Les Canadiennes ont servi dans les trois branches des Forces armées canadiennes, qui comprennent la Marine royale canadienne, l’ Armée canadienne et l’Aviation royale canadienne. Dès 1885, des Canadiennes ont servi comme infirmières dans des hôpitaux militaires pendant la Résistance du Nord-Ouest. Au cours de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale, les femmes ont assumé divers rôles dans l’armée en tant que personnel médical, dans des postes de bureau et d’administration, et dans l’échange de renseignements. Les femmes ont servi pendant la guerre froide et lors des opérations de maintien de la paix. En 1989, la majorité des professions militaires étaient ouvertes aux femmes, y compris les rôles de combat. Le service sous-marin a été ouvert aux femmes en 2001. (Voir aussi Les femmes canadiennes et la guerre.)
Début du service militaire
En 1885, au cours de la Résistance du Nord-Ouest, des femmes répondent à l’appel du service militaire pour la première fois. La première des douze femmes affectées dans les hôpitaux militaires, Loretta Miller, arrive à l’hôpital de campagne de Saskatoon le 12 mai 1885.
Durant la guerre des Boers, des infirmières canadiennes, au service de la nation, sont envoyées outre-mer. En 1901, grâce à la création du Canadian Army Nursing Service, les femmes sont intégrées aux Forces armées régulières, au lieu de dépendre d’une organisation ad hoc.
Première Guerre mondiale
Les infirmières sont encore appelées à servir lors de la Première Guerre mondiale et, durant cette guerre, le nombre de volontaires reste supérieur au nombre requis. En tout, 3141 infirmières militaires servent dans le Corps expéditionnaire canadien. De ce nombre, 2504 servent outre-mer comme membres du personnel d’hôpitaux militaires en Angleterre, en Égypte, en Grèce, et sur le front occidental en France et en Belgique où elles œuvrent aussi dans des postes d’évacuation sanitaire situés près du front.
À la fin de la guerre, la majorité d’entre elles trouvent du travail dans les hôpitaux pour vétérans ou au sein de services civils. Seul un petit noyau reste dans les forces armées. Peu avant la fin de la guerre, la possibilité de créer un Corps auxiliaire féminin de l’armée canadienne, dont les membres seraient chargées de tâches administratives, est envisagée. Cependant, la guerre prend fin avant sa concrétisation.
Deuxième Guerre mondiale
Le minuscule service militaire de soins infirmiers, maintenu en temps de paix durant les années 1920 et 1930, connaît un essor considérable au cours de la Deuxième Guerre mondiale. En 1945, quelque 4480 infirmières servent sous les drapeaux au sein du Corps de santé royal canadien et des services médicaux de la Marine royale canadienne (MRC) et de l’ Aviation royale du Canada (ARC). L’ARC recrute également 14 femmes médecins.
Durant la guerre, à la suite des revendications des femmes qui souhaitent jouer un rôle accru et de la pénurie de main-d’œuvre, des Canadiennes commencent à s’enrôler dans de nombreux corps de métiers militaires qui, jusqu’alors, leur étaient fermés. À la suite de l’instauration du Service féminin de l’Armée canadienne, et du Service féminin de l’Aviation royale du Canada en 1941, ainsi que du Service féminin de la Marine royale canadienne en 1942, un total de 45 445 femmes entrent dans les forces de guerre. Elles sont affectées à des postes de commis, d’administration, de communication, et de renseignements, ou à d’autres tâches de soutien, ce qui facilite l’affectation d’hommes à des postes de combat. Comme dans le cas des membres des services médicaux, elles ont eu l’occasion de servir dans les zones sises à l’arrière du front.
En 1946, les trois services féminins sont dissous. Selon un officier supérieur de la marine qui décrivait les sentiments des membres de ces services, « Il me semble que la Marine ne saurait exister sans elles […]. Il sera difficile pour nombre d’entre nous qui y sommes toujours, de nous rendre compte qu’elles ne constituaient, en fait, qu’une force d’urgence. » Seul un petit nombre d’infirmières reste sous les drapeaux.
