Project Mémoire

Elizabeth Helen West

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Elizabeth West
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Elizabeth et des amies en chemin vers chez elles. L'ambulance dans laquelle elles voyagaient a du s'arrêter et attendre pour un cas d'urgence.
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Elizabeth et des amis lors d'un après-midi à St John's, Terre-Neuve.
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Elizabeth dans son uniforme de l'Aviation à Ancienne Lorette au Québec. Elle se tient auprès de sa belle-sœur Irene West de son frère Randall.
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Photo des diplomés de l'Aviation Royale Canadienne, Ecole de rasio-navigants de Queen Mary Road à Montréal, Québec. Elizabeth est la 3<sup>ème </sup>à gauche sur la 2<sup>nd</sup> rangée.
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Elizabeth, son frère Alex, un ami et madame Martin à Timmins, Ontario en juin 1945.
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Si nous avions vraiment réfléchi, nous aurions très bien su qu'après deux secondes passées dans cette eau, nous aurions tous été morts. Alors quelle aurait été la différence?
La Princesse Alice, la tante du roi, était la patronne des femmes de l’armée de l’air. Et je me souviens d’un jour, on a dû attendre dehors en pleine chaleur, en uniforme des grands jours, une heure et demie avant qu’elle arrive. Elle avait été retardée par quelque chose. On était dans une position décontractée pas au garde-à-vous, mais tout le monde tombait dans les pommes de touts les côtés. Et après six semaines au dépôt des effectifs, celles d’entre nous qui allaient être dans les transmissions sans fil, et j’étais sélectionnée pour le sans fil parce qu’on m’avait envoyée dans ce qui est aujourd’hui Ryerson (université), mais à cette époque c’était l’école de radiotélégraphiste à Toronto. Et les filles étaient logées dans une école privée de jeunes filles. On descendait à pied jusqu’à Ryerson, suivait nos cours et on a fait de nous une équipe de précision, marche de précision de haut niveau. Et le sergent qui donnait les ordres, il les murmurait quand ils nous étaient destinés. Il fallait être très silencieuses et écouter attentivement tout le temps pour arriver à capter ce qu’il disait. Deux filles ont fait une dépression nerveuse pendant cette période, mais c’était censé être un très bon entrainement pour nous. Et puis de Montréal, la formation elle-même avait lieu route Queen Mary à Montréal. Et juste en face du sanctuaire en fait, juste le sanctuaire (l’Oratoire Saint Joseph). Et ce qui était drôle, au Canada, les femmes n’étaient jamais invitées chez les gens. Les garçons oui parce que j’imagine qu’ils avaient tous des filles. Pour moi, le pire dans tout ça c’est de n’avoir pas mis les pieds dans une maison pendant les deux ans et demi que j’ai passés dans l’armée de l’air. Et bien sûr, j’avais passé deux ans dans une caserne avant ça avec le programme d’entrainement aérien du Commonwealth (britannique). Et je m’étais inscrite pour partir outre-mer et on m’a confié la tâche de démonter. Je n’étais pas très emballée par ça. Je voulais vraiment aller en Angleterre, où on avait besoin de nous. Mais on m’a dit que je devais superviser un groupe de jeunes filles qui allaient partir, des filles de Terre Neuve, qui n’était jamais sorties du pays avant. Et elles avaient un accent très prononcé à l’époque. Elles n’avaient pas la télévision et il n’y avait rien pour les aider à rendre leur manière de parler plus neutre. En fait, il fallait que j’aille là-bas pour assister à un congrès syndical à Torbay (Terre Neuve) une fois, et on était logés dans un hôtel en bois, le congrès se passait au moment du réveillon du jour de l’an, tout le monde faisait la fête à ce moment-là. Et on était dans un hôtel en bois à Gander (Terre Neuve) et tout le monde chahutait et hurlait et les alarmes à incendie se déclenchaient et je pensais que c’était juste des farceurs. Mais dans un hôtel en bois, difficile à dire. Mais j’ai regardé dehors pour voir à quelle hauteur du sol se trouvait la fenêtre et j’ai pensé que j’arriverais à survivre si j’avais à sauter par la fenêtre. Mais je n’avais pas l’intention d’aller dans le hall, avec tous ces voyous ivres morts là-bas. Quand on est allés à Terre Neuve, on a embarqué sur notre bateau, c’était au mois de janvier, la tenue complète et les gilets de sauvetage sur le dos. Et ça gelait. Une tempête atroce, atroce. Et il y avait des sous-marins tout autour de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres parce que je voyais les lumières rouges éclairées et j’ai mis l’officier sur le pont au courant à propos de ces lumières rouges et il a dit : « Oh, ce sont seulement des sous-marins qui essayent nous entrainer par là-bas. » Et on a réussi à arriver là-bas, mais il a fallu qu’on prenne une route très au sud parce qu’ils nous pourchassaient. Et on a mis cinq jours pour aller d’Halifax à Saint John, Terre Neuve. Alors c’était un sacré retard. Et si on y avait vraiment réfléchi, on aurait très bien compris que passer deux minutes dans ces eaux-là, c’était la mort assurée. Alors quelle différence ça aurait fait ?