Project Mémoire

Edgar Ed Branch

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Ed Branch
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Ed Branch est le 4ème à gauche au premier rang dans cette photographie de groupe, prise quand il a commencé son entraînement à E.F.T.S. à Toronto, Ontario, le 2 juillet 1942.
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Page provenant du carnet de vol d'Ed Branch, dans lequel il notait chaque vol de 1942 à 1945. Cette page montre en particulier les vols depuis novembre 1944.
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Le lieutenant Ed Branch photographié devant la maison de ses parents à Windsor, Ontario, le 22 août 1943.
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Ed Branch photographié avec son équipement de vol, devant la maison de ses parents à Windsor, Ontario, le jour où il a été diplômé, après sa formation de pilotage en 1943.
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Ed Branch a aidé son camarade anglais dont l'avion s'est écrasé dans la rivière de Petitcodiac au Nouveau Brunswick, le 5 mai 1945.
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Et il tremblait comme une feuille et bien-sûr, il était complètement traumatisé je pense.
Je m’appelle Eddie Branch. J’ai reçu le grade d’officier d’aviation pendant la Deuxième Guerre mondiale, et je volais surtout sur la côte est, et aussi dans quelques provinces de l’ouest comme par exemple l’Alberta. Après avoir fini mon entraînement et être devenu sous-lieutenant d’aviation, on m’a envoyé dans la base de Dartmouth en Nouvelle Ecosse la plus grande partie du temps. Et j’ai aussi été basé à Scoudouc dans le Nouveau Brunswick où je suis devenu pilote d’essai. Mon travail principal consistait à faire des vols d’essai sur chacun des avions qui arrivaient à la base et voir s’il y avait quelque chose qui n’allait pas ou si tout allait bien. Des quantités de, plutôt vers la fin de la guerre, quand la Grande-Bretagne a commencé à envoyer un nombre impressionnant d’aviateurs expérimentés qui avaient traversé le nord du Canada en passant par l’Islande et Terre Neuve pour arriver à notre base. Je n’avais aucune autorité sur eux ou quoique ce soit. Beaucoup d’entre eux partaient en vacances pour deux semaines au moins, à ce moment-là. Donc j’avais une expérience qui me permettait de voler sur beaucoup d’avion différents. Une bonne partie de mon expérience, je l’ai acquise sur le tas. Je n’ai jamais eu de problèmes. C’était à, c’était quand j’étais basé à Scoudouc dans le Nouveau Brunswick, je crois. Et on était la seule base à proximité, ou la base la plus proche qui ait une chance d’arriver jusqu’à lui. Et on avait été prévenus par un groupe de chasseurs qui avaient décollé de Greenwood en Nouvelle Ecosse, si je me souviens bien. On avait eu l’appel juste au moment du déjeuner et avec comme commentaire que l’homme avait réussi, un gars avait sauté d’un avion pour une raison ou pour une autre, je ne sais pas. Mais il avait mis son gilet de sauvetage et il était arrivé à un canot pneumatique, qu’il avait pu, même si j’en avait pris un avec moi aussi. Il était assis sur un rocher si je me souviens du moment où je l’ai vu pour la première fois. Et je ne suis pas tout à fait certain de ça parce que c’était il y a un bon bout de temps. Quoiqu’il en soit, je crois qu’il était assis sur un rocher et je crois qu’il était anglais et il frissonnait. Et quand je lui ai parlé, il m’a répondu, mais il était complètement sous le choc, et il n’avait pas vraiment l’air de savoir ce qu’il faisait, il n’avait pas l’air de savoir comment suivre mes instructions quand je lui ai parlé. Comme par exemple, je lui ai demandé de rester assis sans bouger une minute le temps d’accrocher mon avion à ce rocher, et, non, ce n’était pas un rocher, je sais ce que c’était maintenant, c’était un morceau de l’avion sur lequel il se trouvait. Il avait réussi à le rejoindre et c’était, les deux ailes avaient été arrachées, le pilote était encore dans le cockpit de l’avion noyé. Je ne peux pas, ouais, c’était une aile que je, sur laquelle il était, alors je me suis approché de lui et je, il faisait 1m83 et moi 1m68. Encore aujourd’hui je me demande comment j’ai pu le soulever parce que j’avais pris un canot pneumatique avec moi de l’avion pour aller le chercher. (rires) L’avion sur lequel j’étais, George Fletcher était mon commandant d’escadrille et il était capitaine. Il habite toujours sur la côte ouest, sur la côte est je devrais dire. Il est né et a grandi près de Scoudouc quelque part par là, je ne suis plus tout à fait sûr de là où ça se trouve maintenant. Mais quoiqu’il en soit, ce gars, il semblait cohérent sauf qu’il n’avait pas l’air de comprendre comment suivre les instructions. Et ce que j’ai découvert à son propos, et je ne suis pas sûr d’avoir un dossier là-dessus ou non, mais c’était un mitrailleur de bord anglais expérimenté ou un navigateur ou quelque chose comme ça. Et quand j’ai, quand j’ai, lui ai donné un ordre, je pensais qu’il saurait quoi faire, et, et puis j’avais regardé en arrière et il avait fait que dalle ; il était juste là assis sur l’aile de son avion. C’était juste un bout de l’aile parce que apparemment il y a la marée par là et ce truc était coincé au fond de, je crois, au fond de la rivière Petitcodiac, juste à la base, là où ce n’est pas très profond. Finalement, j’ai dit à George, mon commandant, quel était le problème, mais j’ai dit, je vais aller le chercher et je vais le mettre dans mon canot et je vais le ramener, loin de toute cette pagaille ici. Parce que, j’ai dit, c’est trop peu profond pour notre avion et je ne pouvais pas voir le fond mais c’était je crois c’était autour du printemps 1943 ou 44. Je ne sais pas. Quoiqu’il en soit, j’avais attaché mon canot à l’épave de son avion et je m’étais penché et je l’avais soulevé, et sans le lâcher je l’avais déposé dans mon canot. Et puis je ne sais pas combien de temps ça avait pris, mais je pense que ça nous avait pris entre 20 minutes et une demi heure pour arriver jusqu’à lui à partir du moment où on avait quitté la base où j’étais en train de prendre mon déjeuner jusqu’au moment où on était arrivé près de lui. Je l’ai repéré d’en haut assez facilement et j’avais atterri avec l’avion juste là et George m’a laissé sortir et monté dans un canot que j’avais mis à l’eau et vogué jusqu’à l’endroit où il était assis sur l’épave. Et il tremblait comme une feuille et bien-sûr, il était complètement traumatisé je pense. Mais quoiqu’il en soit, je pense qu’il était anglais, je n’en suis pas certain. Je suis allé lui rendre visite la semaine suivante quand il était à l’hôpital de Moncton dans le Nouveau Brunswick. Il a dit qu’ils, il était ok et il m’a remercié et il a dit qu’il allait rentrer chez lui en Angleterre. Et je lui ai souhaité bonne chance et je crois bien qu’il est rentré chez lui le jour suivant avec les forces aériennes, ils l’ont ramené dans son pays en avion. Bon, c’est à peu près la seule chose que j’ai jamais faite.