Project Mémoire

Donald Robertson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

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Donald Robertson en Italie.
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Les insigne de casquette de Donald Robertson. À la gauche à la droite, Queen's Own Rifles of Canada, The Lake Superior Regiment, et The Westminster Regiment.
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Donald Robertson avec sa mère, en Italie.
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Les médailles de Donald Robertson.
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Diverses pièces d'épaule de l'uniforme de Donald Robertson.
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On était passés de l’autre côté de la rivière et on avançait et pas un seul tir ou quoi que ce soit mais on était à plusieurs en file indienne, en faisant attention de garder la tête baissée, mais évidemment ils nous avaient repérés. C’était un tireur embusqué qui avait une mitrailleuse et ils visaient les épaules et se débarrassaient des armes ainsi. Il y en a une qui m’a traversé le cou mais heureusement, n’est pas entrée trop profond.
Vous savez, il y avait beaucoup de pression à ce moment-là, vous savez, c’était politique la guerre et tout ça. Mon père avait fait la Première Guerre mondiale et on avait sentiment qu’il fallait s’enrôler en quelque sorte. Et quand je me suis engagé dans le Queen’s Own (Rifles of Canada) au départ, ce n’était pas en service actif mais c’était la réserve. Et nombre de gars de mon âge ont fait ça. Mais je pense qu’il y avait un grand sentiment de patriotisme et sans aucun doute les nouvelles qui nous parvenaient au sujet d’Hitler étaient alarmantes, si vous voyez ce que je veux dire. Mais l’exercice en lui-même, vous savez, vous avez 19 ans et vous êtes en bonne santé et vous êtes un groupe de jeunes et on se fait des blagues et on marche au pas et on chante des chansons, des marches et on suit les routines quotidiennes avec l’entraînement à la baïonnette, ce genre de choses. Et on ne pratiquait pas beaucoup le tir ; même si on en faisait un petit peu, mais on n’avait pas de mortiers à l’époque jusqu’à ce qu’on arrive en Angleterre, puis je suis allé dans un groupe de mortier de 7,5 centimètres et on s’est beaucoup entraînés avec ceux-là. Et puis il y avait des mortiers de 5 et puis les mitrailleuses Bren (mitrailleuse légère) sont arrivées, on n’en avait pas au Canada. Et ça faisait, oh oui, comme je l’ai dit, à 19, 20 ans ça vous plait ce genre de trucs. J’étais en bas dans la cale, j’ai dormi dans un hamac pendant tout le trajet et une des histoires avec laquelle j’ai assommé ma famille pendant des années, c’est que quand on est descendus là en bas, on commençait à s’installer et on parlait avec un membre de l’équipage et j’ai dit : « Bon sang on est vraiment au fond du navire, c’est vraiment bas. » Et il a dit : « Oui, dit-il, c’est bien car si une torpille passe par là, elle passera juste au dessus de ta tête. » (Traversée de la rivière Melfa en Italie du 23 au 25 mai 1944, deuxième phase de l’Opération Chesterfield, l’objectif était de traverser la rivière Melfa et de s’emparer de la tête de pont et de la ville de Ceprano ; le Major John Keefer Mahony qui appartenait au Westminster Regiment a reçu la Croix de Victoria en récompense de ses actions pendant cette bataille.) Notre objectif était de repousser les allemands de l’autre côté de la rivière (rivière Melfa), ce qu’on a fait. Mais ce faisant notre sergent a été tué, il était parti à l’avant, vous êtes sans doute au fait, avec les mortiers, vous avez quelqu’un qui avance et par radio, il dirige l’équipe de mortier pour effecteur ses tirs à une certaine altitude, ce genre de choses. Et c’était son boulot, d’aller en avant et de nous renvoyer les renseignements par radio, il disait : « Bon, tel ou tel degré d’inclinaison, tirez quatre coups. » ou autre chose. Mais ce faisant, il s’est fait descendre et nous on n’avait plus de nouvelles de lui. Et j’attendais avec le reste de l’équipe de pièce et tout à coup le Major Manny (Major John Keefer Mahony, récipiendaire de la Croix de Victoria) est venu et nous a dit : « Pourquoi êtes-vous encore de ce côté-ci de la rivière ? » Et j’ai répondu : « J’attendais les ordres. » Et il a dit : « Bon, les voici tes ordres, allez de l’autre côté de la rivière. » Alors c’est ce que j’ai fait, avec l’équipe. Et à ce moment-là, c’était pratiquement terminé, les allemands avaient battu en retraite plus loin au nord. Je me souviens dans une ville, Matera (Italie), on y était, on a fait un dîner de Noël avec les gens du coin. C’était un tout petit village. Alors ils ont eu l’idée, on a donné, parce qu’ils n’avaient pas beaucoup de nourriture à ce moment-là les italiens. On les avait rationnés avant même que l’invasion se produise et ensuite l’invasion s’est produite évidemment, et les fermiers ne pouvaient pas travailler dans les champs à cause des chars d’assaut qui les ravageaient. Ce qu’on faisait, le travail qu’on faisait à ce moment-là c’était de nettoyer les routes de campagne. Les allemands étaient en train de repartir ou de reculer pour ainsi dire mais ils laissaient toujours derrière eux de petites unités, deux chars et deux gros canons, beaucoup de mitrailleuses dans des endroits situés à la croisée des routes comme ça. Et c’était pour entraver nos mouvements. Ils se débarrassaient du plus de gens possible parmi les nôtres et ensuite ils reculaient. Et ils ont fait ça avec constance. On était passés de l’autre côté de la rivière (la Melfa) et on avançait et pas un seul tir ou quoi que ce soit mais on était à plusieurs en file indienne, en faisant attention de garder la tête baissée, mais évidemment ils nous avaient repérés. C’était un tireur embusqué qui avait une mitrailleuse et ils visaient les épaules et se débarrassaient des armes ainsi. Il y en a une qui m’a traversé le cou mais heureusement, n’est pas entrée trop profond. Bon, après être arrivé, j’ai eu un plâtre pendant un moment, et une fois que j’étais remis sur pieds et que j’ai recommencé à marcher, c’était plutôt bien. Parce que vous savez, les gars à l’hôpital, ils avaient le même genre d’histoires à raconter que moi, alors on formait un bon groupe. Et puis quand un certain nombre d’entre nous a su qu’ils allaient rentrer au pays, évidemment, c’était le top.