Project Mémoire

Douglas Germaine

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Douglas Germaine
Douglas Germaine
Douglas Germaine
Je me suis enrôlé dans les forces armées en juin 1951 et suis parti à Halifax (Nouvelle-Écosse) où j’ai prêté serment et suis devenu un membre de l’armée canadienne. Et puis, j’ai rejoint le Corps royal du génie canadien et je suis parti à Chilliwack (Colombie-Britannique), ai fait mes classes à Chilliwack, ai suivi mon entrainement de corps à Chilliwack, et puis je suis parti en Corée en avril je crois c’était en 1952. Et bien sûr, j’ai passé mon année là-bas, je suis rentré de Corée en août 1953. Et pendant que j’étais là-bas, nos boulots c’était je suppose des boulots très simples comparé à l’infanterie. On n’a pas été vraiment dans le feu de l’action côté combats même si on était impliqués quand l’ennemi nous tirait dessus. Et notre travail principal c’était les routes et les terrains d’aviation, et la guerre des mines. Essentiellement les routes. Et j’ai été affecté au Patricia (surnom du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry Regiment) pendant trois mois sur la colline 355 et notre travail là-bas c’était de creuser des bunkers souterrains aux deux tiers de la route qui montait dans la montagne. Et ça me plaisait bien à part qu’il fallait rester là-bas pendant la nuit. Et ça je n’aimais pas, rester dans ces bunkers la nuit, les Chinois de l’autre côté, on ne savait pas ce qui se passait. Et c’était assez effrayant. On récupérait les mines. Récupérer des mines ce n’est pas la même chose que poser des mines. Même si d’une certaine façon, c’est plus risqué. Les mines posées par l’ennemi n’étaient jamais marquées. On savait qu’il y avait un champ de mines là-bas, mais on n’a jamais su où il était ou comment c’était, rien, on ne savait rien au sujet du champ de mines. Alors 99 pour cent du temps, on était allongés à plat ventre, en rampant dans le champ avec une baïonnette à la main en train de creuser le sol pour trouver la mine. Et c’était la partie difficile du désassemblage de la mine. Et bien sûr, quand on avait trouvé la mine, on lui mettait une marque et on pensait que la mine était complètement dégagée et marquée, alors on partait du champ de mines et deux ou trois autres gars venaient après nous et ils prenaient les mines et les désamorçaient. Et c’était un travail dangereux pour ces gars parce que parfois ils ne savaient pas où le champ de mines était piégé, on ne savait pas qu’il était piégé. C’était simplement une de ces choses, la manière dont les Chinois opéraient. Or, j’ai été en Corée au mois d’avril cette année pour une visite. Et certaines des zones où on a roulé, sur les côtés des routes, les nationales, des petits triangles rouges qui pendaient sur un petit morceau de fil de fer, les mines sont toujours là. Une fois on est sortis faire une patrouille avec le Patricia et ce n’était pas vraiment une patrouille. On est partis à environ quatre ou cinq cents mètres de la base seulement et on est restés là à écouter ce qui se passait pendant sans doute une heure et puis retour à la base. Alors ça n’a pas été vraiment une expérience sinon pour dire, bon, j’ai fait une patrouille. La dernière semaine où j’étais là-bas, on travaillait sur une couverture de camouflage. On avait un nouveau lieutenant qui venait d’arriver en Corée, je n’ai pas la moindre idée de son nom, je le connaissais à l’époque, mais maintenant. Et bien sûr, les Nord-coréens ont commencé à nous tirer dessus et on était sur le dessus de nos camions évidemment et au sommet de la montagne alors ils pouvaient nous voir. Alors ils ont commencé à nous tirer dessus et on a sauté du camion dans un petit trou qu’on avait creusé dans le sol, à toute vitesse. Une vingtaine de minutes plus tard à peu près, le lieutenant a dit : « Bon, remettons-nous au travail. » Je lui ai dit, j’ai dit : « Pas question, je ne retourne pas au travail. » J’ai dit : « Regarde ce que je viens de ramasser, un éclat d’obus d’une quinzaine de centimètres de long à peu près et de la grosseur de mon index et à une douzaine de centimètres de ma tête à peu près. » Et j’ai dit : « Si tu crois que je vais retourner là-bas aujourd’hui, t’es dingue, je rentre chez moi dans une semaine et je vais rentrer en un seul morceau. » J’ai dit : « Tu peux y aller si tu veux, mais moi non. » Et je n’y suis pas allé. Et bien sûr, il n’a trop rien dit, il a juste hoché la tête, vous savez, étant le nouveau lieutenant, il ne savait pas trop à quoi s’en tenir et voilà pour l’essentiel.