Nous sommes arrivés en Angleterre et j’ai été envoyé dans un camp de toute façon. Bien sûr, vous devez tout d’abord passer la visite médicale, alors j’ai entendu la même chose de la part du docteur, qu’est-ce que vous faites dans l’armée avec des pieds comme ça ? Bon, j’ai dit, réformez-moi et renvoyez-moi chez moi. Non, non, on ne peut pas faire ça, vous êtes dans l’armée maintenant. Alors ils m’ont envoyé à, comme renfort, dans cette unité qui s’appelait l’hôpital canadien N°8 (Corps médical de l’armée royale canadienne), qui était un hôpital qu’ils avaient formé ici à Dundurn (Saskatchewan). Mais ils étaient outre-mer à ce moment-là en Angleterre, alors j’y suis allé et j’étais, je me suis engagé là. Ils ne savaient pas quoi faire de moi parce que je n’étais pas aide-soignant.
Alors en tout cas, ils m’ont mis dans le service général, ce qu’ils appelaient le service général, faire briller les sols, balayer par terre. Alors quand le moment est venu de, l’année suivante quand on est descendus à Didcot (Angleterre), c’est là que j’ai rencontré Sylvia (La future épouse de M. Power), et avant qu’on descende là-bas, on a passé une visite médicale à nouveau. Je lui ai dit, on ne peut pas tout recommencer ; et j’ai dit, le docteur a dit, on ne peut pas vous emmener avec nous. J’ai dit, bon, vous n’allez pas me laisser ici. Alors il a dit, bon, attendez une minute, alors il est allé demander au colonel. Il a dit, Power dit qu’il ne veut pas quitter le groupe. Alors il a dit, s’il veut partir, laissez-le venir, assurez-vous simplement que c’est noté dans son dossier médical qu’il a des pieds en mauvais état.
Et ça se passait deux semaines après le jour J et nous, vous savez, c’est que qu’ils appelaient la tête de pont, c’est là qu’elle était installée, alors tout le ravitaillement arrivait là-bas. Ils n’arrivaient pas à retrouver nos affaires, alors on a dû dormir sur la plage. Et finalement ils ont retrouvé nos affaires et ils ont tout chargé sur un camion, avec le personnel. Le chauffeur qui nous conduisait à l’endroit où on devait installer un hôpital, il s’est perdu et on s’est retrouvés dans un barrage d’artillerie. Ce n’était pas très plaisant. Quoi qu’il en soit, il a fait demi-tour et on est allés à, c’était un petit endroit appelé Bayeux, BAYEUX, ça s’épelait je crois. C’est là qu’on a installé le premier hôpital, dans des tentes en toile.
Bon, je faisais tout. J’étais brancardier ; j’emmenais les gars de la tente à la tente salle d’opération et je les ramenais après sur un brancard. Bon, on était dans le champ. Les ambulances les amenaient du front et on les sortait, et on les emmenait à l’intérieur de la tente hôpital. Et ceux qui avaient besoin d’une opération, on s’occupait d’eux en premier.
Vous aviez seulement deux hommes pour porter un brancard et c’était très boueux, parce que toutes les ambulances venaient jusqu’à l’hôpital et ça remuait la boue. Et puis quand on était à Anvers, c’est le moment où les premières bombes V2 ont commencé à tomber sur le sol allié. Elle a explosé en plein centre de la ville. Et toutes les 15 minutes, il y avait soit une bombe V1 soit une bombe V2 qui tombait. Les allemands essayaient d’empêcher les gars du Génie les belges et les canadiens de faire en sorte de déblayer le port parce qu’ils coulaient toutes sortes de bateaux et barges dans le port, comme ça vous ne pouviez pas débarquer le ravitaillement là-bas. L’armée essayait de déblayer tout ça, pour pouvoir traverser la Manche et arriver directement sur Anvers et débarquer le ravitaillement là au lieu de tout débarquer à Bayeux.
On était à Anvers même à cette époque aussi. Alors on était dans un bâtiment à Anvers. Donc l’hôpital était juste là, mais je crois que le premier jour il y a eu 500 personnes qui se sont fait tuer. Elle est juste tombée pile sur le centre ville.
Un des souvenirs que j’ai toujours gardé en mémoire, et ça peut paraître étrange, mais on a enterré un soldat allemand. Ça m’est vraiment resté parce que ce jour-là je pensais, qu’il était probablement le fils, le frère, peut-être le jeune époux ; et ici les gens en Allemagne croient, bon, il va bien, on va bientôt recevoir une autre lettre de sa part et ici on est en train de l’enterrer. Ça m’a vraiment fait quelque chose.