qu’il faisait la guerre depuis deux ans. Et puis on a su, il avait à peu près 17 ans quand ça s’est passé. Et je n’ai jamais su comment il s’appelait.