Project Mémoire

Elizabeth Burnyeat

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Elizabeth Burnyeat
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Bletchley Park en 2010.
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Le poste de travail sur lequel Elizabeth travaillait pendant la guerre était semblable à ceux qu'on voit ici.
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Les pins qu'Elizabeth a reçu pour le service rendu à Bletchley Park en tant que spécialiste de l'encodage chiffré.
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Machine de cryptage utilisée pour lire et encoder les messages pendant la guerre.
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Un certificat de mérite qui lui a été remis par le premier ministre britannique pour services rendus pendant la guerre en tant que chiffreur.
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La transcription en français n’est pas disponible en ce moment. Veuillez consulter la transcription en anglais.

Il fallait que je fasse quelque chose. Mes parents étaient actifs, donc je n’étais pas obligée de rester chez moi. Vous aviez le choix. Vous deviez faire quelque chose. Si vous étiez obliger de rester chez vous, vous alliez dans le corps féminin (Women’s Land Army) ou les munitions. Mais si vous aviez la liberté de partir, vous pouviez vous engager dans une des armées. Alors j’ai posé ma candidature, je voulais rejoindre les Wrens (Women’s Royal Naval Service). Donc j’ai tout d’abord passé un entretien à Leeds. Je suis née dans le Yorkshire alors Leeds était le bureau le plus proche. Ensuite je suis descendue à Londres, où ils ont dit, après avoir passé la visite médicale et autres, ils ont dit, vous pouvez suivre une formation de deux semaines pour savoir comment ça se passe dans la marine, et ensuite on vous donne une affectation. Alors j’étais plutôt inconnue, et on m’a fait passer un autre entretien.

À la fin des deux semaines, je suppose qu’ils ont décidé que j’avais l’esprit vif d’une manière ou d’une autre, ils ont dit, vous allez à cet endroit. Ils n’ont jamais prononcé le nom Bletchley (Park). Ils ont dit où c’était et je suis partie. Je n’arrive pas à me souvenir comment on est arrivés là-bas, si on y est allés en train ou en car. En tout cas, on habitait dans un vieux manoir de campagne dans un village qui s’appelait Newport Pagnell et on faisait le trajet tous les jours dans un vieux car bringuebalant. Or, on n’était pas tout à fait sûres de ce qu’on faisait et ce n’est que quelques jours plus tard que nous avons réalisé, que c’était de l’encodage et du décodage. Il y avait juste beaucoup de cabanes. C’était un manoir qui en fait appartenait au Duc de Bedford, et, l’ironie de la chose, il a été pendant un moment, je ne dis pas ça littéralement, soupçonné, mais beaucoup de gens se posaient des questions à son propos parce qu’il était particulièrement cordial avec Hitler apparemment.

Mais, en tout cas, nous étions dans sa maison, où on travaillait, mais on habitait à une heure de là environ. Donc nos journées étaient très longues. On travaillait huit heures par jour et on avait des cycles d’un mois, huit heures de 8 heures à 4 heures, huit heures de 4 heures à minuit, huit heures de minuit à 8 heures, et puis trois jours pour la rotation des horaires. Puis vous aviez vos quatre jours de congé à la fin de chaque mois. C’est comme ça que ça marchait. On ne savait pas ce qu’on faisait, on n’a jamais vu aucun résultat. C’était les tout premiers ordinateurs et cette médaille que j’ai représente la roulette sur l’un des ordinateurs. C’est très difficile d’expliquer ça si vous, mais ils étaient très grands et il n’y avait qu’une seule station qui avait ceux-là. Bletchley Park était rempli de gens bizarres, toutes les nationalités, toutes sortes d’uniformes, tous faisaient des choses différentes et personne ne savait ce que faisaient les autres. Le manoir principal était réservé aux repas, et quelques officiers. Tous les autres on était dans différentes cabanes qui étaient vraiment insalubres parce qu’elles étaient utilisées quasiment 24 heures sur 24 et avec les blackouts, donc il n’y avait pas beaucoup d’air frais qui circulait.

Ils ont ouvert une autre base. J’ai déménagé dans la banlieue de Londres, dans une des bases à l’extérieur à Stanmore dans le Middlesex, ce qui était vraiment à l’extérieur, ça fait encore partie de Londres en fait. C’était au bout de la ligne Bakerloo, la station de métro, alors c’était beaucoup plus amusant pour nous, on pouvait aller à Londres. On avait plein de petites échappatoires. La plupart des magasins avaient des gens sur les toits pour la surveillance et un sifflet retentissait, et vous vous baissiez derrière un comptoir. Mais, en tout cas, j’ai eu l’occasion de profiter de Londres beaucoup plus qu’auparavant, comme j’avais toujours habité dans le Yorkshire.

En réalité on, jusqu’après coup, on n’a pas eu la moindre idée de ce qu’on faisait. Je veux dire, on savait en gros, voilà ce que c’était, que c’était des messages qu’on recevait. Mais au delà de ça, on ne savait pas. On n’a jamais su ce que les autres faisaient, ou même qui étaient tous ces gens. Apparemment ce n’est qu’après la guerre que j’ai entendu le Dr Turing parler de ça, celui qui les a inventées.

Ces machines, à qui on avait donné des noms, chaque poste de travail avait environ huit machines et on leur avait donné à chacun un nom de pays ; et chose curieuse je travaillais au Canada. Chaque machine portait le nom d’une ville, alors s’il quelque chose ne tournait pas rond avec, vous disiez Winnipeg ne marche plus et ceci et cela. Ces machines avaient des rangées de trois disques qui étaient programmés et je ne m’en souviens plus maintenant, on nous donnait un menu, c’est comme ça qu’ils disaient, et on programmait chaque disque de la même manière. Et ensuite vous mettiez la machine en marche et quand elle s’arrêtait, vous notiez par écrit sur quelle lettre elle s’était arrêtée et puis ceci était passé à travers le segment suivant et vous ne saviez pas si c’était une erreur ou si c’était un message important. Mais de temps à autres, vous receviez un petit message disant, Winston (Churchill) dit que les poussins sont en train d’éclore, ou des mots de cet ordre là. Pourquoi étions-nous des Wrens et pas des poulets, je ne sais pas, mais en tout cas, on recevait ce genre de messages étranges de temps à autres quand quelque chose de très important étaient passé par là, mais on ne savait jamais ce que c’était, évidemment.