Project Mémoire

Doug Dickson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Doug Dickson
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Doug Dickson (au fond à gauche) et ses camarades instructeurs posant devant un Harvard, en juin 1944.
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Insignes d'uniforme de Doug Dickson représentant ses postes et ses missions pendant sa carrière dans la RCAF.
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Doug Dickson en 1944, à 19 ans, lorsqu'il enseignait à ses camarades pilotes.
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Carnet de vol de Doug Dickson montrant quelques unes de ses heures de vol dans un <em>Cessna Crane</em>, 1944.
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Médailles de Doug Dickson qui représentent ses 37 années de service dans la RCAF.
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Et je faisais des acrobaties dans le ciel partout autour et ainsi de suite, en essayant d’impressionner ma future femme.

Après la vie de cloîtré que j’avais eu à l’université, ça a été un changement assez brutal d’entrer dans la vie militaire. On était terrorisé par un caporal qui avait un accent cockney inintelligible et une voix tonitruante de 500 décibels au moins. Et il pouvait beugler et vous mettre sous sa coupe en un rien de temps.

On avait une situation des plus intéressantes quand on était à Londres. C’était au plus fort des bombardements, et immanquablement tous les soirs à la tombée de la nuit, les sirènes annonçant les raids aériens se mettaient à sonner et on avait l’ordre de quitter nos lits et d’aller dans le sous-sol passer la nuit sur des sommiers à nu avec des casques en fer comme oreillers. Après quelques temps, c’était devenu très ennuyeux. Une nuit, on s’est tous mis d’accord pour, quand la sirène retentirait on allait sortir de nos lits et nous cacher dessous pendant toute la nuit. Très soigneusement tirer les couvertures au-dessus de nos têtes. Le matin, ça a été très difficile d’essayer de sortir du lit avec tout ce poids et quand on a finit par réussir à retirer les couvertures, on s’est retrouvés couvert de verre et on pouvait regarder le ciel par le trou béant. Pendant la nuit, une bombe avait atterri juste de l’autre côté de la rue et avait fait sauter tout le devant de l’immeuble et on était là tout chancelants au 6ème étage et rien d’autre que le vide. Je peux vous assurer, qu’à partir de ce moment-là, dès que la sirène retentissait, on descendait au sous-sol.

Le transfert suivant c’était l’université de Cambridge, pour ceux d’entre nous qui avaient été sélectionnés pour être pilotes. L’étape suivante c’était qu’on nous a fait monter dans des trains, pour effectuer une mission secrète, et ça a été le back-out total dans le train et on est resté dedans pendant deux jours, les bombes tombaient aux alentours et ainsi de suite. Et à la fin des deux jours, ils ont ouvert les portes et nous ont laissés sortir et on s’est retrouvé au bord de la Clyde [Ecosse]. Et devant nous le spectacle majestueux du paquebot Queen Elizabeth. Alors on nous a briefés au sujet de notre mission et elle consistait à escorter 6000 prisonniers allemands, qui avaient tous été faits prisonniers en Afrique du Nord. Alors ils étaient enfermés dans le sous-sol du bateau, je suppose qu’il s’agissait de la coque, et c’était les individus les plus rudes et les plus robustes que j’ai jamais rencontrés. Et nous on était là, des gamins de 17, 18 ans pour certains, et on avait reçu des petites matraques de 25 centimètres de long et c’était comme ça qu’on devait obtenir qu’ils se soumettent et fassent ce qu’on voulait. Mais je peux vous assurer, ils pensaient que ces petites choses avec lesquelles on pourrait à peine les tapoter c’était une belle blague.

Notre escale suivante c’était Halifax. Et c’était formidable d’être là, et ils ont débarqué tous les prisonniers allemands et on nous a mis dans des trains. Et on est resté assis sur ces choses pendant 10 jours et on est finalement arrivés à Red Deer en Alberta. Et après avoir passé notre remise de diplôme là-bas, on nous a donné nos insignes de pilotes, nommés officiers et envoyés vers nos différentes affectations.

Il s’est avéré que j’ai terminé 3ème sur 106 alors au lieu d’aller immédiatement outre-mer, j’avais été choisi comme instructeur. J’y suis resté pendant à peu près douze mois et un jour on m’a demandé de venir et on m’a dit que j’allais être envoyé dans une autre base, et c’était l’Ecole des instructeurs de vol à Pearce, en bas près de Lethbridge en Alberta. Et je suis devenu instructeur d’instructeurs, ce qui était vraiment un honneur à cette époque. Alors j’avais le grand bonheur de faire ça et un jour, un de mes amis a dit « Est-ce que ça te ferait plaisir de venir passer un week-end avec nous. » Alors j’ai répondu « Et bien je viens de rentrer d’une croisière sur les grands lacs. » Et toute ma fortune à l’époque se montait à 25 cents. Alors j’ai compris que la raison pour laquelle ils me poussaient à venir avec eux c’était que étant l’un des instructeurs principaux, je pouvais emprunter un avion et le garder ailleurs pendant le week-end. Donc c’est la raison pour laquelle ils étaient tellement enthousiaste à l’idée de m’emmener avec eux. Et la ruse qu’ils avaient employé c’était de dire que ces gens avaient une très belle résidence secondaire donnant sur le Lac Ste Anne et trois filles de surcroît. Alors ça c’était vraiment une ruse.

Quoiqu’il en soit, on est arrivés là-bas, on est entrés dans la maison et la plus jeune des trois filles, qui s’appelait Meg, était assise à la table, très gênée, parce qu’elle avait des bigoudis sur la tête et elle portait des vêtements d’intérieur. Mais je suis presque sûr que ça a été le coup de foudre et on est tombés profondément amoureux. Et je suis retourné souvent là-haut. Donc je réunissais, oh, peut-être bien une formation de 12 avions . On commençait à voler à 5 heures du matin et on arrivait près de sa maison vers 6 heures du matin. Et puis voilà qu’arrive cette super volée d’avions au dessus de la maison, et ça ne plaisait pas du tout à son père. Et de temps en temps j’allais là-bas en solo et mon tour le plus sensationnel c’était de voler entre les deux silos à grains. Et ils habitaient de l’autre côté. Et je montais en flèche, juste entre les deux silos, et au dessus de la maison, à 50 pieds d’altitude par là. Et je faisais des acrobaties dans le ciel partout autour et ainsi de suite, en essayant d’impressionner ma future femme.

J’étais en poste à Pearce alors, c’était à côté de Lethbridge, quand j’ai décidé de me fiancer et je suis allé en avion là-bas pour aller chercher la bague. Mais il y avait une récompense de 50 dollars pour qui volerait sous le grand pont de Lethbridge. Alors comme je n’avais pas beaucoup d’argent pour acheter cette bague, je suis allé voir ce pont et je l’ai survolé deux ou trois fois et j’ai pensé « Bon sang de bon sang, j’aurais bien besoin de ces 50 dollars. » Alors finalement j’ai tout simplement viré et je suis passé dessous. Et je n’ai même pas osé regarder sur les côtés, parce que c’était tellement serré. Je suis ressorti de l’autre côté en faisant des tonneaux tout autour. Et finalement, pour Noël en 1944, j’ai demandé sa main et je lui ai offert ce diamant. Et je suis toujours avec la même femme 65 ans plus tard !