Project Mémoire

Edward Ernest Charles Beaven

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Edward E.C. Beaven
Edward E.C. Beaven
Médailles de services remises à Edward Beaven (de gauche à droite): 1939-45 Star; Africa Star avec fermoir d'Afrique du Nord; Médaille de la Défense; Médaille de la Victoire; Médaille du Jubilé de la Reine.
Edward E.C. Beaven
Edward E.C. Beaven
Edward E.C. Beaven
Certificat de service et de sortie de la Royal Air Force, attribué à Edward Beaven le 20 août 1946.
Edward E.C. Beaven
De façon générale, je peux affirmer que oui, j’ai pu visiter des parties du monde que je n’aurais jamais vues autrement. Vous savez, le Moyen-Orient est un endroit fascinant. C’est incroyable.
J’estime que j’ai passé environ un an et demi à Benghazi. J’y étais lorsque les Américains sont entrés en guerre. Nous étions de ceux qui ont effectivement contrôlé l’assaut américain sur les champs de Ploiesti en Roumanie. Ouais, par la suite, lorsque les Allemands se sont retirés de l’Afrique du nord, nous avons été envoyés en Turquie. J’ai fait un an ou dix-huit mois en Turquie. Nos activités étaient les mêmes qu’en Afrique du nord; nous conseillions les Turques sur comment contrôler un avion en situation de bombardement aérien. Même si, je ne crois pas que les forces aériennes de la Turquie n’ait jamais pratiqué un bombardement aérien. Nous étions habillés en civils lorsque nous sommes arrivés en Turquie. Nous sommes allés d’abord à Aleppo en Syrie où on nous a fourni des vêtements de civils. La Turquie n’avait pas encore déclaré la guerre à ce moment-là. La déclaration n’est venue que six ou huit mois plus tard. Nous étions sensés agir à titre de conseillers techniques sur la puissance en watts et la communication radar pour les forces aériennes turques. Mais, nous n’avions aucun équipement. Ce fut toute une expérience. J’ai bien aimé la Turquie. Nous avions une base militaire séparée. Nous visitions les bases turques en voiture et nous présentions de petites conférences ou des démonstrations et puis nous retournions sur notre base. Nous étions hébergés chez des civils dans une petite ville tout près de Smyrna. Vous savez, il y avait des sympathisants allemands dans les parages. La plupart des Turques étaient très intéressés par les Britanniques qui arrivaient. Vous savez, nous étions seulement environ 2000, parsemés sur trois villes en Turquie. Il n’y avait donc pas une présence importante avant la déclaration de guerre. Nous étions là huit ou neuf mois avant que la Turquie ne déclare officiellement la guerre et sa position pour les Alliés. Ensuite, nous avons pu endosser nos uniformes. Et, je suis resté encore deux ou trois mois avant de retourner à la maison – pas à la maison mais ailleurs. Lorsque la déclaration de guerre est venue, les Turques ont décidé que leurs forces militaires suffisaient à la défense du pays et que tous les étrangers, surtout ceux en uniforme, devraient quitter le pays. (Il rit). L’armée britannique a alors adopté un système pour déterminer qui des soldats et quand ils pourraient quitter le pays. Un système de pointage a été appliqué, basé sur plusieurs critères : l’âge, l’état civil et la profession civile. Ce système a été appliqué même après la fin de la guerre. Ce système a été créé pour éviter la situation qui s’était produite après la Première Guerre mondiale. À cette époque, ils avaient démobilisé tout le monde en même temps et il y a eu beaucoup de chômage. Par exemple, mon père n’a plus jamais travaillé après 1921. Ils ne voulaient pas que la même chose se reproduise pour les gars de la Deuxième Guerre mondiale. Donc, ils ont procédé avec une démobilisation échelonnée. Alors, même après la fin de la guerre, j’étais encore dans les rangs des Forces aériennes et mon dernier poste a été au nord de l’Écosse ce qui ne pas du tout aidé à ma réinsertion puisque je viens du sud de l’Angleterre ! (Il rit.) Ce dernier poste en Écosse consistait à mettre en pièces les engins Short Sunderland Flying Boats, pour récupérer l’équipement radio. Ils étaient ensuite emmenés en mer par remorqueurs et coulés dans la mer d’Irlande. Ils s’en sont débarrassés comme ça. Ils ont récupéré tout ce qui pouvait servir et se sont débarrassés des avions. C’était ma tâche, ma dernière tâche dans les Forces aériennes et je l’ai accompli sur six ou huit mois, si je me souviens. J’ai eu la chance d’aller en Irlande du Nord parce que j’étais à bord d’un des remorqueurs et après avoir fait couler l’avion, nous sommes allés à Belfast où nous avons pris un bon repas, une bonne chope de Guinness et nous sommes rentrés. (Il rit.) La bouffe était habituellement assez bonne. Les aliments provenaient de producteurs locaux et nous mangions comme les gens de la place. Les œufs étaient pas mal plus petits en Égypte qu’en Grande-Bretagne. Il y avait très peu de bacon parce que les musulmans n’en mangent pas. Donc, le bacon n’était pas facile d’accès. Il provenait habituellement d’Angleterre ou des États-Unis et il arrivait en gros mottons congelés et les cuisiniers n’étaient pas tous bons cuisiniers, enfin, vous pouvez vous imaginer. Je n’ai jamais vu d’aliments comme les Corn Flakes mais nous avions du gruau deux ou trois fois par semaine. Il y avait toujours ce qu’on appelait une ration de bière. Si vous étiez sur la base, vous aviez droit à deux bouteilles par semaine. Si vous étiez dans le désert, vous auriez été très chanceux de même en voir une. Mais, vous savez, nous avions droit à des permissions de sortie, quand nous le voulions. Je veux dire, j’ai obtenu un congé de sept jours pour allez au Caire et visiter les pyramides et le Sphinx et tous les autres attraits touristiques. J’ai visité ce qu’ils appelaient le centre de réception au Caire ou j’ai pu rencontrer cinq autres gars. Nous avons visité les lieux ensemble et nous avons couru les boîtes de nuit. Il y avait des danseuses du ventre. Vous pouviez danser avec des filles et vous adonner aux activités normales des clubs de nuit. De façon générale, je peux affirmer que oui, j’ai pu visiter des parties du monde que je n’aurais jamais vues autrement. Vous savez, le Moyen-Orient est un endroit fascinant. C’est incroyable. Il y a un endroit à Aleppo où l’on peut visiter les ruines d’un château des croisades qui date du 12ième siècle. Toutes des choses très intéressantes. Une des plus intéressantes date de 1000 avant Jésus-Christ lorsque Jérusalem était en état de siège. Les habitants ont creusé un conduit sous les murs pour alimenter en eau fraîche, la population à l’intérieur de la forteresse. J’ai marché sur la longueur de ce conduit d’eau et l’eau est toujours là, à un pied de profondeur, toujours fraîche et très, très froide. J’ai attaché mes bottes autour de mon cou et, avec mes camarades, j’ai traversé l’eau de ce conduit qui fait environ trois quarts de mille. À l’époque, ce conduit était secret. Mais, aujourd’hui, vous pouvez l’utiliser. C’est très intéressant tout ça. Et, comme je dis, j’étais à Bethlehem la veille de Noël en 1944, je crois, et nous entamions des chants de Noël dans les champs des bergers. Alors, j’ai beaucoup aimé mon séjour au Moyen-Orient, ce fut vraiment très bien.