Le 19 février (1945), je me souviens d’un voyage en chenillette de Nimègue jusqu’au de la frontière germano hollandaise et on s’est retrouvés dans la forêt de Reichswald qui venait d’être prise par la 2ème division d’infanterie canadienne. Et c’est la date à laquelle je me suis joint pour la première fois à la troupe N°7 et le 8ème régiment de reconnaissance canadien c’était le régiment blindé de reconnaissance qui marchait généralement en tête de la 2ème division d’infanterie canadienne.
Je suis devenu à ce moment-là l’officier responsable de la troupe N°7. On avançait vers le nord parfois à l’avant du, en tant que soldats de tête de la 2ème division, parfois en suivant derrière, tout dépendait de ce que le commandant de la division attendait de nous. Et on a fait toutes sortes de reconnaissances jusqu’au 11 avril, la 2ème division était arrêtée à Beilen, BEILEN. La troupe N°7 se trouvait être à un carrefour, alors on nous a ordonné d’aller explorer sur la droite, ce que nous avons fait, et ensuite on est partis vers le nord et on a trouvé une route secondaire qui était parallèle à la route principale, que la division suivait de Nimègue à Groningen, pour libérer la Hollande.
Donc nous avons trouvé une route secondaire qui était parallèle à cette route et on a fait une avance d’une trentaine de kilomètres et vers 5 heures de l’après-midi, on a atteint le village de Westerbork, qui est au sud d’Oranje, ORANJE, le Canal. Il avait été libéré le jour précédent par un sergent de la résistance hollandaise très courageux qui s’était impliqué et quelques chars polonais et des parachutistes français qui avaient atterri là. À une heure du matin, mon chef d’escadron, le Major Goode, m’a ordonné de retourner au carrefour à Spier, qui se trouvait juste au sud de Beilen, et là-bas je devais rencontrer un soldat canadien. Alors en utilisant un véhicule léger, un chauffeur et moi-même et j’avais une lampe torche pour lire la carte, on a refait les vingt-cinq, trente kilomètres dans l’autre sens jusqu’au carrefour et il y avait un soldat canadien. J’ai demandé, êtes-vous le Capitaine Lain ? Il a dit, oui, êtes-vous Sheppard ? J’ai répondu, oui. Alors j’ai dit, bon d’accord, on a fait demi-tour et avec mon chauffeur on a repris vers le nord sur la route presque familière désormais, au nord d’après la carte et près de Zwiggelta.
Et nous sommes arrivés là-bas vers 5h30 du matin (le 12 avril 1945), le soleil commençait à se lever. Et à ce moment-là j’ai compris que j’avais eu le régiment d’infanterie du Saskatchewan sud tout entier derrière moi. Alors je suis allé mon quartier général de troupe pendant deux ou trois heures. Vers 9 heures du matin, le régiment d’infanterie avait, en se servant de leur peloton du génie, ils avaient construit un pont provisoire qui traversait le canal et comme ça à 9h30 environ, la troupe N°7 a traversé le canal, parcouru environ 800 mètres sur la gauche, trouvé une voie ferrée et a ensuite pris au nord, suivi la voie ferrée vers le nord pendant trois ou quatre kilomètres et là nous avons trouvé une enceinte, comme une enceinte militaire, entourée de fils de fer barbelé.
J’ai repéré la tour de la sentinelle, ça s’est avéré que c’était comme une sorte de camp. Il n’y avait pas de sentinelles dans les tours de contrôle, alors nous avons avancé et ensuite tourné pour entrer par la porte grande ouverte de ce camp jusqu’à une sorte de champ des manœuvres. Et il n’y avait pas âme qui vive, pas un bruit. Cinq minutes plus tard environ, les portes se sont ouvertes et tous les habitants de ce qui s’est avéré être le camp de concentration juif de Westerbork se sont répandus sur le terrain. Et ils nous ont dit que tous les allemands étaient partis la nuit précédente.
L’incident dont je me souviens le mieux, il y avait un vieillard juif qui est monté sur ma voiture blindée et tout ce qu’il voulait faire c’était de toucher ma main on aurait dit. Puis il a dégrafé de son gilet l’étoile juive « Jood », l’étoile en cuir qui avait le mot juif dessus et qu’on les obligeait à porter. Il l’a enlevée de sa veste et il a insisté pour que je l’aie.