On est arrivés en Angleterre, dans la plaine de Salisbury et les Downs de Levington en juin 1941. Le major de l’escadron m’a offert d’être son ordonnance (adjoint particulier), pour m’occuper de lui. Et ça m’a fait l’effet d’une insulte, car je sais conduire un camion, je peux faire ça. En tout cas, j’ai commencé en étant l’ordonnance, un domestique militaire, de ce major. Il est parti deux mois plus tard et un autre major a pris sa suite, Vandel Charles O’Brien, un professeur d’école secondaire (lycée) de Windsor, et il a continué. J’étais son ordonnance et on m’a donné comme véhicule de reconnaissance une berline Ford de 1941. C’est là que j’ai commencé à participer à des missions de renseignement.
J’avais la responsabilité de toutes les cartes et du marquage des cartes qu’on fait ensuite passer au chef de char ou à l’équipe qui allait entrer dans l’action. Et travaillant avec les gens, qui vont travailler avec l’infanterie et l’artillerie et je ne sais quoi encore. Les photos aériennes, je m’occupais de les interpréter dans les douze heures qui suivaient la prise de vue. Vous étiez à quatre pattes sur un plateau. Oh, j’ai aussi contribué à l’écriture du journal de guerre, tous les jours. À la fin du mois, on passait tout au commandant qui écrivait une page de couverture, mais tout le reste c’était moi.
Je me suis marié juste avant de partir outre-mer. Oui. J’avais une amie et nous nous sommes fiancés en 1940 et à la dernière minute, j’ai demandé la permission de l’épouser avant de partir outre-mer. Donc nous avons passé quatre jours ensemble, je crois. Et ensuite, je suis resté absent pendant quatre ans et cinq mois.
Donc ils ont dit, direction Malte. Alors nous avons rejoint La Valette à Malte qui est juste dans la baie, et nous y sommes restés une partie de la nuit et le lendemain matin, on a pris la mer direction Syracuse en Sicile (Italie). Tout était tranquille jusqu’à l’arrivée des avions allemands. On a réussi à décharger sans que les avions nous causent trop de problèmes et notre port était à une douzaine de kilomètres de là et ceux qui devaient faire le trajet à pied, c’était une longue marche sur une route en terre battue jusqu’à un verger (…) le port. Et l’endroit était épouvantable avec les soldats italiens et sur les collines c’était des soldats allemands. On ne voulait déranger ni les uns ni les autres.
Mais on travaillait la plupart du temps avec la 8e Armée britannique, des Australiens, des Néo-zélandais et les Gurkhas (soldats népalais se battant aux côtés des Anglais). C’était du travail sérieux, oui. Ouais, on était présents à (Monte) Cassino avec les Gurkhas et à l’aéroport d’Aquino; duquel mes gars sont revenus en brandissant leur poing et en disant, pourquoi ne nous as-tu pas dit de ce qui nous attendait là-bas. Si je vous avais prévenus, vous n’y seriez pas allés.
Et on n’a pas vu du tout les Canadiens qui étaient allés à l’endroit appelé Potenza, sur la route de Foggia, qui est une grande piste d’atterrissage que les Allemands utilisaient. Ils contrôlaient toute la Méditerranée depuis Foggia. Et l’objet de toute cette mission c’était d’arriver à Foggia, pour qu’il n’y ait plus d’avions de chasse survolant la Méditerranée.
J’ai vu des Forteresses volantes (Boeing B-17) et que sais-je encore, très haut dans le ciel, qui essayaient de rejoindre l’Afrique du Nord au sud, certains étaient endommagés, ça se voyait à la manière dont ils pilotaient, ils avaient rempli leur mission quelque part à Ploiesti en Roumanie, et alors ils essayaient d’arriver quelque part en Afrique du Nord pour atterrir. C’était assez triste, vous savez, espérant qu’ils allaient pouvoir aller jusque-là. C’est qu’ils avaient été endommagés quelque part pendant le vol, oui.