Project Mémoire

Donald Cuthbert Munroe

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Donald Munroe
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Donald Munroe en 2010.
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Carnet de vol de Donald Munroe listant un accident faisant atterrir son équipage en Grèce, en 1943.
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Broche d'opérateur télégraphiste appartenant à Donald Munroe.
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Donald Munroe avec son équipage de vol et son équipage de terre à Misurata, Libye, 1943.
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« Au-dessus de la cible, il y avait parfois de lourds tirs de canon antiaérien qui nous atteignaient. Et nous rentrions parfois à la base avec trois moteurs au lieu de quatre. »

Quand j’ai été envoyé outre-mer, nous sommes allés en Angleterre en premier et de là on a été envoyés dans une unité d’entraînement opérationnel en Irlande du Nord, à Limavady, en Irlande du Nord. On a reçu une formation de perfectionnement là-bas. Pendant qu’on était là-bas, on nous a entraînés pour les bombardements à la torpille sur des bateaux factices et ensuite on nous a envoyés au sud de l’Angleterre, d’où on était censés être envoyés à Malte, ils font les bombardement à la torpille depuis Malte. En tout cas, ils ont changé d’avis au sujet du nombre d’équipage à bord des Wellington, alors on m’a affecté à un autre équipage qui s’est retrouvé en train de voler sur un Wellington jusqu’au Caire pour rejoindre un escadron là-bas.

Je faisais partie de l’escadron 462 de la RAAF, l’armée de l’air australienne. Mais elle était plus ou moins sous l’autorité de la RAF. Mais c’était un escadron australien, le 462. Dans un petit aéroport du nom de Misurata, entre Tripoli et Benghazi.

Nos zincs ne volaient strictement que la nuit et on décollait disons autour de minuit et on avait une ETA, heure prévue d’arrivée, et on bombardait des ponts, des gares, partout où on avait pouvait donner un coup de main pour déloger Rommel d’Afrique du Nord parce qu’il était presque fini. Les allemands avaient arrêter de lui envoyer du ravitaillement alors il ne pouvait pas aller plus loin. Et on avait un gars là-bas du nom de Montgomery qui venait de Grande-Bretagne et c’était notre général, un général anglais, et il a joué un rôle déterminant dans le fait de chasser Rommel.

On volait sur des Halifax alors le, plusieurs fois plus de huit heures de voyage. Et plusieurs fois c’était un voyage de sept heures. Et certains pas à six ou une chose ou une autre. Alors ça faisait monter vos heures en quelque sorte. Et c’est comme ça qu’ils jugeaient du nombre de voyages qu’ils vous attribuaient. Vous savez, là-bas, vous vous retrouviez en plein dans des orages électriques. Alors on démarrait, une nuit on a démarré à 11 heures à peu près, à une heure de la cible, on s’est heurtés à un orage électrique. Et on s’est fait chahutés, vous savez, les turbulences. Quoiqu’il en soit, les turbulences nous ont fait monter et on est entrés dans un… Ma radio sans fil était juste en dessous, l’arrière de ma tête était juste en dessous des commandes, les gouvernes du pilote, juste en dessous de ça. Et on a été pris dans une spirale, une chose ou l’autre, et le commandant me dit, et on commençait à être dedans, dans la spirale, et il a dit : Don, prends les gouvernes de direction maintenant et redresse-moi ça. » Alors je me suis retourné et j’ai attrapé ce qui se trouvait à ses pieds, et je travaille avec lui avec ses pieds, et la force centrifuge est démente. En tout cas, on était à peu près à 10000 pieds d’altitude à ce moment-là. Ses gouvernes, ses gouvernes de pied étaient juste derrière ma tête et on entrait dans la spirale, il voulait les gouvernes redressées. Alors je l’ai aidé, avec ses pieds à lui et moi avec mon bras, par la force on a redressé les gouvernes.

Et on est sortis de là à moins de 1000 pieds au dessus de la mer. Alors on est sortis de ça et on s’est remis d’aplomb, et le commandant a dit au navigateur : « Peux-tu me donner une position ? » Et d’une certaine manière ce navigateur a trouvé une position, ouais il a trouvé une position, et il a dit qu’on était allé droit sur la cible. Quelquefois au dessus de la cible il y avait d’importants tirs de DCA et quelquefois il s’ensuivait quelques dégâts pour nous et je me souviens qu’on démarrait avec quatre moteurs, et d’ici à ce qu’on rentre à la base quelquefois, un moteur était en drapeau et l’autre n’était plus trop bon, on devait atterrir comme ça. Alors ça voulait dire soit atterrissage difficile ou atterrissage en catastrophe. Et puis il y a une fois où on était en train d’atterrir et les tirs de DCA avaient endommagé notre train d’atterrissage, alors on n’avait qu’une seule roue qui était descendue et on ne savait pas laquelle c’était. Alors on est arrivés en tirant à la courte paille. Et on est tombés sur la bonne, mais ça a été une véritable catastrophe. Ouais.

J’ai participé à trois atterrissages en catastrophe. L’un d’entre eux a été particulièrement mauvais. On transportait des fusées éclairantes et on avait pas eu l’occasion de les jeter dans la mer avant d’atterrir. Il fallait qu’on retourne à la base et on a pas eu l’occasion de, et on a atterri avec ces trucs, et on s’est écrasés et l’avion s’est séparé en deux. Et on devait tous sortir. On est sortis, je suis sorti et nous sommes sortis et j’ai vérifié mon équipage et j’ai dit, tout à coup je dis : « Où est Tommy ? » C’était notre commandant. En tout cas, il faisait noir comme dans un four sur cette petite piste où on avait atterri. Vous pensiez qu’il y avait du chemin à faire quand vous sortez de l’appareil, mais c’était sur le sol, alors vous vous faites plus mal à sauter de cette hauteur que, ces petits trucs que vous faites…

Mais en tout cas, alors je suis remonté dans l’avion là où se trouve le truc du pilote et il était, il avait été sonné. Il s’était cogné à la tête alors je l’ai secoué et je l’ai fait sortir de l’avion en partie et j’ai dit : « Où est Charlie, notre mitrailleur arrière ? » Et il était encore coincé à l’arrière là où il y avait la fente. Alors je suis retourné à l’intérieur parce que j’étais celui qui savait comment faire marcher la tourelle. Alors on est repartis à l’intérieur et j’ai fait marcher la tourelle, l’ai fait sortir par la porte de côté, au milieu de l’avion, et cette fois-là j’ai ouvert la trappe. Et puis les autres gars étaient là pour déblayer les débris qui étaient sur le passage et tous les deux on est sortis de cette façon. Et puis on est partis, en s’écartant le plus possible de l’avion et ils sont loin, et ils regardent, et tout à coup, l’avion explose, s’enflamme. Et le petit Charlie que j’avais sorti, il est originaire de Stoke-On-Trent [Angleterre] : « Oh, c’est comme la nuit de Guy Fawkes. » C’était un grand jour de fête. Juste les pétards et tout ça exactement comme la nuit de Guy Fawkes.