Transcription
Quand j’étais, disons, à un kilomètre et demi du front, mon rôle était de prendre soin des gens qui étaient transportés du front à ce poste et de faire tout ce qui était à faire, et de les préparer pour le docteur, ou mieux gérer, quel que soit le cas en question. Et après une semaine à faire ça, on repartait à notre camp de base et là mon travail consistait à faire ce dont j’ai parlé précédemment. Et puis quand c’était terminé, vous partiez sur le front et passiez une semaine là-bas, et soit vous partiez en patrouille avec eux la nuit ou, si ce n’en était pas une très importante, vous restiez en arrière et quand il y avait un blessé ou quoi que ce soit, vous assistiez le docteur ou le médecin-chef juste pour les soins.
Quelquefois, on partait en patrouille et il n’y avait personne là-bas. Parfois, on entendait… ou, par exemple, on était les suiveurs. Et quelquefois, il en tombait alors ils tiraient. Et il est probable, soit ils avaient vu quelque chose, ou entendu quelque chose, ou ils avaient une trouille bleue, et ils tiraient, on ne savait jamais. Mais il nous arrivait de temps en temps d’avoir à soigner une blessure par balle ou une cheville foulée, vous savez, parce que c’était de nuit. Il y avait une dizaine ou une douzaine de fantassins et la plupart du temps il y avait, disons, moi en tant qu’infirmier ainsi que deux autres membres du personnel médical, c’était des brancardiers, parce qu’il fallait transporter nos brancards. Et c’était à peu près tout. S’il y avait un blessé, on faisait ce qu’on pouvait sur place, et on les mettait sur le brancard, et on les ramenait au camp sur le front. Et puis il y avait d’autres personnes à soigner là-bas et ensuite on les expédiait à deux kilomètres du front et ils étaient un peu mieux pris en charge là-bas. Et ensuite, on les renvoyait au camp de base.
Étant là où j’étais, comme j’étais dans le Corps de santé, on avait des flots de gens [des civils] qui passaient par notre camp, et ils s’arrêtaient pour mendier de la nourriture, et ils allaient droit à la décharge et ils faisaient les poubelles là-bas, il fallait parfois envoyer des gens pour, les chasser de là en quelque sorte, parce que ça n’était pas terrible, pour vous, mais ces gens avaient faim, alors que diable, il m’arrivait de ne pas les chasser de là, parce qu’ils étaient affamés, et il y en avait des tout jeune, de jeunes enfants.
En fait, ceux qui ont fait la Deuxième Guerre mondiale ou n’importe quelle autre guerre, ils ont reçu un bien meilleur accueil du gouvernement et du public à leur retour que les gens qui avaient fait la Corée, qui sont rentrés de Corée. De fait, quand nous sommes rentrés de Corée, tout au moins dans mon cas, deux ans après j’ai voulu acheter une maison en profitant de la loi sur les terres destinées aux anciens combattants, et on m’a répondu que la Corée n’était pas une guerre, alors je n’y avais pas droit. Et c’est passé par… je crois que c’était l’Association des vétérans de la Corée, et finalement le gouvernement a tranché et a convenu qu’en effet la Corée était une guerre.