Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Je m’appelle
David Crook. J’ai servi dans l’armée avec le 2e Bataillon du Princess
Patricia’s Canadian Light Infantry, en Corée de 1950 à 1953. Je me suis joint à
l’armée quand j’avais 19 ans. J’étais probablement dans la moyenne d’âge,
à l’exception des anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale qui se sont
joints à l’époque. Ils ont fait appel à une force spéciale, et plusieurs
d’entre eux sont revenus dans l’armée. Nous attendions que le gouvernement
canadien décide si nous y allions ou non, parce qu’à ce moment-là, la guerre
semblait être sur le point de se terminer. Toutefois, les Chinois se sont
impliqués, et cela a commencé une nouvelle phase, et le premier ministre a
décidé qu’il devait mettre quelque chose en place en signe de solidarité, et il
a donc envoyé le 2e Bataillon, dont je faisais partie.
Je n’y suis
pas allé en bateau comme la majeure partie des troupes, j’y suis heureusement
allé par avion dans les deux sens, aller et retour. J’ai eu beaucoup de chance
à cet égard parce que ceux qui étaient sur le bateau n’ont pas eu un voyage
favorable. Ils étaient plutôt très mal en point lorsqu’ils sont arrivés à
Pusan.
Je me suis
joint au bataillon de Miryang juste avant que nous partions vers les lignes de
front. Les Chinois essayaient d’attaquer en force, et nous avions été insérés
dans la ligne de Kapyong (du 22 au 25 avril 1951). Les Australiens d’un
côté et les Britanniques du côté gauche. Durant l’action qui a suivi, le Gloucestershire
Regiment a été pratiquement anéanti. Je crois que 56 personnes seulement
en sont sorties vivantes. Les autres ont été soit tués soit capturés. Les
Australiens s’en sont mieux tirés, mais ils ont tout de même été durement
touchés eux aussi. Ils ont été chassés de leur position sous risque d’être
anéantis sur place. Nous pouvions les voir de l’autre côté de la vallée. Ils
étaient sur une colline un peu plus basse que la nôtre. Ils ont finalement dû
céder leur position après avoir perdu 56 hommes, et ensuite les Chinois se
sont tournés vers nous. Nous y sommes restés pendant trois jours. Nous avons
bloqué la route vers Séoul parce qu’il s’est avéré que tout juste derrière la
colline se trouvait un terrain très plat, et que cela aurait été une ligne directe
vers Séoul, et que les Chinois n’auraient eu aucun problème à capturer Séoul.
Et le fait que nous sommes restés là durant trois jours a permis aux alliés de
se regrouper et de changer le cours de la bataille. Et de plus, nous avons
sauvé Séoul dans le processus, ce qui, je crois, est la raison pour laquelle
nous avons reçu une citation présidentielle de la part des États-Unis [citation de l’unité présidentielle].
Ces trois jours
ont été éprouvants, je suppose. Passant du pur ennui à la pure terreur.
Parfois, ça ne s’arrêtait pas. Il y avait des accalmies lorsque l’ennemi se
regroupait pour une autre attaque, alors nous avions un peu de répit pour
réfléchir un peu. Mais la plupart du temps, c’était sans arrêt. Heureusement,
nous avons été capables de nous en tenir à un taux de pertes de seulement dix
morts, et d’environ 19 blessés, ce qui était bas considérant les pertes
que nous avons infligées à l’ennemi. Les estimations montent jusqu’à 2000. Et
je n’ai aucun doute que le chiffre se trouvait dans les alentours de 1600, ou
1700 ne serait même pas exagéré. Je crois que nous avons fait du bon travail
là-bas.
Un certain
nombre de personnes qui étaient là-bas ont été remarquables. Le capitaine Wally
Mills, qui était le commandant de la Compagnie C; il a appelé un feu
d’artillerie sur nos propres positions, ce qui nous a réellement sauvés parce
que les Chinois ont été pris à découvert, et après deux heures, ils ont
interrompu l’attaque. Sans cela, nous aurions été assiégés comme le Gloucestershire
l’a été. Mais heureusement, il a eu la présence d’esprit de faire ça et par
conséquent, il a reçu la Croix militaire. Le commandant de bataillon colonel [Jim] Stone a très bien combattu. Il
était un soldat distingué de la Deuxième Guerre mondiale et il était habitué
aux combats dans les collines d’Italie. Il a livré un bon combat. Le commandant
de ma compagnie, le major Vince Lily, a également fait un travail remarquable. Le
soldat Mitchell a reçu la D.C.M. [Médaille de conduite distinguée] pour son
travail avec une mitrailleuse Bren. Ken Barrwise… Et beaucoup de gens impliqués
dans cette action n’ont pas reçu leur dû. Le fait qu’ils soient restés et aient
combattu pendant trois jours, complètement encerclés, et ravitaillés par voie
aérienne, cela n’est pas une mince affaire. Je crois que beaucoup de gens
méritent plus de reconnaissance.
N’ayez jamais
honte de porter un uniforme. Il n’y a rien de mal à être soldat. Je crois que
c’est une aspiration noble que d’en être un, et jamais ils ne devraient
s’effacer devant quelqu’un qui les accuse de faire quoi que ce soit d’autre que
ce qu’ils croient être pour le bien de leur pays.