Project Mémoire

Edward Dickins

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Smith, Jack, H., Photographe
Smith, Jack, H., Photographe
Prise de salut du Général H.D.G. Crerar pendant un défilé des Dragons de Colombie Britannique à Eelde, Pays-Bas, le 23 mai 1945.
Smith, Jack, H., Photographe
On allait partir en éclaireurs avec nos chars et puis on allait sortir des chars et jouer le rôle de l’infanterie.
Quand je me suis engagé, ici à Kelowna, ils ont commencé par nous faire faire des manoeuvres en groupe et je n’arrivais pas à faire les mouvements de bras correctement quand on avait commencé l’exercice. Quand ma jambe droite avançait, mon bras droit avançait aussi. Et le sergent major - sergent major Henry, c’était son nom- et il a fait arrêter l’escouade et il est allé au dépôt d’armes ici, il y avait un grand saule, un saule pleureur. Il est allé là et a sorti son couteau de poche et a coupé deux branches de l’arbre, a enlevé toutes les feuilles, coupé les branches quasiment de la bonne taille. N’avait pas adressé la parole à quiconque et était tout simplement revenu et en disant, Dickins accroche-toi à ça. Alors j’en ai mis une dans chaque main et il y avait Lipinski devant moi, il a dit, Lipinski, tiens-les bien et ne lâche pas. A gauche toutes, en avant marche ! C’est comme ça que j’ai appris à balancer mes bras en cadence. Je suis arrivé à Kelowna en 1937, je venais du Saskatchewan où je suis né. Je me suis engagé dans l’armée le 27 juillet 1940, ici à Kelowna. Et puis on a fait nos classes à Camp Vernon. Nous allions ensuite être le 5ème régiment de motocyclistes canadiens. Nous n’avions pas de motocyclettes à ce moment-là. Ensuite nous sommes allés à Victoria et Esquimalt, où on nous a donné des motocyclettes et notre entraînement nous a permis de devenir très compétents en tant que régiment de reconnaissance. Je devrais seulement ajouter, je suis content que nous ne soyons pas parti à la guerre avec ces motocyclettes, nous n’avions aucune protection sur celles-là. Mais pour être reconnu en tant que conducteur de motocyclette, vous deviez être capable de conduire un side-car avec un passager dans l’habitacle et de garder l’équilibre du side-car sans toucher le sol et de faire un huit pour que votre aptitude à conduire soit validée. Puis on a continué, ils ont décidé que nous allions devenir un régiment de combat. Et on nous a donné le nom de 9ème régiment de combat canadien, les British Columbia Dragoons. Et on est parti pour Camp Borden où on nous a appris à nous servir des chars. Et on s’est préparé pour aller à Halifax et prendre le bateau, Les Andes [HMT]. Nous sommes allés en Angleterre et avons débarqué à Liverpool où on a fait la plus grande partie de notre entraînement, l’entraînement officiel là-bas avec des chars adéquat et le reste des, le reste des troupes alliées qui étaient en Angleterre pour l’entraînement. On a fait ça, on est resté dans des endroits comme Crowborough en Angleterre et Marlborough. J’avais été sélectionné pour être dans un groupe de reconnaissance, pour aller en Afrique faire de l’entraînement au combat. Après avoir quitté l’Angleterre et être arrivés en Afrique, à Alger, on a découvert à ce moment-là que la délégation canadienne avait été renvoyée vers l’Italie et on a rejoint notre régiment là-bas à Naples. Donc je ne suis pas retourné en Angleterre du tout. Et on a rejoint notre régiment là-bas, et puis on s’est rassemblés et on est alors devenu le Premier Corps Canadien. La première division était déjà là, parce qu’ils étaient passés par la Sicile. On les a retrouvés là, on nous appelait la 5ème Division blindée avec l’écusson bordeaux. On nous appelait la « Mighty Maroon Machine ». C’était le surnom qu’on nous avait donné. Et c’était tous des régiments de combat. Au Canada, si vous aviez vu l’équipement qui nous servait à l’entraînement, vous vous demanderiez comment il est possible que quiconque puisse jamais gagner une guerre avec ce genre de matériel. C’était des chars de la Première Guerre mondiale appelés des Whippets, ils étaient tout juste capable de vous donner, quoi, que vous êtes dans un char, vous êtes dans du métal tout ce qu’il y a de solide et toutes ces sortes de choses. C’est ce dont vous preniez l’habitude. Une fois en Angleterre, alors on a eu des chars différents. On a eu le Ram canadien, on a eu le Churchill et on a fini avec le Sherman. Et c’est le meilleur char qu’on ait eu et on fait toute la guerre avec des Sherman. Au début quand on les a eu, c’était du matériel de guerre pas vraiment puissant. On avait un 75 mm [canon] dessus et on avait des 88mm en face de nous et on a fini par avoir des 105 et là on pouvait, on pouvait les affronter avec ce genre d’armement. Mais au début, on était plus rapide. Nos Sherman avançaient beaucoup plus vite que les chars allemands, que les Panzer qu’ils avaient. Ils étaient vraiment lents mais ils avaient beaucoup d’armes et étaient mortellement dangereux quand ils s’acharnaient sur vous. On a perdu de nombreux chars dans toutes ces batailles. J’ai eu beaucoup de chance. J’étais avec un excellent conducteur et il savait bien se mettre en position de camouflage ce qui me permettait de jeter un coup d’œil rapide au-dessus d’un monticule ou des choses de la même nature. Et on a vraiment eu de la chance, c’est un fait, de ne pas être touché au cours d’un de ces combats. On a traversé l’Italie, traversé des endroits comme la Vallée du Liri, la ligne Hitler, la ligne Gothique a été la dernière grosse intervention à laquelle nous avons participé en Italie. Et après nous sommes repartis, avons remportés nos chars, les avons transportés par ferry jusque dans le sud de la France, parce le jour J avait déjà commencé. Et on a rejoint le reste des forces canadiennes en Belgique. Et puis de là nous sommes monté tout droit en Hollande, à Delfzijl et d’autres endroits en Hollande. A Appingedam, sans doute une des batailles les plus dures dans le nord-ouest de l’Europe fut celle de la ville de Appingedam. En effet, nous étions au nord de la Hollande quand on nous a passé le mot que la guerre était, que l’Allemagne capitulait. A ce stade, ils n’avaient pas l’impression qu’il y avait assez, s’il y avait assez de troupes allemandes dans le secteur pour aller jusqu’au bout ou non, nous n’avions pas d’infanterie. On nous disait, on nous avait dit le jour précédent qu’on allait faire ça. On allait partir en éclaireurs avec nos chars et puis on allait sortir des chars et jouer le rôle de l’infanterie. Et faire le ménage, ce genre de choses. Et c’est à ce moment là qu’on a découvert que les allemands s’étaient rendus.