Project Mémoire

David D. Simpson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
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David Simpson à Blenheim, Ontario, le 20 avril 2010.
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David Simpson
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David Simpson, 1945.
David Simpson
« C’est incroyable comme tous étaient solidaires les uns des autres. J’ignore si tous les régiments étaient comme celui-là, mais celui du Lac supérieur était franchement épatant. »
J’étais plutôt grand et je marchais dans la rue et les gens me disaient : « comment se fait-il que tu n’es pas à l’armée? » et je répondais : « je ne suis pas assez âgé ». « En tout cas tu es assez grand » qu’ils me répondaient. Je me suis enrôlé dans un régiment de reconnaissance à Windsor. Les gars avaient tous à peu près le même âge que moi. Il y avait pas mal de rigolade et de choses qui se passaient et on recevait 1,50 $ par jour. Et j’essaie de penser - Smith, il venait de la région d’Ottawa, loin par là-bas. Il m’a demandé « qu’est-ce que tu penses de ça? Ils peuvent nous tirer dessus pour 1,50 $ par jour? » Un jour, ils sont venus et bien sûr, c’était après le Jour J [l’invasion de la Normandie, le 6 juin 1944]. Ils perdaient des gars dans l’infanterie. Ils n’en perdaient pas autant dans les corps blindés et ils avaient besoin de renforts pour l’infanterie. C’est pour ça qu’ils nous ont réaffectés. Et le brigadier – j’ai oublié son nom de famille – est arrivé à Woking [Angleterre] et nous a dit qu’on allait être réaffectés à l’infanterie et qu’il n’y avait rien de mal à faire partie de l’infanterie. Et qu’on allait aimer ça. Il s’est fait huer parce qu’ils étaient entraînés pour autre chose. Donc on a dû faire tout l’entraînement. De là, on est allé Helmsley, en haut dans le Yorkshire pour un entraînement de 30 jours et ensuite on nous a envoyé de l’autre côté [en Normandie, France]. Quand on est arrivés là-bas, ce qui était drôle, on devait marcher, ils avaient installé un pont d’équipage. On devait marcher et ça montait et ça descendait. C’était un jour de juillet où il faisait très très chaud et on portait notre attirail de route au complet. Tout ce qu’on possédait, on le portait sur le dos. Et il y avait les prisonniers Boches [Allemands] qui étaient transportés par camion. Et on se disait, vous voyez, qui diable est en train de gagner cette guerre? De là, on est allés dans une autre unité de dépôt et ensuite on nous a affecté à un régiment. Et tous ceux, je pense que tous ceux qui faisaient partie du Lake Superior Regiment avaient des noms qui commençaient avec la lettre S. Je ne sais pas pourquoi. On avait des semi-chenillés et des portes-mitrailleuses Bren, ce qui était mieux que juste l’infanterie. On était avec le corps blindé, donc on pouvait avancer avec les chars et tout ça. La première chose que je - je n’avais jamais été dans d’autre régiment que celui dans lequel je m’étais enrôlé. Je n’avais jamais entendu parler du Lake Superior Regiment. Et on est allés là-bas et comme je le disais je suis allé de Woking à Helmsley, dans le Yorkshire, donc tout de suite, la poste et tout ça était en retard et j’avais commandé - ils avaient une banque de cigarettes à Londres où vous pouviez envoyer de l’argent et ils vous renvoyaient une cartouche de cigarettes, 300 dans une cartouche. Quand je suis arrivé au régiment j’ai demandé où était la cantine ou la Sally Ann [l’armée du salut] ou les Chevaliers de Colomb pour que je puisse aller m’acheter des cigarettes. Tout était…alors le gars me lance une cartouche de 300, il me dit « quand tu recevras les tiennes, tu me les rendras ». Je n’avais encore jamais vécu ce genre d’amitié vous voyez, parce que je venais d’arriver. Donc ça, ça m’a vraiment frappé. C’était toujours comme ça. Le régiment et les gens du régiment passaient en premier. Et c’était très fort. Les officiers ne portaient pas leurs galons – ni les sergents – parce que les tireurs d’élite cherchaient les chefs. Alors ce gars vient vers moi un jour et me dit : « va là-bas et donne-leur un coup de main avec ce camion » et j’ai demandé : « qui est ce gars? » et il me dit « c’est le lieutenant. Tu ferais mieux de faire ce qu’on te demande ». Mais ils étaient proches, ils étaient vraiment proches les gars. La plupart d’entre eux venaient du nord de Ontario, il y avait des Suédois, des Fins et des Autochtones. Ils travaillaient tous ensemble, si proches. Je n’avais jamais vu ça. Le 20 octobre [1944], j’ai été touché. On dégageait de cette petite ville en Belgique, on venait juste de sortir du canal Léopold et on quittait la ville. Ils nous ont pilonné au mortier cette nuit-là et je me suis retrouvé en Angleterre. C’était proche, vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les gens étaient là les uns pour les autres. Oui. Je ne sais pas si les autres régiments sont comme ça mais le Lake Superior Regiment était tout simplement extraordinaire, oui.