Project Mémoire

Dorothy Mary Stirling

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

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Dorothy Stirling, mars 2010.
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Les Allemands croyaient leurs messages indécodables. Et c’était presque vrai, mais l’une de leurs machines de codage avait été saisie.
J’ai travaillé avec les machines Enigma. Pas à la branche principale, où se trouvait le centre mais ils avaient des postes extérieurs. Le poste extérieur n’était pas connu pour ce qu’il était vraiment. C’était un travail de type administratif on pourrait dire. C’est ce qu’on prétendait, mais bien sûr ce n’était pas ça. On avait des quartiers, nos cabines et le bloc de travail avec différentes stations, vous savez, à l’écart du centre, de chaque côté avec la machine dessus. Elles étaient plus grandes que moi, je dirais à peu près 2 m, je ne m’en rappelle pas exactement, vous savez la longueur d’un bout à l’autre. Il y avait des rangées de tambours [cylindriques] avec trois tambours par rangée et la longueur complète de la machine. Vous aviez des fiches que vous enfonciez au dos de la machine, qu’on mettait là où on nous disait de les mettre, celle-ci par ici ou celle-là par là, les fils qu’on mettait dans le jack. On les envoyait et on allumait les machines et il y avait une espèce de, pas exactement une machine à écrire, mais elle tapait quand la machine s’arrêtait. Vous savez, ce qui avait marché, et bien sûr, d’après nous, on n’envoyait que les résultats à Bletchley Park où ils faisaient le travail, le vrai décodage du vrai message. Parfois c’était facile parce que parfois les Allemands, pensant qu’il n’y avait pas de problèmes, indiquaient peut-être l’endroit ou la date et vous pouviez travailler à partir de ces éléments en procédant à rebours. Mais avec chaque lettre, la combinaison changeait, donc c’était une prouesse pour ceux qui trouvaient l’original, qui déchiffraient le code. Les Allemands pensaient qu’il n’était pas possible de déchiffrer leurs combinaisons et c’était presque impossible. Mais les machines qu’ils utilisaient pour encoder, l’une d’elle a été trouvée. Travailler là-dessus, travailler à rebours et trouver un moyen de décrypter le code était une vraie prouesse mais bien sûr, je n’étais pas impliquée. Mais on cassait les codes avec les informations qu’on nous donnait et on n’avait pas le message complet. Ça ne marchait que sur des parties du message. On les appelait les bombes. On ne les appelait pas les machines Enigma. Pour bien tout dissimuler je suppose, chaque bombe avait un nom comme Calcutta ou d’autres noms. Elles avaient des noms et quand on remplissait notre feuille, on mettait le nom de la machine sur laquelle on travaillait, on ne les appelait pas Enigmas.