En comparaison avec de nombreux autres pays, le Canada a été relativement chanceux en matière de guerre. Contrairement à d’autres nations fondées dans la violence, la Confédération de 1867 du Canada se déroule dans la paix. Depuis, la plupart des conflits auxquels a participé le Canada se sont presque entièrement déroulés en sol étranger. Par opposition à plusieurs pays d’Europe, par exemple, nos bâtiments et nos paysages ne sont pas touchés par les bombes et les batailles.
Ceci ne veut pas dire que les Canadiens, hommes et femmes, sont à l’abri des ravages de la guerre. Nous célébrons l’héroïsme et pleurons les sacrifices de nos militaires au cours de deux guerres mondiales et autres conflits étrangers divers, et de missions de maintien de la paix. Pourtant, moins d’attention a été accordée aux efforts déployés par les femmes lors de ces événements, en particulier aux infirmières qui ont bâti leur propre tradition de service et de sacrifice.
Les premières infirmières militaires se joignent à une unité militaire en 1885, et elles servent, dans ce rare cas de conflit en sol canadien, lors de la rébellion du Nord-Ouest. Leur première incursion en sol étranger se produit moins de 20 ans plus tard lorsqu’elles participent à la guerre d’Afrique du Sud (1899-1902) et portent l’uniforme de l’armée canadienne. Lorsque le Corps médical de l’armée canadienne est établi en 1904, il comprend un petit service permanent de soins infirmiers. Quatre ans plus tard, Georgina Fane Pope en devient la première infirmière en chef. (VoirInfirmières militaires du Service de santé de l’Armée canadienne.)
Dès le début, l’importance du rôle des infirmières et l’excellence avec laquelle elles remplissent ce rôle sont claires pour les hommes avec qui elles travaillent. Cette reconnaissance est formulée dans le langage et l’attitude de cette époque. Dans War Story of the Canadian Army Medical Corps, un ouvrage publié à l’époque de la Première Guerre mondiale (1914-1918), J. George Adami écrit : « La profession d’infirmière au Canada […] détient un statut supérieur à celui qu’elle a dans le vieux pays [la Grande-Bretagne]. » Près de 3 000 infirmières canadiennes sont en service durant cette guerre, et elles obtiennent le grade d’officier dans le Corps médical de l’armée canadienne, ce qui leur confère un statut unique et élevé dans les forces alliées. J. George Adami ajoute que les infirmières canadiennes reçoivent un niveau de formation plus élevé que leurs homologues des autres régions du monde, ce qui a pour conséquence « un nombre considérable d’infirmières en chef d’origine et de formation canadienne dans les grands hôpitaux américains ».
Parmi les infirmières qui servent, au moins 58 meurent durant la guerre, 21 d’entre elles meurent des suites d’action ennemie directe. Les infirmières militaires, souvent postées dans des hôpitaux de campagne à proximité du front, souffrent des mêmes conditions que les soldats, incluant les puces, les rats, et la mauvaise hygiène. Elles soignent les blessés et les mourants dans des conditions souvent primitives, sous les attaques d’artillerie et de bombardements. Neuf infirmières canadiennes reçoivent la Médaille militaire pour leur bravoure.
Depuis 1926, le Monument commémoratif des infirmières militaires est exposé dans le Hall d’Honneur de la Colline du Parlement, en mémoire du sacrifice des précurseures des infirmières d’aujourd’hui.
De nos jours, plus que jamais, nous comprenons la vérité de la description discrète, mais tout à fait exacte de J. George Adami lorsqu’il a décrit le travail accompli par les infirmières canadiennes sur les champs de bataille : « de par leurs actions, dit-il, elles ont fait une abondance de bien. » Et personne n’est mieux placé pour le savoir que les patients qui ont reçu leurs bons soins.