Eileen Schwenk s'est engagée dans le Service féminin de la Marine royale du Canada peu après le début de la Deuxième Guerre mondiale.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
J’avais 15 ans et demi lorsque la guerre a commencé et mon école a été évacuée. Ma scolarité s’est donc terminée à 15 ans et demi. Ma mère, mon père et mon frère s’étaient enrôlés dans la Royal Air Force. Nous étions à Hendon en Angleterre et nous avons été bombardés là-bas.
En fait, il y avait des maisons proches l’une de l’autre et une partie a été endommagée. Nous avons donc été transférés à Mill Hill (Angleterre). J’y suis retournée plus tard et la maison était toujours là. On l’avait réparée. Mais nous avions été déplacés.
À Mill Hill, il y avait un grand bâtiment, droit et à quatre côtés, qui a été transformé en caserne pour les membres du Women’s Royal Naval Service. C’est là que j’ai fait mon temps dans l’armée. Mais j’étais fâchée. Je voulais partir de la maison et la caserne était là, juste en haut de la rue. J’ai finalement été envoyée à Southampton (Hampshire, Angleterre), puis à Great Yarmouth (Norfolk, Angleterre).
Le bombardement était presque terminé quand j’ai été affectée là-bas. Plus tard, les bombes volantes (V-1) ont fait leur apparition. J’ai obtenu un mois de congé pour raisons familiales parce que ma mère avait subi une opération et avait besoin d’aide. Les bombes volantes sont redoutables. Elles émettent un bourdonnement. Là où elles s’arrêtaient, il fallait s’accroupir. On ne savait pas où aller parce qu’on ignorait où elles allaient tomber. Une nuit, elles sont tombées, toutes les fenêtres ont éclaté, les rideaux battaient au vent et la cage d’oiseau se balançait. Je me suis retrouvée étalée sur ma mère. Elle était beaucoup plus grande que moi. Quoi qu’il en soit, il y avait toujours quelque chose à réparer, mais ça n’a heureusement pas duré trop longtemps. C’était tout de même inquiétant, tant qu’on l’entendait bourdonner, ça allait, mais dès qu’elle s’arrêtait, elle tombait du ciel.
Nous avons été envoyés à Southampton, ville que j’ai adorée. La salle de bal de la ville faisait une belle salle de danse. Comme je disais, nous étions très populaires parce que nous nous occupions du courrier sur les navires et que les hommes préféraient parfois avoir du courrier plutôt que de manger. C’était génial. Nous triions le courrier. Nous le séparions entre les différents navires qui se trouvaient dans le port à ce moment-là. J’y allais dans une petite camionnette rouge, ce qui nous rendait très visibles, et nous emportions le courrier à bord des navires pour les donner à quelqu’un qui le distribuait.
Lorsque l’heure de l’invasion a approché (le jour J, 6 juin 1944, invasion de la France par les Alliés), la nuit, on pouvait entendre la circulation dans les rues, le déchargement des bateaux et le transport dans la forêt. Les États-Unis arrivaient! Ils sont restés là. C’était difficile pour eux, car ils ont dû rester environ trois jours sur les bateaux. Ils ne pouvaient pas aller en France. Ils l’ont abandonné pendant environ trois jours. C’est dommage, vous savez.
Mon mari s’est enrôlé dans la marine royale; j’ai connu mon mari à l’âge de 16 ans. Nous nous sommes rencontrés juste avant mon 16e anniversaire en fait. Nous étions sages parce que nous étions tous les deux très jeunes. Nous ne savions jamais quand nous allions nous faire attaquer. Nous avons donc conclu que nous devions profiter de la vie tant que nous le pouvions et si ça devait arriver, eh bien que ça arrive! C’est ce que nous avons fait. Il est rentré à la maison et une semaine plus tard, nous étions mariés.
Les États-Uniennes donnaient leurs robes de mariée aux WREN. Il fallait leur téléphoner ou leur écrire et donner votre taille et on vous envoyait une robe. J’avais une robe magnifique, comme on n’en a jamais vu. Je n’aurais jamais pu me la permettre! Nous avons eu notre coiffe et tout le reste. J’ai donc eu un beau mariage. Puis ma mère l’a fait nettoyer et la leur a renvoyée.