Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Je m’appelle Dorothy Butler. Mon nom de jeune fille était Owen. J’étais en service naval continu avec les Wrens durant les combats de la Corée. J’ai été postée au [NCSM] Cornwallis [Nouvelle-Écosse], et postée au [NCSM] Stadacona à Halifax, et au [NCSM] Naden [Colombie-Britannique] en formation, et au [NCSM] Shearwater [Nouvelle-Écosse], où j’ai terminé mon service. Pendant que j’étais au bureau d’informations de l’hôpital Stadacano, un tuyau de vapeur a éclaté sur le chantier naval, et deux hommes ont été frappés par la pression de la vapeur. Un des hommes est mort sur le coup. L’autre homme a survécu et a été transporté à l’hôpital Stadacona. Alors ils m’ont emmenée le voir, ce qui a été horrible, mais j’ai également dû emmener sa femme voir l’aumônier, et en chemin, elle m’a demandé: « Est-ce qu’il va recouvrer sa vue ? » Il a vécu durant huit heures ainsi, et il est finalement décédé. Mais ce que je lui ai dit à elle, je ne savais pas quoi lui répondre, vous comprenez, personne ne lui avait rien dit, aucune des infirmières ne lui avait mentionné quoi que ce soit. Alors je me suis dit qu’il fallait qu’elle s’attende au pire, et c’est donc de cette manière que la situation a été traitée.
À Shearwater, j’étais la seule Wren de l’hôpital, et c’était mon devoir d’aller en extérieur… Si une Wren travaillait quelque part dans un coin reculé et tombait malade, j’étais transportée dans un hélicoptère Bell pour aller la chercher et la ramener. J’ai également assisté à un accouchement pour quelqu’un, un des militaires, la femme d’un officier, ce qui m’a choquée et a fait en sorte que j’ai décidé de ne jamais avoir d’enfant, mais j’ai changé d’idée. À Naden, nous avons été formées pour pouvoir remplacer un médecin de la même manière que les hommes étaient formés, parce que lorsqu’ils étaient sur des navires, et qu’il n’y avait pas de docteur disponible, ils devaient être à même de détecter les symptômes et d’agir, et même d’effectuer des chirurgies mineures si nécessaire. Alors nous étions formées pour les remplacer lorsqu’ils partaient en mer. C’était notre objectif principal.
Une nuit, alors que j’étais à Shearwater, je travaillais de nuit, et nous étions deux de garde, et l’autre officier marinier prenait sa pause, il dormait. Et j’ai entendu la porte arrière s’ouvrir, et je croyais que c’était le chauffeur de l’ambulance, et j’ai levé les yeux d’où j’étais assise dans le bureau, et j’ai vu ce gamin, se tenant debout là, saignant, avec du sang coulant de la racine de ses cheveux jusqu’à sa taille; il avait traversé son pare-brise, et il avait marché de Eastern Passage Road jusqu’à l’hôpital. J’ai dû aller réveiller mon CO [commandant], et nous lui avons fait des points de suture, je ne me souviens plus combien de points de suture nous lui avons faits au visage. Mais Dieu merci, il n’a eu que peu de cicatrices. Mais c’était le genre de choses que nous faisions, nous allions de l’avant et les faisions, et nous les faisions sans hésiter.