Guerre froide
À mesure que s’intensifie la guerre froide, toutefois, les effectifs des Forces canadiennes s’accroissent. En 1951, les éléments de la Réserve des trois armées amorcent le recrutement de personnel féminin, tout comme dans la force régulière de l’Aviation. En 1954-1955, les forces régulières de l’armée de terre et la Marine recrutent également des femmes, mais en nombre inférieur aux effectifs de l’armée de l’air, qui compte alors 3000 femmes. Toutefois, en 1966, on ne compte plus au sein des forces régulières que 900 femmes. Cette situation est le résultat des réductions imposées à la taille des effectifs des Forces canadiennes, à l’automatisation grandissante des métiers occupés par des femmes et aux difficultés de recrutement, attribuables en partie au nombre limité de carrières accessibles aux femmes. (Voir aussi Femmes de la Marine canadienne pendant la guerre froide; Les infirmières militaires.)
Pleine intégration des femmes dans les FAC
Au milieu des années 1960, le gouvernement de l’époque souhaite faire des Forces canadiennes le reflet d’une société où les femmes participent de plus en plus au marché du travail. Ce mandat servira désormais de ligne de conduite pour le recrutement et l’embauche des femmes. D’autres influences politiques, comme la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme (1971) et la décision de la Commission canadienne des droits de la personne dans la société canadienne (1989), ainsi que les expériences des Forces armées démontrant l’efficacité des femmes dans des rôles non traditionnels, permettent de lever les derniers obstacles à leur participation dans les Forces armées et de leur assurer l’égalité avec les hommes pour les modalités du service.
En 1989, Heather Erxleben devient la première femme au Canada à servir dans l’infanterie de la force régulière. Des femmes comme Heather Erxleben relèvent de nouveaux défis avec la pression supplémentaire d’être les premières. Le dernier obstacle à la pleine intégration dans les Forces armées canadiennes (FAC), soit l’interdiction de servir dans les sous-marins, est levé en 2001.
Service militaire actuel
Même si le taux de participation féminine dans les Forces armées canadiennes n’est pas égal à celui des hommes et même si elles ne sont pas représentées dans tous les corps de métier, la situation a quand même beaucoup changé depuis le rétablissement des services féminins en temps de paix. Désormais, l’égalité des chances existe et les statistiques le prouvent.
En février 2018, 15,3 % du personnel régulier, 4,3 % du personnel de combat et 17,9 % des officiers des FAC sont des femmes. Des 14 434 femmes en service, 7 408 sont dans l’Armée, 2 856 sont dans la Marine royale et 4 160 sont de l’Aviation royale. Un an plus tard, 4,8 % du personnel de combat dans la force régulière et la première réserve sont des femmes. En février 2020, les femmes représentent 16 % du personnel des FAC, 19,1 % des officiers et 15,1 % des sous-officiers. Le pourcentage de femmes est le plus élevé dans la marine (20,6 %), suivie de près par l’armée de l’air (19,8 %). En 2020, les femmes représentent 13,5 % de l’Armée canadienne.
En date de mai 2023, les femmes représentent environ 16,5 % de la Force régulière et de la Première réserve des Forces armées canadiennes : 19,6 % des officiers et 15,4 % des militaires du rang. Ceci représente une légère augmentation par rapport à 2020. Les femmes représentent 20,7 % de la marine, 20,3 % de l’armée de l’air, et 13,9 % de l’armée.
En 2024, on dénombre 37 femmes qui ont été promues au rang d’officier général (dans la marine, l’armée ou l’aviation royale) dans les Forces armées canadiennes. Sheila Hellstrom devient la première femme brigadière-générale en 1987. Wendy Clay est la première femme promue major générale en 1994 et Chris Whitecross la première femme lieutenante-générale en 2015. Dans la marine, Laraine Orthlieb devient la première femme à détenir un rang d’officier général lorsqu’elle est promue commodore en 1989. Jennifer Bennett est la première femme promue contre-amirale en 2011. En 2021, Josée Kurtz devient commandante et vice-chancelière du Collège militaire royal du Canada; elle a été la première femme à occuper ce poste. En juillet 2024, Jennie Carignan est devenue la première femme sera promue au grade de générale et la première femme nommée chef d’état-major de la Défense.
Maintien de la paix
Bien qu’en petit nombre, les femmes s’impliquent également dans les opérations militaires de maintien de la paix. Lors de la conférence ministérielle sur la défense du maintien de la paix de l’ONU à Vancouver en 2017, le gouvernement fédéral annonce l’Initiative Elsie pour les femmes dans les opérations de paix. L’objectif de l’Initiative Elsie est « d’aider à accroître la participation significative des femmes aux opérations de paix de l’ONU. » En date de juillet 2023, un total de 57 Canadiens participent à des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Ceci comprend 19 femmes, 14 policières, trois « expertes en mission », et deux officières d’état-major.