Project Mémoire

Elmer Thompson

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

M. Elmer Thompson, novembre 2011.
Je suis allé dans une des chambres à gaz et c’est un grand tronçon du couloir là dedans et c’est là qu’ils mettaient les gens et ils ouvraient le gaz. Et ils meurent tous. C’est difficile à comprendre si vous n’avez pas été sur place.
Et le colonel est sorti après qu’on soit arrivés là-haut et il dit : « Les gars, on va partir au combat très bientôt. Il dit, les vacances sont terminées. » Alors on est allés là-bas, on a atteint cette petite ville là-haut et puis finalement on est arrivés en Hollande. Bon, c’était quelque chose. La Hollande, un beau pays, mais ils ont tellement souffert, on a appris ça. Alors on a commencé à se battre, tirer, tirer. Mon principal travail là-bas c’était de faire effondrer les bâtiments. S’assurer qu’on les mette bien dedans parce que les Allemands étaient tous dans les bâtiments et ils tiraient de bas en haut et ainsi de suite. Alors je tirais plutôt bien en général. J’arrivais toujours à atteindre ma cible en tout cas. Alors finalement, on est repartis vers le nord et on s’est arrêtés à une station, un endroit où on pouvait tous se dégourdir un peu, courir et s’étirer. Et le jour suivant, deux jours plus tard, on est partis du campement, alors on est allés dans un autre, un peu plus loin et on a passé la nuit. Et tout à coup, on avait une contre-attaque sur le dos. Les Allemands s’étaient enfoncés parce qu’on dormait sous le tank. Alors on avait creusé notre trou et on était tous au lit, tout à coup, un sacré raffut, qu’est-ce qui se passe, des canons qui tirent et le tir complet. Et on s’est retournés et on est sortis et je suis sorti du côté où ils nous tiraient dessus et d’une manière ou d’une autre, je me suis glissé dans une tranchée. Et tout à coup je regarde et il y avait quelqu’un dans le coin et je n’arrivais pas à savoir qui c’était. Alors je suis allé vers lui pour le voir et c’était un Allemand qui se cachait dans la tranchée. Bon sang, j’ai dit : « Bon, ça veut dire qu’il faut que je sorte mon arme. » Le pauvre gars était pétrifié. Il était absolument pétrifié. Il pensait que j’allais le descendre, mais je ne l’ai pas fait. Alors j’ai littéralement, l’attaque s’est terminée, alors j’ai fait sortir l’Allemand de la tranchée et je l’ai amené de l’autre côté et il y avait des gens là-bas qui attendaient pour récupérer les Allemands et les amener dans un camp. Alors ils me l’ont repris. Alors je suis retourné à mon char et on n’avait pas vraiment dormi, mais vous dormiez un petit peu parce qu’il fallait repartir le lendemain matin. Alors on a continué la remontée de la Hollande et on a pris toutes les villes principales, villages, qui étaient là-bas et on s’est liés d’amitié avec tous les gens. Chaque fois qu’on descendait, les gens vous sautaient dessus, ils grimpaient sur le char ou vous sautaient dessus et comment vous appelez, vous embrassaient et oh mon Dieu. Ils étaient gentils. Alors finalement, on est arrivés tout en haut (de la Hollande) à l’endroit où ils ont une étendue d’eau en cercle et ils mettent leurs bateaux à l’eau, les bateaux de pêche et tout le reste. Et alors on a fini là et on a fait demi-tour et il fallait qu’on nettoie le char et ceci et cela. Et je ne sais pas ce qu’il s’est passé avec les chars, mais ils nous ont fait partir. Et puis il a fallu qu’on fasse tout le reste dans le coin jusqu’à ce qu’ils décident ce qu’ils allaient faire de nous, parce que la guerre tirait à sa fin (en mai 1945). Quand on est remontés jusqu’à cet endroit tellement éloigné, on avait pratiquement terminé. La Hollande avec un camp de la mort où ils gazaient les gens pour les tuer. Et on est allés là dedans, oh, c’était désespérant, il y avait des montagnes de cadavres là en plein air, absolument, ils n’avaient que la peau sur les os, c’est tout que vous pouviez voir, des squelettes et des cadavres, partis. Et on a été contents de partir de là. Mais on a regardé. Je suis allé dans une des chambres à gaz et c’est un grand tronçon du couloir là dedans et c’est là qu’ils mettaient les gens et ils ouvraient le gaz. Et ils meurent tous. C’est difficile à comprendre si vous n’avez pas été sur place.