Project Mémoire

Donatien Vaillancourt

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Médaille pour le 60e anniversaire du débarquement à Juno portant le symbole de parachutiste, présentée à Donatien Vaillancourt en 2004.
Lettre écrite par M. Vaillancourt alors qu'il se trouvait dans un camp de prisonniers en Allemagne au début de 1944.
Médaille pour le 60e anniversaire de la libération de Dieppe présentée à Donatien Vaillancourt par le maire de Dieppe, 2004.
Lettre écrite à sa fiancée par Donatien Vaillancourt mais signée Isaac, son nom adopté pendant son séjour comme prisonnier de guerre.
Médaille de la Légion royale canadienne pour le débarquement à Dieppe.
…là on a le choix entre prendre la voie facile et passive d’attendre la fin ou de donner un peu de trouble à l’ennemi… J’ai eu l’occasion de m’évader trois fois…

Bonjour. Mon nom est Donatien Vaillancourt. Je me suis enrôlé en 1939 à l'âge de 22 ans. J'étais complètement libre de m'enrôler puisque j'avais mon diplôme de professeur, et je pouvais enseigner, mais cependant j'avais toujours l'amour de l'histoire, l'amour de la guerre parce que c'était ma matière favorite lorsque j'allais à l'école. Or, je me suis enrôlé mais croyant que je m'enrôlais pour une guerre qui durerait environ six mois. Je voyais des alliés comme trop forts pour l'Allemagne. Je ne m'imaginais pas qu'on aurait pu les laisser s'armer tant que ça, alors qu'il y avait de la prohibition pour les armes en Allemagne. On s'est trompé, au lieu de six mois, ç'a été six ans, réellement plus qu'on pensait parce qu'on peut dire que c'est six ans effacés de notre vie, surtout que j'ai eu la malchance de passer trois ans comme prisonnier de guerre. Alors, ces gens-là,... ces années-là, on ne fait rien de positif, on fait strictement attendre que la fin arrive. C'est long. C'est ce qu'il y a de plus long. On se plaint souvent de ceux qui sont prisonniers de guerre. Mais cependant, je dis ceux qui sont prisonniers de guerre, si ce n'était pas qu'être internés puis être seuls, c'est beaucoup mieux que ceux qui sont au combat puis qui risquent leur vie à toutes les minutes. Alors, le temps est long, et le temps est déplaisant, puis on manque... naturellement on manque de nourriture. On a critiqué souvent les Allemands qui nous gardaient comme prisonniers. Je trouvais que c'était un peu négatif, parce que ce que j'ai vu comme Allemands qui nous gardaient comme prisonniers, c'était plutôt des vétérans de la Première Guerre qui étaient généralement gentils, qui faisaient leur devoir et n'essayaient pas de nous persécuter pour rien. Ceux qui étaient un peu difficiles, c'est ceux qui appartenaient à d'autres pays et qui auraient rentré dans l'armée allemande dans le but de combattre le communisme tels que les Tchécoslovaques, les Polonais, les Ukrainiens. Ces gens-là pour prouver leur sérieux avec les Allemands étaient parfois, comme on dirait, cochons avec nous. Mais quant aux Allemands, ils étaient raisonnables. C'était des ennemis. Ils faisaient leur devoir. Les nôtres n'auraient pas fait mieux. C'est des années qui ont été pénibles, des années qui nous permettent de nous mesurer comme hommes parce qu'on a nos moments difficiles, et là on a le choix entre prendre la voie facile et passive d'attendre la fin ou de donner un peu de trouble à l'ennemi en allant travailler puis en faisant du trouble sur les commandos de travail, puis là ça va peut-être devenir plus intéressant, s'évader, ces choses-là. J'ai eu l'occasion de m'évader trois fois, pas à mon avantage parce que lorsque j'ai réussi la dernière fois, c'était pour arriver plus vite chez nous. Puis au lieu d'arriver plus vite, j'ai tombé du côté russe, et je suis arrivé le dernier, le 17 juin 1945. Mais tout de même, j'avais la ferme détermination de ne pas terminer la guerre comme prisonnier, et j'avais réussi. Maintenant, qu'est-ce que je pense de la guerre ? C'est difficile. Je vois les guerres d'aujourd'hui et j'suis contre eux parce que c'est surtout les armes chimiques et les armes, des démolitions massives qui vont se faire, qui tueront autant de civils qu'elles tueront de soldats. Alors... Les guerres s'en viennent trop dangereuses. J'espère qu'il n'y en aura pas d'autres.