Project Mémoire

David Green

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
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David Green photographié lors d'un événement du <em>Projet Mémoire</em> à Toronto, Ontario, en mai 2010.
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Les Allemands nous ont tendu une embuscade et ça a crée une pagaille monstre. Je me souviens de mon chauffeur qui voulait se rendre et étant juif, j’ai pensé, t’es fou.

Transcription

Eh bien, la plus grande bataille sur le front ouest à laquelle j’ai participé est celle appelée la bataille de la brèche de Falaise. J’avais cru comprendre qu’il s’agissait de la plus grande bataille sur le front ouest. Nous avons dû capturer 50 ou 60 000 soldats allemands, je crois que c’était de cet ordre. Lorsque je dis nous, c’est parce que j’ai participé à ces captures. C’était à la bataille de la brèche de Falaise.

Après celle-ci, nous étions en position offensive. Nous [les Argyll and Sutherland Highlanders of Canada (Princess Louise’s)] avons traversé la Seine en radeau. J’avais un camion; j’étais alors quartier-maître [responsable de la distribution des provisions et des fournitures]. Nous avions des camions. Nous arrivions et nos hommes nous faisaient de grands signes des bras. Ils nous saluaient. C’est du moins ce que nous pensions. En fait, ce qu’ils essayaient de faire, c’était de nous avertir de nous arrêter parce qu’ils savaient que les Allemands étaient encore dans les environs.

Quand nous sommes arrivés, nous ne nous attendions pas à cela, nous avons été pris dans une embuscade par les Allemands et l’enfer s’est déchaîné. Je me souviens que mon chauffeur voulait se rendre, il était juif. J’ai pensé « mais t’es fou! ». Quoi qu’il en soit, ô miracle, juste à côté du camion, il y avait un t-shirt blanc. Je l’ai brandi et lancé dans les airs, et nous nous sommes rendus, parce que nous étions, pour ainsi dire, non armés, et nous serions tombés dans l’embuscade. Nous avons donc été capturés, toutes les compagnies de quartier général. J’étais dans un peloton de soutien du quartier général et d’autres étaient dans le quartier général. Tout le quartier général du régiment a été capturé ce jour-là parce que Don Seldon, qui est maintenant décédé, il était officier, a dit : « allons-y de front, et fonçons ». J’ai dit : « Es-tu devenu fou? ». Nous étions entourés d’hommes armés, marchant à côté de leur capture, heureux comme des poissons dans l’eau.

Toujours est-il, nous avons été capturés; ils nous ont séparés, officiers, sergents et soldats, et envoyés dans différents camps, bien sûr. Voilà l’histoire. Et j’ai été fait prisonnier de guerre, et le suis demeuré pendant plusieurs mois. J’ai perdu environ 80 livres. Il n’y avait rien à manger, nous n’avions rien à manger. Nous buvions une… nous avions une soupe une fois par jour ou une sorte de soupe, principalement de l’eau avec un soupçon de bœuf, pour qu’on en sente la saveur.

J’étais dans un camp de prisonniers de guerre italien et [le général américain George S.] Patton était avec nous, mais il a continué, il voulait atteindre Paris avant tout le monde. Ils ont donc laissé un trou et j’ai été recapturé, probablement pendant quelques jours. Puis, nous avons été libérés de nouveau, étonnamment par notre régiment mère.

Et je suis allé en Belgique… J’ai été escorté jusqu’en Belgique, et de là, nous sommes allés en Angleterre par avion. Je pense que nous nous sommes rendus en Angleterre par avion. Et puis je me suis retrouvé à nouveau à Aldershot [quartier général de l’armée canadienne en Angleterre] avant de rencontrer le roi [George VI] et la reine [Reine Elizabeth] au palais de Buckingham. Dans le jardin, il y avait les deux princesses, Elizabeth et Margaret. Elles avaient quelques années de moins que moi. Je pense que la guerre était terminée pour moi.