Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je m’appelle Dorothy Jean Gogan. Je me suis jointe au Corps médical de l’Armée royale du Canada en 1953 et ma carrière a duré 21 ans, jusqu’en 1981.
J’ai passé une grande partie de ma carrière comme infirmière éducatrice, dont une partie dans l’École de service médical des Forces armées canadiennes, ce qui était le nom original de Camp Burden, mais on nomme maintenant les unités « Bases des Forces canadiennes » (BFC). Donc Base des Forces canadiennes Borden. Pendant que j’y étais, j’ai enseigné le cours d’orientation pour les sœurs infirmières nouvellement enrôlées. Je souligne le mot « sœurs » parce que durant mes premières années dans l’armée, nous avons commencé à accepter des hommes comme infirmiers dans l’armée. Nous avons fait cela suite à la nomination par Lester Pearson, le premier ministre de l’époque de Mme Beryl Plumtree à la tête de la Commission royale sur le statut de la femme. Elle a pointé du doigt l’armée en disant que nous faisions de la discrimination inversée parce que tant de postes et de rôles de l’armée étaient limités aux hommes. Nous avons donc dû changer. Les hommes ont donc pu s’enrôler dans le service médical comme assistants-infirmiers, chose que nous n’avions jamais eue, mais aurions probablement dû avoir depuis longtemps.
J’ai passé plusieurs années dans l’hôpital de Borden, à enseigner non officiellement, puis j’ai été officiellement nommée à l’école médicale. Pendant que j’étais là-bas, j’ai eu un emploi additionnel intéressant comme sœur militaire à la retraite créant un cours pour le gouvernement provincial afin de fournir aux conducteurs d’ambulances une formation. Les anciens docteurs militaires et les anciens militaires en général qui travaillent près de Borden vont souvent là-bas pour des conseils ou pour des consultations. Et ces docteurs avaient décidé que c’était un crime que dans la province de l’Ontario, toute personne voulant aller dans une fourrière acheter un vieux véhicule pouvait mettre une croix rouge sur le côté et se nommer ambulancier pour aller ramasser des gens gravement blessés sur des lieux d’accidents en ne sachant rien des dommages qu’ils pouvaient causer s’ils ne manipulaient pas bien ces blessés. Un cours spécial a donc été créé et la plupart des conducteurs d’ambulances qui travaillaient depuis des années dans la province ont été encouragés à venir suivre ce cours pour apprendre comment professionnellement manipuler les patients. J’ai participé à l’enseignement de ce cours et j’ai beaucoup aimé.
Mes postes dans l’armée ont toujours impliqué beaucoup d’enseignement, mais j’ai aussi été directrice des soins infirmiers dans plusieurs hôpitaux. J’ai servi dans un hôpital intéressant à Fort Churchill dans la Baie d’Hudson, qui à l’époque était la base de la force commune canadienne et militaire de la guerre dans l’Arctique, et beaucoup de tests y étaient faits sur les équipements et autres choses de cette nature. Nous avions aussi comme responsabilité les évacuations aériennes, car lorsque le C.D. Howe se promenait dans les eaux de la Baie d’Husdon, c’était pour trouver des patients atteints de tuberculose, et ils examinaient les populations d’Esquimaux, et ceux qui étaient identifiés comme atteints de tuberculose n’étaient traités que par l’armée. Les appareils civils volants à Whitehorse ne pouvaient bien sûr pas embarquer de patients atteints de tuberculose. Nous prenions donc des gens qui n’avaient jamais vu un avion de leur vie, les faisions monter à bord, ce qu’ils ne voulaient pas faire en position couchée, ils n’aiment pas dormir sur le dos, mais c’est ainsi que l’on doit voyager sur une civière, jusqu’à Winnipeg, où ils allaient pour recevoir leur traitement initial. Ensuite, nous devions aller les chercher et les ramener dans leurs communautés lorsqu’ils étaient prêts.