Project Mémoire

Donald Dalke (source primaire)

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Donald Dalke
Donald Dalke
Photo de Donald Dalke à l'Association Canadienne des Vétérans de la Corée « Last Hurrah » en août 2011.
Donald Dalke
Et malheureusement le poste d’observation a fini par être frappé de plein fouet et mon signaleur se trouvait en dessous de moi et il a malheureusement été tué, pour ma part j’ai seulement été éjecté du poste d’observation et il a fallu que je retourne au quartier général pour aller chercher une autre radio et ensuite me rendre jusqu’à une position sur le flanc et gagner une tranchée avec l’infanterie et m’occuper du reste de la bataille à partir de là.

Transcription

Premièrement, quand on est arrivés au début, j’étais officier arpenteur régimentaire et je fonctionnais suivant le principe, comme je vous le disais tout à l’heure, que chaque canon qui était utilisé devait l’être sur la grille du théâtre. Ça offre une précision de tir maximum. Et alors peu importe s’il s’agissait une troupe de canons qui avait avancé pour appuyer une patrouille d’infanterie, je m’assurais qu’ils soient immédiatement mis sur le quadrillage du théâtre comme ça si on avait besoin de tirs d’appui supplémentaires, toute cette puissance de feu pouvait être utilisée immédiatement avec peu ou pas de corrections du tout. Ce qui dans la réalité voulait dire que le soutien dont l’infanterie avait besoin pouvait intervenir très rapidement et avec beaucoup de précision.

Bon, il y avait des opérations comme le, quand j’étais un officier observateur avancé et sur la Colline 227, et là-bas on a subit une attaque massive et on a réussi à faire feu très rapidement et ce que beaucoup de gens ne réalisent pas c’est que les chinois étaient beaucoup plus nombreux que nous, énormément d’hommes en plus et quand ils nous attaquaient, en général c’était à huit ou dix chinois contre un. Alors c’était vraiment très important de pouvoir les stopper et que le nombre descende à deux ou trois contre un avant qu’ils arrivent à passer les barbelés et commencent à atteindre nos positions d’infanterie. Et c’était facile pour notre infanterie de les liquider à deux ou trois contre un.

Donc avoir ces tirs qui pouvait arriver avec tant de précision et aussi rapidement permettait de les stopper très facilement et même si l’ennemi décidait de faire une contre attaque depuis un autre endroit, on avait soit une autre cible ou c’était très facile de rediriger le feu et instantanément tirer là où on en avait besoin.

Oh non, la zone d’observation avancée, vous êtes en fait en plein sur la ligne de front en train de regarder tout ça. Lors de cette bataille en particulier, c’est l’une de celles où il était évident qu’ils nous avaient observés et savaient exactement où on se trouvait parce qu’une grande partie de leur puissance de tir était dirigée sur mon poste d’observation. Et malheureusement le poste d’observation a fini par être frappé de plein fouet et mon signaleur se trouvait en dessous de moi et il a malheureusement été tué, pour ma part j’ai seulement été éjecté du poste d’observation et il a fallu que je retourne au quartier général pour aller chercher une autre radio et ensuite me rendre jusqu’à une position sur le flanc et gagner une tranchée avec l’infanterie et m’occuper du reste de la bataille à partir de là.

Je suppose que sur notre position de pièces par exemple, on avait des enfants qui étaient sur la position de pièces et ils couraient,  faisaient des corvées et une chose ou l’autre pour nous. Et alors on avait des liens étroits avec eux. Mais avec la population civile, on n’avait pas beaucoup de rapports. De fait, on était, on nous reprochait quelquefois d’être un peu trop rigides. Par exemple les Américains, ils avaient tendance à filer rapidement sur la route tandis que nous on s’occupait des gens qu’on croisait en chemin, on les arrêtait et on les retenait dans une enceinte et c’était ensuite aux Coréens de décider s’ils étaient bons, mauvais ou neutres. Et les Américains du fait d’avancer comme ça, en fait, ont laissé près de 40 000 personnes derrière eux qui ont agi en tant que guérilleros pendant des années après notre départ.

Quand vous regardez des gens que vous ne connaissez pas dont vous ne savez pas s’ils sont des ennemis ou pas, vous devez faire quelque chose pour vous assurer qu’ils ne vont pas tuer quelqu’un derrière vous. Ou, qu’ils ne vont pas vous tirer dans le dos. Je me souviens d’une fois où il y avait un groupe qui descendait la route et les Américains étaient au poste de contrôle et je leur ai dit, j’ai dit, « Il va falloir arrêter ce groupe. » Et ils ont répondu, « Bon, non, non, ce ne sont que des civils. » J’ai dit, « Vous les arrêtez », j’ai dit, « je vais descendre celui du milieu. » Et ils ont dit, « C’est ridicule » et j’ai répondu, « Faites votre choix. » Et alors ils se sont arrêtés et celui du milieu je lui ai fait ouvrir ses vêtements et voilà, il portait des armes attachées tout autour de lui. Et ils les auraient simplement autorisés à passer et je ne pouvais pas accepter ça.

Or, je pense qu’il y a une différence entre maltraiter les gens et les mettre sous surveillance. Je suppose qu’il y a des gens quand ils disent, bon, je prenais des gens qui n’étaient pas des ennemis et je les mettais en détention, mais on ne leur faisait pas de mal, on ne les frappait pas ou quoi que ce soit de ce genre, on les faisait simplement, on s’assurait qu’ils aillent dans un camp entouré de barbelés et ensuite c’était du ressort des Sud-coréens qui connaissaient ces gens, parlaient la même langue et tout le reste, et qui étaient capable de passer dans les rangs et décider qui était un civil et qui était un soldat.

Il faudrait que je dise qu’il y a quelque chose entre nous (les anciens combattants) qui existe encore aujourd’hui. Je veux dire, dès que j’entre dans une pièce et que je reconnais un ancien combattant, il y a tout de suite un sentiment de, de la camaraderie là qui n’existe pas dans la vie civile. Et je ne sais pas comment je pourrais exprimer ça autrement que par le fait qu’on était tellement content qu’il y ait toujours quelqu’un qui protège vos arrières. Vous n’aviez jamais besoin de vous faire du souci. Et c’est une forme de camaraderie, de fraternité, qui n’existe pas dans la vie courante.