Project Mémoire

Edith Hemingway (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Edith Hemingway
Edith Hemingway
Edith Hemingway, le 15 janvier 1943.
Edith Hemingway
« Je lui ai montré une chaise en lui demandant de bien vouloir se lever pour que je puisse faire le lit. Il m’a dit que c’était impossible, car il n’avait plus de jambes. Jamais je ne l’oublierai, et il y en avait tant d’autres comme lui. »

Transcription

Je travaillais dans un restaurant à Saint John, au Nouveau-Brunswick et, un jour, en regardant par la fenêtre, j’ai vu toutes ces filles de l’armée défiler dans la rue et j’ai trouvé qu’elles avaient l’air brillantes. Elles étaient stationnées à Saint John, au Nouveau-Brunswick. Je me suis donc dit que c’était pour moi. La semaine suivante, je suis allée m’enrôler et quelques jours plus tard, on m’a appelée, j’ai passé mon examen médical et j’ai été acceptée.

On nous a dit que nous allions prendre la relève des hommes parce que les hommes partaient à l’étranger et qu’il fallait des gens pour les remplacer dans les bureaux et ailleurs. J’ai travaillé dans la salle médicale, en tant qu’assistante médicale. J’étais en instruction à l’hôpital Chorley Park de Toronto et on m’a envoyée dans le service un matin pour faire les lits. J’étais devant un de ces lits, je m’en souviens encore. Je me suis approchée de ce lit et un beau jeune homme d’une vingtaine d’années y était allongé. Je lui ai demandé poliment de sortir du lit et de s’asseoir sur une chaise pour que je puisse faire le lit. Il m’a répondu qu’il ne pouvait pas sortir, il n’avait pas de jambes. Je n’ai jamais oublié. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Nous nous levions le matin, nous mettions nos blouses blanches et nous arrivions, suivies du médecin. Il y avait une file d’attente de cinq ou dix filles selon la journée qui voulaient voir le médecin. Je devais donc les emmener, le médecin les examinait et décidait si elles devaient être placées à l’infirmerie ou non. J’en ramenais certaines chez elles par train et je revenais. Je m’assurais qu’elles restaient bien à la maison pour quelques semaines. C’était vraiment bien. Nous avions l’habitude de sortir le soir dans les restaurants et nous amuser. Bien sûr, nous avions nos jeux. Nous jouions au ballon, nous faisions du sport, nous jouions aux quilles… nous avions même une équipe de quilles! J’aimais beaucoup y aller les fins de semaine quand nous avions congé en même temps. Nous étions deux à monter dans l’autobus, nous allions à Buffalo (État de New York), nous faisions de petites excursions en autobus là-bas. Nous avions notre propre chambre dans un grand bâtiment. On organisait des soirées dansantes réservées aux membres de l’armée. Nous y allions le samedi soir si nous le voulions. Oui, c’était la belle vie.