À votre arrivée là-bas, ils n’avaient pas encore commencé les pourparlers, mais ils l’ont fait peu après et quand ils ont commencé les négociations de paix des deux côtés, c’est devenu plus tranquille. On nous avait dit de ne pas nous montrer trop agressifs. Si on prenait du terrain, ça devait être, vous ne pouviez pas le garder plus de 24 heures, je crois. Alors notre rôle consistait surtout à patrouiller. Et presque chaque nuit, on patrouillait entre notre emplacement et la position ennemie. Et il y avait quelque part une sorte de patrouille de reconnaissance quand, son objet était de découvrir ce qui se passait en terrain ennemi, alors vous faites en sorte d’approcher le plus possible pour pouvoir observer au maximum et puis rentrer faire votre rapport. Il y avait des patrouilles de combat, qui avaient pour but d’engager le combat avec l’ennemi, mais certaines fois ça arrivait et d’autres fois non. Donc les patrouilles étaient notre principale occupation.
En général, elles étaient conduites par un lieutenant, un officier, votre sous-lieutenant ou lieutenant, et en général, vous aviez un sergent et une dizaine ou une douzaine de personnes en tout. Parfois, c’était moins, mais il y avait toujours aux environs d’une dizaine de personnes pour ce genre de patrouille. Et puis on avait aussi des barbelés d’une certaine épaisseur tout autour de notre position. Et le terrain était également miné, on avait posé les mines, et l’ennemi s’était glissé par là et en avait rajouté d’autres là où ils pouvaient. Alors il fallait être très attentif sur le chemin à emprunter parce que si vous sautiez sur une mine, ça veut dire qu’en général, si vous aviez survécu, vous vous retrouviez avec un bras ou une jambe en moins. Alors à partir de là, ça faisait courir un risque évident, oui.
Un jeune lieutenant du Nouveau-Brunswick, en fait il avait appartenu au 2e bataillon [du Royal Canadian Regiment], mais avec un caporal ils étaient partis en plein jour, ce qui était quelque chose de très courageux c’est sûr, et ils se sont approchés aussi près que possible du terrain de l’ennemi et ils sont allés couper des câbles, des fils de téléphone apparemment, et alors quand, c’était les Chinois qu’on avait en face de nous à ce moment-là, quand quelqu’un s’en est aperçu, qu’ils n’avaient plus de moyens de communication, ils ont envoyé quelqu’un pour vérifier les câbles et trouver où était la coupure et la réparer. Et il se trouve que c’était là où le lieutenant et le caporal étaient à l’affut, alors ils les ont juste assommés et ensuite ils les ont trainés jusqu’à nos lignes, et il a reçu la M.M. [Médaille militaire] pour avoir fait ça.
Il y avait une fois, on était sur une position connu sous le nom du Crochet et pendant qu’on était là-bas, les Américains tenaient cette position avant qu’on prenne la relève et on savait que c’était un endroit plutôt dangereux parce qu’il y avait tout le temps un tireur embusqué pendant la journée. Et quand les Américains étaient là, il y avait une saillie qui nous a servi pour notre sortie, et il y avait une passerelle au pied. Et notre travail consistait à nous approcher le plus possible pour savoir s’il y avait des ennemis parce que les Américains voulaient traverser notre position vers trois heures du matin pour récupérer les cadavres de leurs soldats, il y avait quatre Américains qui avaient été tués à l’endroit de cette passerelle.
Mais après nous être approchés aussi près que possible, ils ont commencé à tirer avec des mortiers et des armes légères et il a fallu qu’on recule un peu pour nous éloigner de cette zone de tir. Et alors plus tard dans la nuit, quand les Américains ont traversé en espérant pouvoir récupérer les corps, ils ont découvert que les cadavres avaient été piégés, ce qui veut dire que si vous les touchiez, ils explosaient purement et simplement. Donc, ils n’ont pas pu les récupérer à ce moment-là. Je ne sais pas s’ils les ont récupérés plus tard. Sûrement, parce qu’ils ont dû envoyer leur unité du génie pour les détacher. Oui.