Project Mémoire

Dorothy Mary Robinson Holgate

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

L'Institut Historica-Dominion
L'Institut Historica-Dominion
Dorothy Robinson à Summerside, Ile du Prince Edouard, le 27 avril 2010.
L'Institut Historica-Dominion
Quand je l’ai annoncé à ma grand-mère, elle m’a rétorqué que je ne serais jamais conductrice. Et je me suit dit ‘’Tu verras bien ce que tu verras ‘’. J’étais déterminée à devenir conductrice et j’ai adoré cela.
Je me suis engagée dans la RAF et suis allée à Derby (Angleterre) pour être enrôlée et ensuite j’ai choisi un autre métier, c’était soit cuisinière soit opératrice radio ou conductrice. Alors j’ai choisi conductrice. Je suis partie à Lichfield qui était la station mère de cette unité d’entraînement opérationnelle, la n°27. Et puis après quelques semaines passées là-bas, je suis finalement partie à Church Broughton où je suis restée jusqu’à la fin, c’est à dire la fin de mon service en 1945. Je conduisais les gens aux avions, c’étaient des bombardiers Wellington, et j’emmenais les équipages à l’avion ou je conduisais les hommes de l’arsenal aux avions avec leurs bombes, qu’ils ne désamorçaient pas jusqu’à ce qu’on arrive là-bas, et ensuite j’attendais les équipages qui rentraient pour les reconduire. Et j’avais plusieurs autres petits boulots aussi. Donc, je voulais être chauffeur. Quand je l’ai dit à ma grand-mère, elle a répondu : « Tu ne seras jamais chauffeur. » Et j’ai pensé en moi-même : « Si, Mamie, je serai chauffeur. Je vais te montrer. » Et alors, je suis partie avec la ferme intention de devenir chauffeur, et j’aime vraiment beaucoup conduire. Il y a un incident en particulier, de bombes qui ont explosé. À Fauld, et apparemment à l’insu de tout le monde jusqu’à des années plus tard, il y avait un puits de mine là-bas et les bombes étaient entreposées dedans. Et bien sûr – c’est dans les journaux – les italiens travaillaient là, les prisonniers de guerre, ils travaillaient là. On a pensé qu’une étincelle de quelque chose a déclenché toutes les bombes et ça a explosé, et ce tout petit village de campagne n’était plus qu’un vaste cratère. Tout a volé en éclats, et les fermes et tout ça. On n’était pas autorisés à s’approcher le moins du monde. On a bien essayé d’aller voir, mais non. On s’occupait de conduire les officiers. Les officiers voulaient aller en voiture jusqu’à la ville la plus proche pour le travail et on s’occupait de l’affection des filles. Mais moi, apparemment, il y avait un officier en particulier qui demandait toujours après moi. Et je ne me rendais pas compte à ce moment-là, mais je suppose qu’il avait l’intention de se marier avec moi, ce qu’il a fait d’ailleurs. Il avait été posté à P.E.I. et pendant son service, pour l’entraînement au vol. Et donc il disait tout le temps qu’il retournerait à P.E.I. parce qu’il aimait les gens là-bas. Alors après ses six années de médecine – on était mariés à ce moment-là – on est retourné là-bas avec nos deux enfants et on habite dans l’île du Prince Edouard depuis. Et bien il m’a dit un jour, il m’a dit : « Je vais t’épouser et devenir médecin. » Et j’ai ris, mais je pensais : « Ah, ah, le beau parleur. » En tout cas, ça s’est fini comme ça. Oh oui, je faisais très attention, je m’étais dit « Je ne vais pas sortir avec un canadien, un américain, un australien ou un néo-zélandais. Ils me feraient partir de chez moi. » Alors voilà un anglais qui se présente à moi, et il m’a quand même fait quitter mon pays ! .